Janus aux deux visages, Berlin l'attire irrésistiblement. Le nom de cette ville n'est-il pas synonyme d'une angoisse incrustée au plus profond de soi-même : un coeur fraternel dont les branchies ont été séparées ? Le sang rédempteur d'un peuple a permis la résurrection de l'espérance endormie au fond de chaque être. La venue d'Emmanuelle, en cette partie de la ville qui fut jadis évocatrice de terrifiantes peurs, devient le symbole de la liberté recouvrée dans son universalité, celle d'un pays, celle aussi d'une moitié de l'humanité que des traditions obsolètes corsetaient. Timidement, l'ère de la tolérance se dessine à l'horizon du nouveau millénaire encore en gestation... Marguerite Bastard-Frétillet
La joie rayonne sur cette plage du Pacifique. Les baigneurs manifestent leur raison de vivre en s'ébrouant à l'ombre des palmiers. La chaleur enveloppe les corps d'une jouissance inusitée. Le soleil, le ciel, d'un bleu intense, la douceur de l'air contribuent à transformer l'atmosphère en antichambre du Paradis. L'image de ce parfait bonheur peut-elle se refléter dans le miroir d'une conscience ou n'est-elle que l'artificielle déformation d'une âme à la dérive ? Une forme humaine est allongée sur le sable. Immobile, inerte, inconnue. Le silence autour d'elle porte en lui tous les mots du monde. Ils ne l'atteignent pas. Jamais elle n'est moins seule qu'en ses instants de solitude. Elle appartient à la terre comme d'autres s'écartent de la mer. Elle feint de dormir. Elle guette le passant susceptible de la ravir à elle-même.
Servane, l'héroïne de « Voyage à l'Intérieur de l'Être », guerrière d'un combat quotidien qu'elle livre au nom de l'absoluité de son passé mythique, entreprend une quête transcendantale qui l'entraînera vers une irrémédiable destinée ; elle l'assumera avec la foi des rebelles aux injustices de l'Histoire. « Ma plume est mon épée » : ces mots éclairent le lecteur sur la passion de Servane, imperméable à la résignation qui frustre l'Homme de son orgueil d'exister en la plénitude de l'affirmation de son « moi ».
Marguerite Bastard-Frétillet est native de Nantes. Après avoir publié Les rongeurs, Voyage à l'intérieur de l'être, Le mur de la félicité et, actuellement en préparation, L'encens des errances divines, Marguerite Bastard-Frétillet nous fait vivre, avec Dies irae pour un homme perdu, l'actualité - avec les couleurs inquiétantes qu'elle revêt. Dies irae pour un homme perdu possède la rigueur classique d'une tragédie des temps modernes, où le corps et l'âme demeurent indifférents aux tumultes du coeur, que le passé rattrape pour mieux l'écarteler. Dualité de l'amour et de la haine, que tempère parfois l'esprit de tolérance. Deux êtres se croisent dans les dédales de l'Histoire, à l'ombre de Berlin, Janus aux deux visages, ville mythique, démiurge d'une époque teintée du rouge de toutes les passions.
Combat de deux entités : Lune veut vaincre l'autre. Les personnages de ce roman sont tributaires d'elles et d'elles seules. Ces deux entités - sacrées pour eux - ont créé en leur être une perpétuelle et angoissante souffrance. L'une exalte l'âme ; l'autre jouit de leur dépendance à vouloir la séduire... L'Encens des Errances Divines s'avère le poème du « bonheur de la désespérance ».