LE Roman
À Histoireville, tout le monde écrit et peut être happé dans les récits des autres. Mais certaines histoires ne sont pas bonnes à raconter, malgré les agents narratifs chargés de les contrôler...
C'est ce qui arrive au détective John Nyquist, qui se réveille à côté du cadavre de l'homme qu'il était payé à suivre. Le voici piégé dans le Corps bibliothèque, à la fois la tour de la cité Melville de laquelle il ne peut sortir et l'histoire dramatique écrite par un certain Obéron. De dangereux personnages sont à la recherche des pages de ce livre, dont Nyquist a trouvé un extrait, et ces pages recèlent un pouvoir véritablement envoûtant, voire mortel.
La série des « enquêtes de John Nyquist », entamée avec Un homme d'ombres en 2020, s'inspire du principe des Villes invisibles d'Italo Calvino ; l'action se déroule à chaque livre dans une ville différente, aux règles totalement fantasmagoriques. Ce polar new weird est éblouissant, étrange et poétique. Un roman à la Jeff Noon promet un voyage dans les contrées du fantastique, pour un mélange unique des genres et un renouvellement des formes de la narration. La Ville des histoires aurait pu être écrite par l'enfant d'Agatha Christie et de William S. Burroughs (pour son écriture-collage ou cut-up).
Une fable politique, dans la lignée de 1984, sur le contrôle social, la peur du changement et la plus insensée des révolutions.
« Bienvenue à Amatka... où chacun joue un rôle, où le langage possède d'étranges propriétés et où rien - pas même la texture de la réalité - ne peut être garanti.»
Ainsi se présente Amatka, cette austère colonie antarctique aux ambiances post-soviétiques. Amatka, lieu interdit à la dissidence et aux sentiments, espace exigu où la liberté niche dans les recoins obscurs du langage, est une communauté heureuse mais totalement figée. Lorsque Vanja, une « assistante d'information », est envoyée en mission là-bas pour y collecter de l'intelligence à des fins gouvernementales, elle comprend rapidement que son séjour qu'elle prévoyait expéditif sera moins routinier qu'envisagé. Et pour cause, le point de bascule n'est jamais très loin dans cette colonie d'hiver, de sorte que Vanja sera amenée à enquêter parmi les ombres d'Amatka, celles qui revendiquent l'insurrection...
Jeff Vandermeer, anthologiste du Big Book of Science-Fiction et du recueil The Weird, a considéré ce roman dès le premier instant, louant cette « exploration époustouflante et véritablement originale des mystères du réel et de ce que signifie être humain ». Fille par les lettres de Margaret Atwood et d'Ursula K. Le Guin (pour son approche sociale des Dépossédés), la suédoise Karin Tidbeck dresse avec Amatka une fable d'anticipation aussi réflexive qu'inventive, s'intéressant davantage aux mécanismes du changement qu'à ses seuls effets. Par son style concis et efficace, elle nous offre le portrait d'une société où les mots, dépouillés jusqu'à l'os de leur polysémie, deviennent à la fois un objet de répression et une arme, et où la communication est au coeur des rapports de force.
Une fable, un conte au souffle épique, un roman tissé d'histoires entrelaçant les naissances et les chutes d'un empire, « l'Empire le plus vaste qui ait jamais existé ».Kalpa Impérial est un livre universel et visionnaire, écrit par une très grande auteure argentine, injustement méconnue en France.
Traduit dans le monde entier, notamment en anglais par Ursula K. Le Guin, ce chef-d'oeuvre inclassable fait songer au cycle de Gormenghast de Mervyn Peake ou aux Villes invisibles d'Italo Calvino.
Ici les horloges tournent et ne sont jamais les mêmes. Le temps s'emballe, se règle et se dérègle d'une rue à l'autre, sous un ciel que personne n'a jamais vu. À la place, une voûte gigantesque de pure lumière, un dôme d'éclairages artificiels supprimant toute zone d'ombre, sans interruption. Bienvenue dans l'enfer de cette ville embrasée où tous courent après les innombrables lignes temporelles.
John Nyquist, détective privé, est engagé pour retrouver Eleanor Bale, une jeune fugueuse de dix-huit ans. Dans quel recoin a-t-elle bien pu se cacher, alors qu'il n'existe aucun lieu épargné par la lumière?? Dans les ténèbres de Nocturna ou bien plus loin encore, au-delà des frontières de cette cité double?? Pour Nyquist, il ne s'agit pas d'une affaire de routine?: à ses trousses, un serial killer invisible surnommé le Vif-Argent sème la panique. Au cours de son enquête, John Nyquist s'aventurera jusqu'au Crépuscule, cet entre-deux abominable où grouillent la menace et les silhouettes obscures, afin de sauver Eleanor... et probablement la ville tout entière.
