Colette - "C'est mon corps qui pense. [...] Toute ma peau a une âme."
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Point de Claudine dans ce recueil de souvenirs. Et la maison est bien celle de Sido, la mère que Colette évoque dans ces pages pour la première fois et qu'elle désigne sous le vocable « ma mère », n'osant pas encore la nommer.La maison où règne la mère, le village où elle exerce son emprise, l'univers de la petite Colette tient en ces lieux : « la maison sonore, sèche, craquante comme un pain chaud ; le village... Au-delà, tout est danger, tout est solitude ».
« Les souvenirs d'enfance sont toujours difficiles à définir et à décrire. [...] Qu'y a-t-il au fond des plus beaux de tous, qui sont ceux de Mme Colette ? Vraiment rien. [...] nulle part d'événements, seulement un mot, une attitude, une situation, qui sont demeurés dans l'esprit de l'adulte comme symboles de son enfance.
Ils devraient ne rien signifier pour nous, ne nous intéresser aucunement. Par la magie d'un art incomparable, ces souvenirs deviennent les nôtres ». (Robert Brasillach)
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La Maison de Claudine
Colette
- Des femmes-antoinette fouque
- La Bibliothèque des voix
- 7 Septembre 2020
- 3328140022322
Sélection parmi le recueil de nouvelles « La Maison de Claudine » paru en 1922, le CD ouvre sur « Ma mère et les bêtes » lu par Colette elle-même en 1947. Sa voix aux couleurs de sa terre et ses voluptueux r roulés ensoleillent les oreilles. Puis la chaleureuse Anny Duperey prend sa suite avec panache pour nous lire comme autant de contes « La Petite », « La Noce », « Où sont les enfants ? », « Maternité », « Le Rire » et « La Noisette creuse ».
« Que tout était féerique et simple, parmi cette faune de la maison natale... Vous ne pensiez pas qu'un chat mangeât des fraises? Mais je sais bien, pour l'avoir vu tant de fois, que ce Satan noir, Babou, interminable et sinueux comme une anguille, choisissait en gourmet, dans le potager de Mme Pomié, les plus mûres des "caprons blancs" et des "belles-de-juin". C'est le même qui respirait, poétique, absorbé, des violettes épanouies. » C. -
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Colette. Deux adolescents de 15 et 16 ans, Vinca et Phil, amis depuis toujours, s'éveillent à l'amour et à la sexualité durant leurs vacances d'été sur la côte bretonne. Phil est séduit, initié puis abandonné par une femme beaucoup plus âgée que lui. Vinca, qui devine tout, tente de le reconquérir. Elle l'épie, le suit, l'attend, puis se donne à lui. Sur fond d'aquarelle où la mer, le ciel, le soleil, les vagues fluctuent au gré des passions adolescentes, les deux jeunes gens s'aiment, se désirent, s'exaspèrent, se trahissent et se querellent. Le paradis de l'enfance a laissé place aux tourments de l'amour et les vacances s'achèvent sur un adieu amer et nostalgique à l'insouciance. À travers ces deux beaux portraits d'adolescents et sa prose poétique aussi délicate qu'imagée, l'auteur de Claudine à l'école, qui s'est inspirée en partie de sa liaison avec son propre beau-fils, excelle ici à évoquer le douloureux passage de l'enfance à l'âge adulte. Lors de sa sortie en 1923, et encore plus tard en 1954 lors de la sortie du flm réalisé par Claude Autant-Lara, Le blé en herbe ne manqua pas de scandaliser le public bien-pensant en raison de son audace subversive.
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Du même auteur chez Fayard:Julie de Carneilhan, romanMitsou, romanChambre d'hôtel, nouvellesLe képi, nouvellesLa paix chez les bêtesLes heures longues, 1914-1917Journal à rebours
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"Il y a un mois environ que je suis à Casamène, - un mois que Renaud gèle, là-haut, tout en haut de l'Engadine. Ce n'est pas du chagrin que j'endure, c'est une espèce de manque, d'amputation, un malaise physique si peu définissable que je le confonds avec la faim, la soif, la migraine ou la fatigue. Cela se traduit par des crises courtes, des bâillements d'inanition, un écoeurement malveillant.
Mon pauvre beau ! Il ne voulait rien me dire, d'abord : il cachait sa neurasthénie de Parisien surmené. Il s'était mis à croire aux vins de coca, aux pepto-fers, à toutes les pepsines, et un jour il s'est évanoui sur mon coeur... Il était trop tard pour parler de campagne, de régime doux, de petit voyage : tout de suite, j'ai deviné, sur des lèvres réticentes du médecin, le mot de sanatorium..." -
Dans sa première version, le volume était intitulé Ces plaisirs
Une citation précisait le sens des points de suspension : « ces plaisirs qu?on nomme, à la légère, physiques
» où les virgules mettaient en valeur l?expression « à la légère ».
