Paradoxe fondateur : dès l'origine, l'invention des frères Lumière manifeste ses pouvoirs de rencontre et de compréhension entre des êtres différents, partout dans le monde, et mobilise dans le même temps des rapports d'exclusion et de domination, sous le signe des inégalités sociales, du racisme et du machisme. Plus d'un siècle après, ces puissances de rencontre et de découverte comme ces enjeux de discrimination et d'oppression se sont reconfigurés et ont été activés aussi dans de nombreux autres domaines. La question du rapport au divers est plus que jamais au cœur des pratiques et des effets du cinéma.
Le divers désigne la multiplicité des formes d'existence à la surface de la terre et la multiplicité des rapports entre elles. Ce livre met en évidence les manifestations de cette diversité et leurs conséquences, en s'appuyant sur de nombreux films, célèbres ou à découvrir. Il montre comment ces films, leurs histoires, leurs choix de mise en scène, les techniques qu'ils mobilisent, leurs conditions de production et de diffusion transforment nos manières de regarder, de sentir, de comprendre. Le cinéma influence les comportements, individuels et collectifs, dans la vie quotidienne mais aussi dans le domaine des politiques publiques, dans les médias, dans les dispositifs législatifs et réglementaires. Volontairement ou non, il contribue à une façon d'habiter, réellement et imaginairement, le monde avec tous ceux qui le peuplent, humains et non-humains.
Hollywood est-il en passe d'imposer au monde entier ses images et ses récits ? Ou bien au contraire, le refus de cette mondialisation des imaginaires mène-t-il à des replis identitaires lourds de haines archaïques et de nouveaux conflits ? L'histoire commune du cinéma et des nations depuis cent ans aide à mieux poser ces questions, et à entrevoir des réponses. Parce que les peuples ont, comme les individus, besoin de rêver pour ne pas devenir fous. Parce qu'au XXe siècle leurs rêves collectifs auront été les films. John Wayne et le citoyen Kane, Alexandre Nevski ou Mabuse sont des héros politiques de notre époque. Entre le raz de marée industriel de Titanic et les « nouvelles vagues », toujours recommencées, de Rossellini à Kiarostami, de Godard à Wong Karwai ou à Egoyan, se déroule une partie où le pouvoir et les songes des hommes sont en jeu. Refusant la solitude de l'internaute et la globalisation de la planète, l'interrogation l'un par l'autre du cinéma et de la nation aide à refuser de s'incliner d'emblée devant la toute-puissance des techniques et de la marchandise. Critique et journaliste au Monde, Jean-Michel Frodon est notamment l'auteur de L'Âge moderne du cinéma français.
En septembre 2010, à l'initiative de Bruno Latour débutait dans une salle de Sciences Po une étrange et heureuse expérience, qui ne s'est jamais arrêtée depuis. Une aventure pédagogique singulière prenait son élan, résultat d'une réflexion au croisement des sciences sociales, de la politique et des arts. Ce livre raconte l'évolution de l'École des arts politiques (aussitôt surnommée SPEAP), qui a largement participé à l'éclosion d'un riche débat intellectuel, français et international, autour du nouveau régime climatique compris non comme un « sujet » parmi d'autres mais comme l'occasion de réinterroger l'ensemble des manières de voir, de penser et d'agir.
À l'origine de ce livre ambitieux et personnel, il y a d'abord la rencontre, puis le dialogue jamais interrompu entre le critique Jean-Michel Frodon et le cinéaste Olivier Assayas. Au-delà de leurs conversations, le résultat est une passionnante autobiographie artistique, autant le destin d'un cinéaste à part qu'une réfl exion sans complaisance sur son métier, une plongée au coeur même de la machine à faire du cinéma. Une ronde entre producteurs, actrices, acteurs, glamour et misères, fi nancements et déboires, diffi cultés et victoires, des débuts jusqu'aux Destinées sentimentales, cette adaptation à grand spectacle du roman de Jacques Chardonne qui fera connaître Olivier Assayas du public.
