03/01/2023
Dans Paris-la-politique, l'enfer est ici et la-politique n'est pas une soirée de gala : « Je voudrais m'en aller, me mettre à l'abri, me reposer du mouvement et du bruit, aller chez moi. Mais c'est ici que j'habite en plein carnaval. Et quand je me fais rudoyer ou insulter, je ne peux pas quitter l'endroit comme on fait un théâtre si on n'aime pas les insultes des acteurs. »
Tout geste est renversement. Or le renversement n'a pas aboli la division. Le renversement n'a pas fait révolution mais carnaval et dévore ses propres enfants. Wittig habite au carnaval. Paris-la-politique sera donc saturnale, satire.
Anne F. Garréta
Paris-la-politique et autres histoires est un ensemble daté de 1985 et publié pour la première fois aux éditions P.O.L en mai 1999.
L'une est assistante à l'école maternelle, l'autre vendeuse de tickets dans un tramway.
L'une soutient la guerre en Ukraine, l'autre s'y oppose.
Deux vies quotidiennes et deux solitudes, dans une Russie de province où tout est vrai.
Michael
Bon, restons nous-mêmes, et restons ici, mais finissons-en. Il doit bien y avoir une chanson pour ça.
Fan
Une chanson de toi, Michael, mon coeur ! Il y a une chanson de toi pour toutes les situations et pour toutes les humeurs.
Michael
Je l'ai cru longtemps, mais là, j'ai beau chercher, je ne vois pas. Une chanson qui dise à la fois la tristesse d'avoir raté sa vie et la fierté d'avoir rendu les gens heureux, ça n'existe pas.
Peut-on se quitter en s'aimant ? Peut-on s'aimer en se quittant ? Alice et Aurélien forment un jeune couple qui, comme tant de couples, ne trouve pas de réponses aux questions qu'il se pose. Une séparation dramatique les entraînera devant la justice des hommes.
Mais le problème avec la justice des hommes est simple : trop souvent, elle n'est pas humaine.
J'aurais voulu que l'on se souvienne de moi pour autre chose que ma difformité.
Si mon destin traverse le temps, c'est pourtant ce qui restera. Stop. À l'heure de trancher, une question me rend fou : qu'aurais-je fait sans elle ?
Il est quand même tard pour appeler, je me rabats sur un SMS. Je dis à Nadia que je viens d'apprendre pour Alexandre et que je suis stupéfait, c'est le mot que j'emploie, il ne convient peut-être pas très bien mais j'ai du mal à trouver une formule adaptée. S'il était mort ou s'il avait subi un accident, ça viendrait facilement. On sait comment s'adresser à l'entourage des victimes, on sait quoi dire à ceux qui vont mal, à ceux qui souffrent. Mais qu'est-ce qu'on écrit à la femme d'un assassin ?
J'ai voulu y croire, j'ai voulu rêver que le royaume de la littérature m'accueillerait comme n'importe lequel des orphelins qui y trouvent refuge, mais même à travers l'art, on ne peut pas sortir vainqueur de l'abjection. La littérature ne m'a pas sauvée. Je ne suis pas sauvée.
« Après la réalisation et la parution de vous m'avez fait chercher (2021), je pensais faire une longue pause, peut-être même ne plus jamais écrire de livre. Cependant, lorsque j'ai appris la nouvelle de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, quasi instantanément, et comme irrésistiblement, j'ai commencé d'improviser flirt avec elle, il me semblait que je devais transcrire au jour le jour l'horreur que cette guerre m'inspirait, pour repousser les limites de mon écriture. »
J'avais dix-huit ans et j'étais amoureux. Ma vie n'avait qu'un seul but : la traduire. Mais comment trouver les mots justes pour la forme de la forme de ses seins? pour le secret du secret de son sourire? pour la profondeur ineffable de son regard sombre? Je voulais la traduire comme on traduirait un poème d'une langue qu'on aime - mais qu'on ne comprend pas. Je voulais écrire sur elle - et sur elle. Je voulais décrire ses lèvres - et ses lèvres.
Je voulais, pour toujours, la tenir toute entière sur le bout de ma langue.
Malheureusement, les premiers amours, aussi éloquents soient-ils, ne sont jamais que les préludes des premières défaites.
petite bande est dans les doigts.
petite bande est la main.
petite bande c'est les morts qui nous poussent dans la main.
la main écrit dans la bouche avec la petite mort. toutes les paroles viennent mourir dedans nos écrits. petite bande c'est les langues. petites langues qui nous poussent dans l'écrit.
Je ne sais pas si je passe bien dans le paysage.
Je veux savoir.
Savoir pour mieux sentir, sentir pour mieux savoir.
Je veux être simple.
Ceux qui savent sont simples.
Paul Cézanne
Cette nouvelle édition de Cézanne, un grand vivant, est précédée d'un texte inédit de Charles Juliet, Cézanne, un chercheur d'absolu.
C'est un livre sur les voix, des voix enregistrées qui continuent d'émettre au présent, sur l'expérience de la perte et sur certaines ondes qui nous touchent.