Loin de toute théorie, ce dont elle s?est toujours bien gardée, Colette évoque les différentes formes du plaisir, qu?elle a parfois expérimentées, le plus souvent observées.
Ce récit, comme elle qualifie le volume, touche aux sujets les plus périlleux : la tentation des paradis artificiels, la simulation du plaisir par la femme pour rassurer son amant, les « travaux forcés » auxquels ses amantes soumettent un don Juan, l?homosexualité vue de Sodome puis de Gomorrhe
On ne trouvera pas la moindre trivialité, aucune complaisance, ni, à l?opposé, le plus petit soupçon de condescendance, pas même un jugement de valeur dans ces pages, seulement une chaleur, une attention, une sensibilité, une délicatesse, comme seule Colette, qui sut toujours se tenir hors des préjugés dans ces domaines, pouvait en manifester. -
Le Pur et l'Impur
Colette
- Des femmes-antoinette fouque
- La Bibliothèque des voix
- 29 Novembre 2017
- 3328140022346
« Je trouvai aimables la couleur sourde et rouge des lumières voilées, la blanche flamme en amande des lampes à opium, l'une toute proche de moi, les deux autres perdues comme des follets, au loin, dans une sorte d'alcôve ménagée sous la galerie à balustres. Une jeune tête se pencha au-dessus de cette balustrade, reçut le rayon rouge des lanternes suspendues, une manche blanche flotta et disparut avant que je pusse deviner si la tête, les cheveux dorés collés comme des cheveux de noyée, le bras vêtu de soie blanche appartenaient à une femme ou à un homme. » C.
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En « vingt arrondissements et deux rives de fleuve », Colette a cherché à retrouver à Paris sa province perdue. Jusqu'à découvrir le Palais-Royal. D'abord entre 1926 et 1930, dans son « tunnel », un sombre entresol aux fenêtres en demi-lune ; puis, de 1938 à sa mort en 1954, dans la « seigneurie retrouvée », un premier étage dont les hautes baies donnent directement sur le jardin. « Ma Province de Paris » écrit Colette à propos de cette enclave de verdure en plein coeur de la capitale. Un village en somme avec ses autochtones, ses habitants anonymes ou illustres (Cocteau, Bérard, Bove etc.), ses lieux de rencontres, ses boutiques et ses restaurants (le Grand Véfour).
L'écrivaine observe le monde depuis ses appartements et chronique la vie quotidienne des parisiens. Elle restitue avec un émerveillement sans cesse renouvelé, le spectacle de la vie, reconstituant sous nos yeux de lecteur le Paris du XXe siècle. -
Du même auteur chez Fayard:Chéri, romanJulie de Carneilhan, romanChambre d'hôtel, nouvellesLe képi, nouvellesLa paix chez les bêtesLes heures longues, 1914-1917Journal à rebours
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" C'est folie de croire que les périodes vides d'amour sont les " blancs " d'une existence de femme. Bien au contraire. Que demeure-t-il, à le raconter, d'un attachement passionné? L'amour parfait se raconte en trois lignes: Il m'aima, je L'aima, Sa présence supprima toutes les autres présences; nous fûmes heureux, puis Il cessa de m'aimer et je souffris... " Honnêtement, le reste est éloquence, ou verbiage. L'amour parti, vient une bonace qui ressuscite des amis, des passants, autant d'épisodes qu'en comporte un songe bien peuplé, des sentiments normaux comme la peur, la gaieté, l'ennui, la conscience du temps et de sa fuite. Ces " blancs " qui se chargèrent de me fournir l'anecdote, les personnages émus, égarés, illisibles ou simples qui me saisissaient par la manche, me prenaient à témoin puis me laissaient aller, je ne savais pas, autrefois, que j'aurais dû justement les compter pour intermèdes plus romanesques que le drame intime. Je ne finirai pas ma tâche d'écrivain sans essayer, comme je veux le faire ici, de les tirer d'une ombre où les relégua l'impudique devoir de parler de l'amour en mon nom personnel. ".
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TOBY-CHIEN : Elle me saisit par la peau du dos, comme une petite valise carrée, et de froides injures tombèrent sur ma tête innocente : "Mal élevé. Chien hystérique. Saucisson larmoyeur. Crapaud à coeur de veau. Phoque obtus..."
Tu sais le reste. Tu as entendu la porte, le tisonnier qu'elle a jeté dans la corbeille à papier, et le seau à charbon qui a roulé béant, et tout...