Né d'une mère aristocrate hongroise déracinée et d'un père juif milanais, scénariste, Olivier Assayas fut d'abord cet adolescent passionné de peinture et de musique, élevé à la campagne parmi les livres, avant de devenir le cinéaste des villes et des révolutions, des solitudes et des jeunes femmes. Essayiste et auteur de films, il est au coeur d'un métissage d'infl uences, d'un tumulte d'époques dont son cinéma rend compte, comme s'il écrivait à la première personne le parcours d'une génération.
De Mai 68 à une société sans rêves, de la vieille Europe à Hongkong, ce livre-somme intime et ouvert au monde est aussi la marque d'une curiosité intense pour nos vies hâtives.
Paris, la ville du cinéma.
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Les étrangers le savent mieux que les Français: Paris offre une quantité, une diversité et une qualité d'accès au cinéma sans égal dans le monde. Dans cette ville, le septième art possède un statut particulier, il y est plus vénéré que partout ailleurs.
C'est dans les salles obscures qu'a lieu la véritable rencontre entre les spectateurs et les films. Paris, qui compte près de 90 cinémas et 400 écrans, est une terre d'accueil pour la diffusion d'œuvres originales, comme en témoignent les réalisateurs du monde entier qui ont souhaité apporté de courtes contributions à cet ouvrage. De nombreux cinémas parisiens ont disparu au fil des ans, mais d'autres ont ouvert tandis que la multiplication des lieux où sont projetés des films, à commencer par les grandes institutions que sont la Cinémathèque française, le Forum des images et le Centre Pompidou, sont le reflet de la vitalité du cinéma à Paris.
Histoire et fonctionnement des salles, action publique, place des majors, rôle des acteurs indépendants, importance des dispositifs pédagogiques et de la presse (sur papier, sur les ondes et en ligne) : ce panorama du cinéma et des cinémas à Paris montre comment et pourquoi cette ville occupe une place unique dans le domaine. Et, au-delà, met en évidence les effets d'une passion française, et d'une politique culturelle au long cours.
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Les directeurs de l'ouvrage :
Jean-Michel Frodon, est un critique et historien du cinéma. Il est professeur associé à l'IEP de Paris où il participe à un programme d'expérimentation en arts et politique.
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Dina Iordanova, est professeur à l'Université de St Andrews en Ecosse, où elle a fondé le centre d'études cinématographiques.
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L'édition estivale de la revue Spirale propose un dossier sur l'Iran : Iran Poésie / Image. Lisez-y une entrevue avec la photographe Anahita Ghabaian Etehadieh, un texte sur 24 Frames, dernière oeuvre, posthume, du cinéaste iranien Abbas Kiarostami, ainsi qu'un autre texte sur sa poésie. Retrouvez également un entretien avec Leili Anvar, spécialiste des littératures persanes, autour de la poésie et des images de la poésie persane. Le dossier se clôt par un portfolio de Leila Zelli, artiste multidisciplinaire. Aussi au sommaire : « On ne peut plus rien écrire » de Maxime Catelllier dans la rubrique Critique de la critique, Catherine Ocelot signe la lettre en ouverture de numéro, Daoud Najm parle de « ces temps étranges » en éditorial et plusieurs recensions critiques de roman ( Ténèbre, La clé USB, Mon ennemie Nelly), d'essais (Ninfa Dolorosa, Le venin dans la plume, White), de pièces de théâtre (Le Marteau et la Faucille, Autour du Lactume, Constitutions ! ) et une du Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec tome IX.
Si Abbas Kiarostami nous a offert des films sublimes - pour n'en citer qu'un, Le Goût de la cerise, Palme d'or à Cannes -, il ne fut pas seulement l'un des plus grands cinéastes de sa génération. Cet ouvrage est le premier qui aborde le parcours multiple et singulier de cet immense artiste - cinéma, photo, installation, vidéo, poésie... -, les contextes - historique et artistique, iranien et international - dans lesquels il s'inscrit, ses méthodes de travail et cette activité de pédagogue qu'il n'aura cessé d'exercer d'un bout à l'autre de la planète. Attentive à l'enfance et à la nature, sensible aux enjeux contemporains, l'oeuvre de Kiarostami est entièrement conçue pour le partage avec les spectateurs du monde entier - une oeuvre ouverte...