Un étudiant savoyard, promu au rang de précepteur dans la famille d'un banquier de Marseille, occupe ses loisirs à rédiger son journal de vacances. Il a accepté, pour deux mois, la charge d'instruire un jeune garçon, mais il ne tarde pas à s'apercevoir que les femmes qui l'entourent sont autrement intéressantes et que, malgré sa science livresque et ses titres universitaires, il lui reste beaucoup à apprendre. Au départ, François a une haute idée de ses fonctions. Il tient de son éducation de solides principes de morale... La chaleur de l'été, la douceur de la Gloriette, l'intérêt qu'il inspire à une femme séduisante, auront enfin raison de ses méfiances et de sa résistance. Ce roman ne présente que des êtres normaux et assez sympathiques et, s'ils se font du mal, c'est avec les meilleures intentions du monde. Cependant un personnage invisible et diabolique rôde dans les parages ; il se substitue de temps en temps à François et tient la plume à sa place. Asmodée, s'il n'arrive pas exactement à ses fins, parviendra à détourner notre héros de ses devoirs. François n'a entrepris ce journal que pour se faire la main, pour se préparer à son oeuvre future. En effet, il se proposait d'abord d'écrire une tragédie en cinq actes et en vers... Il ne lui manquait plus qu'un bon sujet. Il maudit parfois la littérature, mais c'est par elle qu'à la fin il sera sauvé : par ce goût d'écrire qui se confond chez lui avec le goût de vivre, par cette nécessité d'aller jusqu'au bout, jusqu'au dernier chapitre d'une oeuvre dont il s'est épris : sa propre aventure notée au jour le jour.
Martinique, 1830. L'esclavage chancelle sous l'assaut des idées nouvelles qui bouleversent le monde. Une riche famille de « Grands Blancs », les Despan, et leur domaine de Canaan, immenses étendues de terres consacrées à la canne à sucre où vivent et travaillent des centaines d'esclaves. David Despan règne en maître absolu sur un univers menacé de profonds changements. Rien ne semble devoir jamais l'abattre, sinon sa crainte de ne pas avoir d'héritier mâle. En effet, après la naissance difficile d'une fille, sa femme Marthe ne peut plus avoir d'enfant. Mais pour David, avoir un fils est une nécessité depuis qu'il se sent vieillir : la pérennité de son domaine l'exige, chaque jour avec plus d'acuité. Aussi, après une longue lutte et au prix d'un terrible marché, David va-t-il obtenir de sa femme qu'elle simule une grossesse et accepte la maternité de Joal, un bâtard que vient de lui donner Médée sa concubine Peul. Joal est élevé dans l'ignorance de ses origines et il grandit en véritable Despan. Mais Marthe ne peut supporter cette usurpation. Englobant dans une même haine ces deux êtres qui, à ses yeux, l'ont profondément avilie, elle aussi mène son propre combat. Et contre toute attente, à la suite de soins obstinés, elle parvient, quelques années plus tard, à donner naissance à un fils. Dès lors, Joal va devoir apprendre qui il est exactement. Et vivre comme ceux que son éducation de « Grand Blanc » lui a jusque-là fait considérer en inférieurs. Les lecteurs et les lectrices de Jean-Louis Cotte connaissent bien son exceptionnel pouvoir de recréer la vie intime des êtres au sein des diverses conditions humaines et sociales. Les Semailles du ciel, roman puissant et direct qui dépeint magistralement cette vie coloniale du début du XIXe siècle, restera sans doute comme son meilleur livre. En une vaste fresque généreuse et lucide, il pose et condamne le douloureux problème de la ségrégation raciale.