KIKI-LA-DOUCETTE : J'ai entendu. J'ai même entendu, ô Chien, ce qui n'est pas parvenu à ton entendement de bull simplet. Elle et moi, nous dédaignons le plus souvent de nous expliquer.
"Une dame qui chante avec la voix d'un pur ruisseau français la triste tendresse qui fait battre si vite le coeur des bêtes."
Francis Jammes
Dialogues présents dans ce recueil :
Sentimentalités.
Le voyage.
Le dîner est en retard.
Elle est malade.
Le premier feu.
L'orage.
Une visite.
Celle qui en revient.
Les bêtes et la tortue.
Préface de Francis Jammes -
Dialogues de bêtes
Colette
- Des femmes-antoinette fouque
- La Bibliothèque des voix
- 29 Novembre 2017
- 3328140022315
« À la campagne l'été. Elle somnole, sur une chaise longue de rotin. Ses deux amis, Toby- Chien le bull, Kiki-la-Doucette l'angora, jonchent le sable. [...] Kiki-la-doucette : Tu crois qu'elle dort ? Elle cueille en ce moment, au potager, la fraise blanche qui sent la fourmi écrasée. Elle respire sous la tonnelle de roses l'odeur orientale et comestible de mille roses vineuses, mûres en un seul jour de soleil. Ainsi immobile et les yeux clos, elle habite chaque pelouse, chaque arbre, chaque fleur. [...] C'est pourquoi tu la vois si sage et les yeux clos, car ses mains pendantes, qui semblent vides, possèdent et égrènent tous les instants d'or de ce beau jour lent et pur. » C.
« Dialogues de bêtes » est le premier livre que Colette signe de son seul nom. Elle a alors 31 ans et s'apprête à prendre son indépendance. Ni roman ni pièce de théâtre, « Dialogues de bêtes » est une conversation entre le chien et le chat de la maison, Toby-Chien et Kiki-la-Doucette, qui partagent la vie d'un couple d'humains, qualifiés de « deux-pattes » et de « seigneurs de moindre importance ».
Sur un ton piquant et poétique, Colette dresse un portrait sans concession du couple qu'elle forme avec Willy, qu'elle s'apprête à quitter. -
"C'est presque sans hésiter que l'on peut transposer dans cette lecture l'expérience des milieux du théâtre comme du Music Hall de Colette. Toby-Chien passerait pour un de ces personnages qui hantent les coulisses toujours en quête d'une émotion, d'un regard, et Kiki-la-Doucette, en vedette incontestée, fait souffrir de son mieux son admirateur le plus fervent, quitte à le perdre... De plus la forme de l'écriture même choisie par Colette, en forme de dialogue, avec toutes les didascalies qui forment à la fois le fond de l'intrigue et en plantent les décors, invite à entendre, bien plus qu'à lire parfois."
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" J'ai rédigé la critique dramatique à L'Eclair, à La Revue de Paris, au Matin, au Journal, au Petit Parisien. Pour y avoir mis de la conscience personnelle, de l'amusement et même de l'intérêt, j'ai souvent cru que j'avais un tempérament de critique _ de critique indulgent s'entend." Le devoir d'affirmer une opinion gâte nombre de nos joies. Chaque fois qu'il quitte une première représentation, le critique théâtral emporte avec lui de quoi assombrir le plaisir d'avoir été un auditeur sensible, épanoui et irresponsable. Du moins Paris lui conserve le respect du bon comédien, l'admiration que méritent ensemble quelques auteurs dramatiques et les élans de génie d'un metteur en scène." Une petite jumelle de théâtre, lucide au point d'être un peu cruelle, m'éclairait la physionomie des acteurs, la beauté des actrices, suppléait à mes mauvais yeux. J'en tirais bien de l'agrément, de la commodité et même de la malice. Un jour que je l'avais posée, un court instant, sur la tablette d'un vestiaire, une main coupable _ qu'elle fut donc adroite! _ se saisit de ma lorgnette et l'emporta." L'un des contes d'Hoffmann _ Coppélia _ met, aux mains d'un jeune homme épris, un lorgnon magique qui rapproche, anime les traits de l'objet aimé. Sans ma jumelle noire, ai-je craint, depuis, de manquer de clairvoyance? Plutôt de malice... "COLETTE
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L'Ingénue libertine
Colette
- Albin michel
- Bibliothèque Albin Michel Michel poche
- 7 Mai 1991
- 9782226343543
En jupon de nanzouk blanc, en corset brassière de coutil blanc, Minne se regarde dans la glace : « Casque-de-Cuivre ! Des cheveux rouges, c'est beau ! Les miens sont trop pâles... Je sais comment elles se coiffent... » À deux mains, elle relève ses cheveux de soie, les roule et les épingle en coque hardie, très haut, presque sur le front. Dans un placard elle prend son tablier rose du matin, celui qui a des poches en forme de cur. Puis elle interroge la glace, le menton levé... Non, lensemble reste fade. Quest-ce qui manque donc ? Un ruban rouge dans les cheveux. Là ! Un autre au cou, noué de côté. Et, les mains dans les poches du talier,ses coudes maigriots en dehors, Minne, charmante et gauche, se sourit et constate : « Je suis sinistre. »