Un homme d'ombres est un roman construit par touches impressionnistes mais d'inspiration surréaliste. Ce polar new weird est éblouissant, flirtant avec l'étrange. Les lecteurs ne manqueront pas de se laisser emporter par ses contradictions temporelles et son fantastique angoissant, au fil d'une exploration poétique du temps, de la réalité, de l'humanité.
Fantastiques, intimistes, réalistes, fantasy ou science-fiction, les 17 nouvelles rassemblées dans ce recueil rendent compte de la variété des registres de Karen Joy Fowler, à travers lesquels elle explore les conventions sociales et les relations familiales. Des textes parfois cruels, parfois sardoniques, révélant dans les rapports à l'autre, à l'étranger, au non humain, la topographie de nos inconscients et de nos peurs.
Lorsque Klorathy se rend dans l'Empire volyen pour s'enquérir d'Incent, un émissaire de Canopus victime d'une attaque de Rhétorique, il y constate les ravages causés par la langue. En effet, dans ce coin d'univers où gronde la rébellion, les paroles attisent les foules et bouleversent les destins. Incent en subit les affres depuis qu'il s'est lancé sur les traces d'un Agent d'une civilisation malveillante, et lutte depuis contre ces accès de sentiments qu'il avait pourtant appris à combattre.
C'est sur la voie de la guérison que Klorathy accompagne l'émissaire?: un chemin nécessaire, périlleux et semé d'écueils, afin de recouvrer l'Harmonie égarée. Mais la situation est si explosive sur les trois planètes volyennes que les actes d'un seul individu sont susceptibles de faire basculer un monde.
Pour ce dernier roman de sa constellation «?Canopus dans Argo?: Archives?», Doris Lessing, prix Nobel de littérature en 2007, explore avec esprit la nature politique de toute société.
Ceci est l'histoire d'un monde qui pourrait être le nôtre. Depuis l'instant où apparaît la vie sur cette planète bleue, dans la moiteur des mares et des étangs, jusqu'au moment où le feu nucléaire menace d'emporter la civilisation qui a fini par se développer, voici contée l'histoire de Shikasta, jadis riche et florissante, désormais stérile, inhospitalière, « blessée à mort » - mais qui ne demande qu'à renaître.
Shikasta ? Un monde sur le berceau duquel se sont penchés deux empires galactiques antagonistes, Canopus et Sirius, qui s'en sont partagé les terres pour chacun de son côté y conduire des expériences évolutionnaires. Et c'est du point de vue des émissaires de Canopus, venus rendre compte des résultats de ces manipulations à l'échelle d'une planète, que va nous être narré le destin tragique de l'humanité - celle de notre Terre.
Au fil d'une édifiante succession de textes de formes diverses - rapports, lettres, documents d'archive, journaux intimes de shikastiens), se réécrit sous nos yeux le (véritable ?) récit de l'aventure humaine, les tâtonnements, accomplissements et erreurs d'une espèce faillible guidée sans le savoir par des puissances qui la dépassent ; des puissances dont la rivalité risque de mettre un terme prématuré à l'expérience Shikasta...
Dans les rues de Manchester, battues par la pluie et infestées d'ombreflics, errent les Chevaliers du Speed, une bande de déjantés accros aux plumes Vurt, la meilleure drogue qui se puisse rêver. Comme dit maître chat, cependant, soyez prudents, très prudents, ce voyage n'est pas pour les faibles. Mais Scribble n'en fait qu'à sa tête. Il recherche la plume Vurt, ultime, mythique. Une quête qui le mènera au-delà des frontières de l'amour et de lui-même, sans espoir de retour.
Lundi 1er mai: le taux de pollinisation s'élève et Manchester est pris dans un éternuement qui prend dangereusement de l'ampleur; homme-chiens, zombies, roboflics, tous ceux qui peuvent rêver dans le Vurt sont atteints. Perséphone, femme enfant, sème la mort et les fleurs autour de ceux qui l'approchent, une Ombre flic et un chien flic enquêtent pour éviter une conflagration funeste, par laquelle le monde du rêve envahirait la ville. Des portes sont en train de s'ouvrir entre les espèces. Deux mondes, l'un réel, l'autre imaginaire, s'interpénètrent, à tel point que le lecteur perd de vue la lisière qui les sépare, thème de prédilection d'un Jeff Noon poète halluciné, qui joue ici avec nos émotions.
Il a la tête de l'emploi et le nom de son métier : Double. Neil Double.