« Que lui dirai-je lorsqu'elle se réveillera ? Folle, folle, pensai-je qui s'imagine que, de toute éternité, nous étions destinés à nous appartenir ». Jean-Louis a-t-il raison contre Florence ? Ne sommes-nous pas conduits en aveugles là où il est de notre destin d'échouer ? Louis Dubrau laisse à ses personnages le soin de répondre. Ils le font sans élever la voix, sans forcer le ton. Cependant, il apparaît bientôt que chacun d'eux, dans le cadre de sa vie journalière, sans histoire, nourrit un regret, une rancoeur, un désir d'évasion. Tous ont une vie secrète qui les détermine à leur insu. De temps à autre, un mot, un geste les éclairent sur eux-mêmes. « J'ai toujours eu très vif le sentiment que ce qu'on laisse échapper est à jamais perdu, que chacun de nos actes est lié à une heure bien précise, en dehors de laquelle c'est le pasticher que de l'accomplir », écrira François. Et Pierre de soupirer : « Nul ne ressemble davantage à un intrus que l'honnête père de famille qui rentre chez lui, au terme d'une journée de travail ». Les six personnages de ce roman qui, tour à tour, se livrent à une confession, sont éclairés par des traits d'observation qui touchent à la vérité des coeurs. Ils nous ressemblent ; ils ne savent pas plus que nous s'accepter tels qu'ils sont ; ils attendent qu'un autre être vienne éveiller l'inconnu qui dort en eux..., à moins qu'ils ne partagent, tôt ou tard, la secrète condition de gisant.
La dyslexie, cette difficulté à intégrer le langage écrit, affecte un enfant scolarisé sur dix et de nombreux adultes dans notre société. Roger Daudin, avec l'expérience de vingt années de pratique et d'enseignement des thérapies manuelles (ostéopathie, kinésithérapie, massages réflexes, etc.), livre ici des clés surprenantes et nouvelles pour mieux comprendre et traiter efficacement ces troubles du langage. En agissant sur les os et sutures du crâne, les thérapies manuelles contribuent à rétablir une meilleure circulation des liquides nourriciers irriguant le cerveau et à lever certains blocages partiellement responsables de cette maladie de la communication . Les nombreux documents montrant des écritures d'écoliers transformées dès la première séance en témoignent ; l'analyse graphologique y décèle l'ouverture aux autres, au monde environnant, l'épanouissement, une plus grande confiance en soi. Fondées sur une perception fine des structures corporelles et sur une intelligence des mains , les thérapies manuelles - qui, au-delà de la dyslexie et des troubles du langage, peuvent traiter la myopie, les migraines, certaines arthroses - offrent des solutions et des espoirs thérapeutiques encore inexplorés.
Un instituteur part à la retraite : il n'en reste rien. Grâce à ce livre - et à Yak Rivais - ce n'est heureusement pas le cas, car il s'agit d'un instituteur "pas ordinaire", vedette de la littérature jeunesse, spécialiste des jeux littéraires, au point qu'on parle de "méthode Rivais". C'est pourquoi il m'a semblé passionnant de lui demander comment, au long d'un double itinéraire bien rempli, son activité littéraire et l'action pédagogique s'étaient mutuellement enrichies. Pédagogue hors pair, "Freinet des villes", l'auteur nous révèle, et nous décrit, nombre de ses innovations à succès.
Pamphlétaire en prime (et toujours malicieux - des dessins d'humour et le jeu de "comme disait" illuminent le livre de sourires aussi culturels que narquois), Yak Rivais évoque sa situation bizarre d'instituteur de base dans la grande machine, et la difficulté de porter deux casquettes sur une tête. Il assène (comme disait Lupin) quelques vérités bien senties, que certains postérieurs [dit-il] ne sont pas prêts d'oublier...
François Richaudeau
L'école ouvre-t-elle les portes de l'intelligence ? Offre-t-elle aux élèves un enseignement qui développe leurs capacités, ou bien les réduit-elle au moule d'un système qui ne supporte pas plus le brillant élève que le mauvais, et moins encore l'esprit critique ? À travers ce témoignage - récit authentique de l'année scolaire d'un collégien et de copains-copines de sa classe de quatrième -, Marie Laborde accuse. En soulignant les carences de l'Éducation nationale, en montrant du doigt les comportements aberrants de certains professeurs plus prompts à distribuer les zéros et les sanctions disciplinaires qu'à remettre en cause leur (in)compétence pédagogique, elle se place sans ambiguïté aux côtés des parents qui, au fil des années scolaires, partagent avec leurs enfants l'angoisse de l'échec et le désenchantement d'apprendre. Entre rires et larmes, Le Poids du cartable pose le problème de la relation détériorée (et pourtant essentielle) qui lie le maître à l'élève, et celui d'une jeunesse sans illusions sur les vertus d'une école plus apte à punir qu'à préparer valablement aux difficultés du futur.
Une analyse et un commentaire des Instructions officielles. Une méthode claire et rigoureuse de lecture et de compréhension des sujets. Des pistes d'étude et des sujets traités Un lexique de notions et repères fondamentaux.