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Renée Néré, double transparent de Colette, confie ses souffrances et son courage, sa passion pour son jeu de mime, de danseuse et de comédienne, quelle exécute avec un sens aigu de sa beauté, de son extraordinaire pouvoir de fascination et de sa supériorité de femme. Colette, libérée de la contrainte de Willy, réapprend à vivre et retrouve les fils qui tissent son identité : ceux qui la ramènent à lenfant de Saint-Sauveur avec ses « royales tresses et sa silencieuse humeur de nymphe des bois », ceux qui la rendent aux « merveilles de la terre » et à la féerie du printemps, ceux qui la conduisent jusquaux rives de la solitude et de la liberté. Les pages de La Vagabonde, qui voient se fermer les chemins de la soumission et souvrir ceux de la liberté, portent le signe de la première métamorphose de Colette et chantent sa « première victoire ». uvre de la maturité, paraissant lorsque Colette a trente-sept ans et quelle est essentiellement connue comme l'écrivain des Claudine, La Vagabonde rompt avec ce que ses premiers livres avaient pu contenir de frivolité, dimmoralité ou damoralité.
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La Vagabonde
Colette
- Des femmes-antoinette fouque
- La Bibliothèque des voix
- 27 Février 2020
- 3328140024012
À bien des égards, Renée, l'impétueuse narratrice de "La Vagabonde", se pose comme le double de Colette qui signe ici son roman le plus personnel. Comme elle, sa jumelle littéraire est divorcée, actrice de music-hall, écrivaine et surtout farouchement indépendante. Elle se laisse pourtant toucher par Max, un homme beau, brillant et riche : une intrigue simplissime dont Colette a l'audace de prendre le contre-pied pour mieux interroger l'indépendance, le courage et la liberté des femmes et réaffirmer leur force. Un roman profondément optimiste, provocante ode à la solitude, d'une remarquable intelligence.
« Le hasard, mon ami et mon maître, daignera bien encore une fois m'envoyer les génies de son désordonné royaume. Je n'ai plus foi qu'en lui, et en moi. En lui, surtout, qui me repêche lorsque je sombre, et me saisit, et me secoue, à la manière d'un chien sauveteur dont la dent, chaque fois, perce un peu ma peau... Si bien que je n'attends plus, à chaque désespoir, ma fin, mais bien l'aventure, le petit miracle banal qui renoue, chaînon étincelant, le collier de mes jours. » C.
Ce livre audio a remporté un Coup de coeur 2020 de l'Académie Charles Cros. -
Dans son dernier roman, Colette revenait aux portraits de jeunes filles innocentes autant que rouées, malignes autant que pures. Et Gigi, son ultime personnage, en se retournant, pouvait saluer Claudine qui l?avait précédée quarante ans plus tôt dans cette voie. Le théâtre puis le cinéma s?emparèrent du sujet et firent connaître la jeune héroïne dans le monde entier. L?ampleur du succès surprit Colette elle-même : « Force m?est de reconnaître qu?avec Gigi j?ai dû, comme disent les dentistes, «toucher un nerf». »
La nouvelle, qui donne son titre au recueil, ne doit pas occulter les textes qui la suivent et qui touchent à des domaines très différents - « L?enfant malade » décrit le délire d?un jeune garçon en proie à une fièvre qui le mène jusqu?aux portes de la mort, « La dame du photographe » raconte, avec un art de la narration achevé, une tentative de suicide manqué, « Flore et Pomone » est un poème en prose sur les jardins, et « Noces », une évocation autobiographique du premier mariage de l?écrivain : ils ne lui sont en rien inférieurs. -
Au tournant du XXe siècle, on laisse de plus en plus à la jeune fille la liberté de choisir son mari ; une place est faite à ses préférences et plus encore à ses inclinations : on lui permet d'aimer, quitte à contredire les us et coutumes qui mettent l'amour après le mariage - la femme n'attend plus d'être mariée, d'avoir acquis une identité sociale par sa dot, pour éprouver des sentiments. D'où l'insistance de Gigi : être aimée comme elle aime ; échapper au conventionnel d'une vie mondaine où elle sera traitée en conquête de l'homme, faire-valoir négligeable de la masculinité qui l'entretient.