Agent anonyme chargé de remplacer les hommes d'affaires lors de salons auxquels personne ne souhaite se rendre, ce professionnel de la doublure passe sa vie entre hôtels de chaînes internationales et conventions en tous genres, logé de chambre en chambre au gré de ses déplacements. Et il aime ça. Une petite routine sans histoires où les draps sont propres et sans pli, où les savonnettes sont livrées sous emballage plastique sur le rebord de la baignoire et où le sourire ultra-bright des employés accompagne chaque service commandé en temps et heure. Dans ce schéma policé, Neil Double n'a à s'occuper de rien en dehors de son travail, dans les méga-centres de congrès. Il ne s'en plaint pas, car les nombreux avantages qu'il retire de la situation le satisfont au mieux. D'ailleurs, il aurait pu continuer longtemps ainsi, à profiter d'aventures sans lendemain, des serviettes chaudes et repassées et de petits-déjeuners continentaux passés à bavarder avec ceux qui le prennent pour un confrère ou un concurrent sur les salons. Oui, il aurait pu, lui qui ne commet jamais d'impair.
Mais il faut qu'un grain de sel, fatalement, enraye un jour cette mécanique trop bien réglée.
Expulsé du congrès des organisateurs de congrès, Neil Double deviendra la cible de la machinerie administrative et sera précipité dans un broyeur aux accents kafkaïens. Victime à son insu, tel le protagoniste de Brazil, il ne pourra plus ignorer le labyrinthe de l'hôtel qui s'étend au-delà du réel ni ses inquiétantes énigmes...
Après Attention au parquet !, Will Wiles dépeint dans Way Inn un univers professionnel, sans frontières ni aspérités ; il démonte - et détraque - les rouages de notre société de consommation avec la minutie d'un Bret Easton Ellis. À travers le parcours de son héros moulé dans sa routine bien rodée, répétant une existence parfaitement maîtrisée, l'auteur ne se contente pas de mettre en scène les absurdités de cette comédie humaine, il nous plonge dans un roman qui se fait de plus en plus délirant, surréaliste, jusqu'à basculer dans le fantastique.
Devenu cauchemardesque tout en demeurant drôle, ce séjour dans l'antre du conformisme est un ingénieux objet littéraire, original et corrosif.
Comme toutes les aventures de l'inquisiteur, les fils narratifs s'entrelacent habilement à travers trois périodes pour constituer une même trame par-delà les siècles.
1378. Évadé de la prison dans laquelle le roi d'Aragon l'avait fait enfermer, Eymerich arrive à Rome, où le pape Grégoire XI a transféré le siège pontifical. Grégoire est en train de mourir et la discorde qui aboutira au Grand Schisme d'Occident s'installe autour de lui. L'inquisiteur se rend compte que les querelles entre cardinaux cachent tout autre chose?: un culte païen oublié est sorti de l'oubli et a contaminé le haut clergé.
À une époque plus proche de la nôtre, dans le futur, la République libertaire de Catalogne est le seul État européen resté neutre dans un conflit mondial dévastateur. Le physicien Marcus Frullifer et ses théories capables de bouleverser notre notion de temps y trouvent refuge. La Catalogne n'est pas l'État parfait qu'il imaginait, mais il parvient quand même à construire l'astronef Malpertuis, mû par des forces psychiques - qui apparaît dans le premier roman du cycle (Nicolas Eymerich, inquisiteur).
Dans un futur lointain, sur une autre planète, l'humanité évolue vers quelque chose d'autre. Elle franchit les limites physiques établies dans le passé et s'approche du point Oméga, l'extrémité de l'univers imaginée entre autres par le jésuite Teilhard de Chardin. Un mystérieux Magister régule le dernier soupir du genre humain. Mais est-ce vraiment le dernier, dans un cosmos spiraliforme??
Une conclusion astronomique des aventures de cet inquisiteur honni, dans laquelle N. Eymerich rencontre son fantôme, son double, ou une autre version de lui-même.
Le troisième tome d'Alice au pays des merveilles ? Pas si simple, c'est du Jeff Noon. Les champignons de Lewis Carroll rencontrent les plumes de l'univers de Vurt dans un conte de fée futuriste. Alice se lance à la poursuite de son perroquet dans les entrailles d'une horloge et se retrouve en 1998, à Manchester. Elle y rencontre des boarocrates, des anagrammes et un certain monsieur Dodgson. Les habitants sont mi-hommes, mi-animaux. Naturellement. Accompagnée de Celia, sa poupée devenue petite fille automatique, Alice doit retrouver les pièces qui manquent à son puzzle, résoudre une série de meurtres et comprendre à quoi servent les points de suspension, tout cela avant deux heures de l'après-midi, 138 ans plus tôt.