Ce livre est la dactylographie réalisée par Jean-François Stévenin entre 1971 et 1972, onomatopéïquement et grammaticalement élaborée par l'auteur à l'écoute de sa voix enregistrée sur minicassettes, son journal de bord de chaque soir. Six cassettes relatant la préparation et le tournage de Das Unheil (Les Cloches de Silésie), le film de Peter Fleischmann, sorti en France en 1972, dont Jean-François Stévenin fut l'assistant en 1970. Ses réflexions au moment où il frappe le texte sont en italiques.
Lire les Pensées de Pascal, c'est faire l'expérience d'un désordre dont nous sommes inconsolables. Depuis le déchiffrement des papiers laissés par l'auteur et les embellissements de la première édition, jusqu'aux plus récentes tentatives d'organiser ces fragments, on a choisi de redonner ici les étapes d'une lecture aventureuse. C'est la vie même de Pascal, énigmatique elle aussi, qui apparaît alors par bribes au fil de la lecture : anecdotes, objets, lettres, rares témoignages. Dans ce fouillis prodigieux, le lecteur des Pensées reconnaît son propre trouble.
Ma punition, c'était cette case si fade et si datée dans la nouvelle terminologie de nos espèces : Assignée femme.
Il n'y a pas meilleur endroit que la campagne pour écrire des polars ruraux. C'est pour cette raison que Gabert s'exile dans la Haute-Loire pour inventer en paix les horreurs de son monde noir. Il va découvrir la vie au village, les vérités de la grosse Claudine, les désarrois de Lune, les jeux de Marsou le Preste, et la verdeur de la petite Magali. Il apprend un nouveau rythme et de nouvelles façons d'être, mais de loin, Jeune-Vieille et Paris veillent sur lui.
Un homme veut raconter sa vie.
C'est plus difficile qu'il ne le pensait.
Pourquoi la raconter¿ ? s'inquiète-t-il.
Qu'est-ce que ça peut bien nous faire ?
Une femme parle et un homme se tait.
L'Art Poetic' est un recueil de poèmes 'en série qualifiée', sorte de mise en vers de la grammaire du 'bon usage'. Olivier Cadiot s'appuie sur un système de répétition détournée du mot qui prend tour à tour toutes les formes que la syntaxe et le sens veulent bien lui donner. Et des détours par la langue latine, l'Angleterre, la musique.
Une extraordinaire aventure
Le Passaic, et les Chutes
(n - 1)
Bla-bla-bla
Invented Lives
Delenda est Carthago
Voyages anciens
La Dame du Lac
Futur, ancien, fugitif
The West of England
L'Anacoluthe
Corriere della sera
The Tempest
Pai-i-sa-ge
Davy Crockett ou Billy the Kid auront toujours du courage.
C'est le nom d'un bout de l'autoroute qui relie Paris à Saint-Pair-sur-Mer, dans la Manche, et tous mes souvenirs.
Je l'ai enfin suivie plus loin, jusqu'en Bretagne, pour y retrouver un témoin de la mort accidentelle de mon petit frère, à l'âge de deux mois : une Bretonne qui avait vingt ans lorsqu'elle a découvert Paris en 1968, s'y est fabriqué des souvenirs et cherche encore, elle aussi, la vérité sur cette mort.
Je sentais que j'avais fait quelque chose qui ne serait plus jamais à faire, quelque chose d'unique et d'interdit. Aujourd'hui, même si ce n'est pas agréable, je vais raconter cette histoire jusqu'au bout.
' Suivez cette voiture. ' Des générations de détectives ont donné cet ordre à des chauffeurs de taxi ou l'ont entendu de leurs commanditaires. Pour des sex detectives, l'exhortation serait plutôt : ' Suivez ce fantasme ', qu'on pourrait traduire aussi par ' Suivez ce fantôme ', tâche encore plus complexe.
« Rien n'est plus au secret de la matière, rien n'est plus proche de la vie profonde de la nature, rien n'est plus au coeur de la physique - que le mystère verbal. C'est dans les mots réversibles que notre langue - comme toutes les langues - en sait le plus. Passage, renouveau, mutation, retour, renaissance, métamorphose, naissent d'un faux pas, d'une chute, d'une inversion, passent par la perte de l'équilibre. C'est traversée par le déséquilibre - et comme passant par un pont vide - comme prise en faute, touchant sa limite - que la pensée reprend son élan, dans les rosaces, les rondes et les litanies du drame de la vie. Livre d'un terrassier. De la difficulté d'en sortir indemne, sauf à partir soudain à la recherche du roman perdu. » (V. N.)
Valère Novarina a conçu ce qu'il appelle un « roman nominaire ». Un grand texte d'appel, de convocation, dans lequel les noms se succèdent, s'interpellent, s'interrogent, se déclinent, s'inventent et se racontent. Noms humains ou déshumains, différentes nominations de Dieu, des espèces, du vivant. Véritable tour de force poétique, la seule litanie des noms crée un univers romanesque et théâtralisé. Où « L'Infini Romancier » concurrence « Le Coureur de Hop », et converse avec « La Femme Octocéphale ». Le texte révèle l'obsession au coeur de cette machine dramatique : « examiner toutes les langues de près, sans en croire un seul mot, regarder chaque passage, les interroger comme des tables de multiplication venues mettre au jour la lettre de trop embusquée dans l'alphabet de je suis. »
Le texte est accompagné d'une série de 635 dessins de Valère Novarina.