Carol Gilligan est l'auteur d'un livre capital, célébré dans le monde entier : Une voix différente, qui a forgé l'éthique du care, centrale aujourd'hui dans les réflexions sur le féminisme et la démocratie. Son nouveau livre, Pourquoi le patriarcat ?, avance une hypothèse psychologique nouvelle sur la persistance du patriarcat. S'il perdure, c'est non seulement parce que les personnes en position de pouvoir sont réticentes à renoncer à leurs privilèges, mais aussi parce qu'il sert une fonction psychologique. Dans la mesure où il requiert le sacrifice de l'amour au nom de la hiérarchie (songeons à Abraham qui se soumet à l'ordre divin en tuant son fils Isaac), le patriarcat s'érige en rempart contre la vulnérabilité associée au fait d'aimer. Par là même, il se dresse en bouclier contre la perte. La simple prise de conscience que c'est notre capacité à communiquer nos sentiments personnels et à capter ceux des autres qui menace les structures hiérarchiques change entièrement la donne.
Une thèse forte, et un combat résolument actuel.
Since the publication of her landmark book In a Different Voice, Carol Gilligan has transformed the way we think about women and men and the relations between them. It was `the little book that started a revolution', and with more than 800,000 copies in print it has become one of the most widely read and influential books ever written on gender and human development. In her new book Joining the Resistance Carol Gilligan reflects on the evolution of her thinking and shows how her key ideas were interwoven with her own life experiences. Her work began with the question of voice: who is speaking to whom, in what body, telling what stories about which relationships? By listening carefully she heard a voice that had been held in silence, and in the process realized the extent to which we - both women and men - had been telling false stories about ourselves. In her subsequent work Gilligan found that adolescent girls resisted pressures to disengage themselves from their honest voices, and by joining their resistance she opened the way for the development of a more humane way of thinking about personal and political relationships. For the central conviction of her work today - and the central thesis of this book - is that the requisites for love and the requisites for citizenship in a democratic society are one and the same. Both voice and the desire to live in relationships inherent in our human nature, together with the capacity to resist false authority. Combining autobiographical reflection with an analysis of key questions about gender and human development, this timely and highly readable book by one of America's greatest contemporary thinkers will appeal to a wide readership.
Qu'est-ce que le patriarcat ? Une forme d'organisation sociale et juridique fondée sur la détention de l'autorité par les hommes. Pourquoi perdure-t-il dans nos sociétés dites « libérées » ?
Après avoir interrogé un panel de jeunes hommes et de jeunes femmes, Carol Gilligan et Naomi Snider avancent une hypothèse psychologique nouvelle sur la persistance du patriarcat : s'il perdure, c'est non seulement parce que les personnes en position de pouvoir sont réticentes à renoncer à leurs privilèges, mais aussi parce qu'il sert une fonction psychologique. Dans la mesure où il requiert le sacrifice de l'amour au nom de la hiérarchie, le patriarcat s'érige en rempart contre la vulnérabilité associée au fait d'aimer.
La simple prise de conscience que c'est notre capacité à communiquer nos sentiments personnels et à capter ceux des autres qui menace les structures hiérarchiques change entièrement la donne.
Une thèse forte et un combat résolument actuel.
The election of an unabashedly patriarchal man as US President was a shock for many—despite decades of activism on gender inequalities and equal rights, how could it come to this? What is it about patriarchy that seems to make it so resilient and resistant to change? Undoubtedly it endures in part because some people benefit from the unequal advantages it confers. But is that enough to explain its stubborn persistence?
In this highly original and persuasively argued book, Carol Gilligan and Naomi Snider put forward a different view: they argue that patriarchy persists because it serves a psychological function. By requiring us to sacrifice love for the sake of hierarchy, patriarchy protects us from the vulnerability of loving and becomes a defense against loss. Uncovering the powerful psychological mechanisms that underpin patriarchy, the authors show how forces beyond our awareness may be driving a politics that otherwise seems inexplicable.
Destins à tous vents
La roue tourne... Nouvelle rentrée, nouveaux horizons. Heureusement, il reste tant à explorer ! Les terres de L'Amérique fantôme en premier lieu : celles des trappeurs et autres aventuriers francophones qui façonnèrent, au côté des Amérindiens des XVIe au XIXe siècles, un continent métissé bien éloigné de l'imaginaire manichéen des westerns. Celle des passionnantes Routes de la soie de l'historien Peter Frankopan, à paraître cet automne en « Champs ». Si vous ne l'avez lue déjà, vous ne manquerez pas cette « autre » histoire qui, des premiers temps de la christianisation à la guerre en Irak, en passant par l'expansion de l'islam, redonne aux pays qui bordent le trajet commercial de la soie leur place névralgique dans le destin du monde. Et, place quand même à l'Europe ! Renouant avec les histoires naturelles de Pline à Linné, le paléontologue Tim Flannery nous détaille la genèse de notre Supercontinent, ce carrefour de l'évolution, qui a fait d'un territoire ouvert à tous vents l'asile d'une exceptionnelle diversité du vivant. Le vivant, justement, l'historien Dan Jones et l'artiste Marina Amaral l'insufflent à quelque deux cents clichés d'archives qui, une fois colorisés, constituent une histoire aussi spectaculaire qu'inattendue des années 1850 à 1960. C'est, ici, la guerre de Crimée, là, l'ère de la vapeur, plus loin, la conquête spatiale. De l'âge des empires à celle des superpuissances, se déploie une scène où dansent titans et tyrans, meurtriers et martyrs, inventeurs et destructeurs.
Pareillement, les images sont au coeur de Parking Péguy, cet objet littéraire non identifié. Ils se sont mis à deux, la plume (l'essayiste Charles Coustille) et l'oeil (le photographe Léo Lepage), pour nous faire rencontrer, grâce aux traces qu'il a laissées sur le territoire de France, un des plus grands écrivains de son temps. Charles Péguy, fauché dans les premiers jours de 14-18, a légué son nom à 427 rues, avenues, écoles. Et si ces lieux nous permettaient d'écouter enfin ce que ce prophète avait à nous dire ?
Lisons encore, lisons toujours ! Il se pourrait même que cela nous rende heureux...
SOPHIE BERLIN
Directrice des sciences humaines