Dans les forêts et les montagnes du Vermont, Denis va rejoindre une jeune américaine. Sa passion montre un tel emportement que Kathleen, oubliant sa vocation d'actrice, est enfin touchée par l'amour. Pour quelques heures les deux amants vivent une union absolue. Mais la merveilleuse nuit du Vermont s'achèvera dramatiquement, et c'est un homme dégarni de toute espérance qui fuit à travers les forêts sombres. Denis ne se tuera pas. Son désespoir va être une aventure. Ce roman qui débute par un chant de passion, continue dans les tumultes du monde réel. Denis, pour qui vivre est désormais une fonction, interviendra dans le destin des autres, de quelques autres, qu'il replongera dans le cruel fleuve de la vie : Geneviève, l'allemand Wilhelm, la belle et craintive Irène qu'il abandonna jadis, et Julien, passionné par sa vocation de dramaturge. Enfin, après un combat contre le puissant Frank, Denis montera vers la paix ultime, muni des derniers sacrements humains, trop humains. Pour la première fois, l'auteur du "TEMPS DES RENCONTRES" et du "COMMERCE DES HOMMES" n'a pas fait appel à l'histoire de notre temps pour sous-tendre le destin de ses personnages. Bien des romanciers ont mis leur héros sur le chemin qui va vers l'absolu. Michel Zéraffa, en nous montrant Denis sur le trajet du retour, ajoute "LES DERNIERS SACREMENTS" à la lignée des grandes fictions.
Devant les yeux, derrière les yeux, une station de métro aérien s'éclaire, se déploie, s'éteint. Close et ouverte, la station retient et laisse perdre Paris, New York, Louqsor, jadis, maintenant, le temps, l'espace. L'auteur de la fiction ne décrit rien, ne fabule rien : il met au jour, il révèle les signes qui se sont joués en ce lieu de rails, de fer, de verre, d'affiches. Il est passeur en écriture, passeur d'écritures. Il imite le rêve, qui façonne des masques mouvants dans la matière d'une nuit fixe, et toujours inconnue. Et comme le rêveur l'écrivain est sans cesse menacé par le réveil : par le retour du réel, qui avait été seulement l'occasion du texte. Lire Métro aérien, c'est l'imaginer. Entre les rails aussi vides que miroitants, le lecteur pourra tout écrire.
Pourquoi Marc de Saintagne, qui a vécu l'enfer et l'humiliation de Dien Bien Phu, provoque-t-il un scandale dans un cabaret de Saint-Tropez ? Pourquoi Philippe Clament, le jeune bourgeois plein d'élégance, donne-t-il ce rendez-vous italien à Jacqueline Leibowitz, la rescapée d'un camp de concentration nazi ? Pourquoi Charles de Cricq et Henri Laurenzac se battent-ils en duel dans une forêt de Normandie ? Parce qu'ils sont nés trop tôt ou trop tard : certaines époques, au lieu d'offrir aux gens de valeur des rôles véritables, ne leur donnent à jouer que des doublures ; les vrais acteurs, eux, sont morts. En d'autres temps, Philippe eût été un parfait dilettante, avec tous les prestiges de l'individualisme ; Charles de Cricq aurait trouvé un rôle politique à sa mesure ; quant à Meriem, que l'on voit errer à travers les rues d'une ville romaine de Libye, son amour malheureux aurait fait d'elle une magnifique héroïne de roman. Ces personnages, et beaucoup d'autres, sont des remplaçants. Doublures dans la vie, doublures dans l'histoire, doublures enfin dans le romanesque : l'auteur a uni en une même oeuvre le témoignage et la fiction, l'autobiographie et le mythe. Il raconte certes, et ne quitte pas le réel, mais il traduit aussi en poésie une vision du monde contemporain, dont il illustre un des traits dominants : la tension entre nos destins particuliers et les accidents de l'histoire. Le livre va de New York à la forêt normande, de Budapest à Londres, de Paris en Tripolitaine. Il nous emmène à Vérone, à Venise. Mais il est un autre continent où le romancier s'aventure avec ses héros : le « continent perdu » de l'amour ; c'est là le thème, le sens profond des Doublures. Terriblement actuel, l'oeuvre a pour lignes de force la nostalgie et l'espérance. C'est le roman d'hier, d'aujourd'hui et de demain, écrit par l'auteur du Temps des Rencontres et de L'Écume et le Sel.