Pourquoi Colette évoque-t-elle cette révolution des moeurs à presque un demi-siècle de distance ? Que cherche-t-elle à revivre ? Son mariage avec Willy comme celui avec Henry de Jouvenel lui font encore mal. Gigi n'est peut-être pas l'ingénue qu'on croit. Pour Colette, c'est "l'attardée" - titre qu'elle donna tout d'abord à ce court roman. Gigi, en effet, fait moins triompher l'amour sur le mariage qu'elle ne s'illusionne sur lui.
Habituée aux rôles d'ingénue au cinéma, Danièle Delorme incarne Gigi en 1948 dans un film de Jacqueline Audry ; elle prête ici sa voix à la radio et retrouve le caractère dialogué et spontané de l'écriture de Colette. -
Publié en 1916, ce recueil doit son titre à la période où il parut - la très grande majorité des textes qu'il réunit datent cependant d'avant la Grande Guerre. II n'est pas impossible cependant que l'intitulé traduise aussi une conviction plus profonde, plus intime de Colette : le monde des «deux-pattes » (les humains) est un monde cruel, oserait-on dire inhumain, tandis que les animaux n'aspirent qu'à vivre en harmonie avec ceux qui les comprennent, telles les deux couleuvres, « pauvres sauvagesses, arrachées [...] à leur rive d'étang» par le mercantilisme ; et Colette de plaindre « en elles, encore une fois, la sagesse misérable des bêtes sauvages, qui se résignent à la captivité, mais sans jamais perdre l'espoir de redevenir libres ».
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Du même auteur chez Fayard:Chéri, romanJulie de Carneilhan, romanMitsou, romanLe képi, nouvellesLa paix chez les bêtesLes heures longues, 1914-1917Journal à rebours
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Colette. Roman de la jalousie tout en subtiles nuances et fines observations, "La Chatte" de Colette relate la passion amoureuse d'un jeune marié pour son animal de compagnie, une fascinante chatte des Chartreux. Son épouse délaissée nourrit bientôt une haine viscérale pour cette redoutable rivale installée au coeur du foyer conjugal. "Rarement Mme Colette a été mieux inspirée que dans 'La Chatte'. Il faut, en effet, pour faire un beau livre, non seulement un grand talent, mais l'union de ce talent avec un sujet qui lui permette l'épanouissement de ses meilleures qualités... Quand cette union est naturelle, intime, et qu'elle obéit à une sorte de fatalité inéluctable, le chef-d'oeuvre est bien près de naître: c'est le cas de 'La Chatte'." (Edmond Jaloux).
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Colette entreprend dans Les Vrilles de la vigne de réunir en volume quelques-uns des textes qu?elle vient de publier dans les journaux.Un conte merveilleux ouvre le recueil, l?histoire du rossignol qui résolut de chanter toutes les nuits pour se tenir éveillé et ne pas se laisser ligoter par les vrilles de la vigne. Suivent trois poèmes en prose. Puis une série de textes où Colette voile à peine l?autobiographie : c?est en effet entre 1905 et 1908 que le couple qu?elle forme avec Willy se défait, qu?elle monte sur scène, qu?elle vit en partie avec Mathilde de Morny, dite Missy. De fait, Colette revendique sa liberté reconquise : « Je veux faire ce que je veux. Je veux jouer la pantomime, même la comédie. Je veux danser nue, si le maillot me gêne et humilie ma plastique. [
] Je veux chérir qui m?aime et lui donner tout ce qui est à moi dans le monde : mon corps rebelle au partage, mon coeur si doux et ma liberté ! » Ces lignes datent de
1907. -
Ces lettres, introuvables par ailleurs, constituent une série de portraits et de souvenirs de l'auteur, ainsi qu'une correspondance fournie entre elle et Musidora. En 2011, l'Herne avait consacré à la femme écrivain un copieux Cahier qui creusait la singularité et la modernité de l'oeuvre de Colette, bâtie à l'écart des grands mouvements littéraires et idéologiques de la première moitié du XXe siècle. La même année était paru J'aime être gourmande (coll. Carnets), quelques pages écrites par l'auteur lorsqu'elle était journaliste au magazine Marie-Claire et dans lesquelles elle donne sa définition d'un « vrai gourmet ». Avec cette série de textes à paraître, les Éditions de l'Herne continuent de révéler d'autres facettes de l'écrivaine éprise de liberté, tout en véhiculant une image moderne de sa pensée et son oeuvre.