Comme toujours chez Jeff Noon, Alice Automatique joue avec le langage (et le fait voler en éclats de miroir), avec la musique (on croise Miles Davis et Jimi Hendrix). C'est le troisième volume publié par Noon dans l'univers de Vurt, et les plumes du perroquet Whippoorwill colorent bien sûr les autres romans. Noon s'amuse à enchaîner les jeux de mots acrobatiques (« Fais comme tu peux, comme tu veux, l'important est que ça coule », dit-il à sa traductrice) et se délecte du nonsense dans une truite (une troisième suite ?) où la fidélité à Carroll se mêle d'hommage, de pastiche et d'une joie communicative.
L'épitaphe de l'authentique Nicolas Eymerich, dominicain nommé Inquisiteur Général d'Aragon en 1357, évoque sa personnalité: «prédicateur de la vérité, inquisiteur intrépide, docteur de premier ordre».
Sous la plume de Valerio Evangelisti, le magister Eymerich, détective d'une redoutable efficacité, doté d'un tempérament implacable, enquête sans faillir sur les phénomènes aberrants. Le premier volet de ses aventures décrit sa fulgurante accession au plus haut des pouvoirs de son temps. Grâce à une conviction aussi manichéenne qu'inébranlable, l'Inquisiteur combat sans vergogne ce qu'il ne comprend pas, car il doit faire face à des apparitions dans le ciel et des naissances monstrueuses qui effraient les villageois.
Au XXIIe siècle, un vaisseau envoyé dans le passé à la recherche d'une mystérieuse relique religieuse rate sa cible et se retrouve à proximité du lieu où officie l'Inquisiteur, tandis qu'à notre époque, un jeune homme nommé Frullifer tente, tant bien que mal, de défendre une thèse révolutionnaire sur une science énigmatique: la psytronique.
Le talent de l'auteur est de nouer ces trois histoires et trois temps différents, jusqu'à les entremêler, là où le futur ouvre de nouvelles perspectives sur le passé. Grâce à une écriture efficace, des dialogues d'une noirceur mordante et une cadence effrénée, Valerio Evangelisti revitalise la littérature de l'imaginaire, dans un curieux mélange d'histoire, d'horreur et de science-fiction.
L'Angleterre est rongée par une étrange épidémie : les victimes n'arrivent plus à décoder l'information. Les mots sont indéchiffrables, la musique une suite de bruits hostiles. Les miroirs reflètent des inconnus monstrueux. Sillonnant l'asphalte au jour le jour, quatre paumés tiennent le coup grâce à une mystérieuse poudre qui atténue temporairement les effets de la maladie. Marlene, hantée par la perte de sa fille, prend des notes pour résister à la désagrégation. Son but : retrouver et réunir les fragments d'un miroir qui pourrait tout à la fois détenir la source du mal comme sa solution. Descendre en Marche est un « road novel », le premier du genre implanté dans le décor britannique, reflet de notre société, dans laquelle l'excès d'information engendre la perte de sens, les peurs et la solitude dans la foule.
Elliot, un bassiste de vingt-cinq ans, rencontre un groupe de musique électro-acoustique : une chanteuse, une dj, un batteur. Fasciné par leur talent brut de décoffrage, il découvre leur secret : une nouvelle méthode qui permet d'enregistrer le son sous forme liquide. Chaque morceau, conservé dans une sphère pleine d'un fluide épais, peut être remixé en le secouant. Les possibilités artistiques lui donnent le vertige, et la drogue omniprésente menace de recouvrer son emprise sur lui, jusqu'au jour où le batteur disparaît. Commence alors une quête aux racines de la musique - le père et le grand-père étaient musiciens eux aussi, dans les styles de leur époque, et la famille semble porteuse d'une lourde hérédité pleine de secrets haineux. Et la musique liquide, bien sûr, peut être bue, inhalée, injectée. Drogué au son, Elliot plonge dans les remix de son coeur. Les chapitres sont des chansons ; ils peuvent être remixés, adaptés, en différents styles, du jazz au skiffle, du punk à la pop et à la dance ; la musique envahit les pages, coule dans les veines et modèle le monde.
Terre, 2043. Yarin Radeanu est un riche voyageur originaire de Diaspar, ville extraordinaire où l'aristocratie débauchée néglige le reste miséreux de la planète, et prêt à tuer pour s'emparer de l'Antarctique - devenue la ressource essentielle d'eau potable. Diaspar gère directement ou indirectement la planète et ses habitants tandis que les gouvernements officiels sont des organes vidés de tout pouvoir. La diffusion rapide dans le monde entier des PEM (Prothèses Électroniques Mémorielles), implants cérébraux permettant de communiquer instantanément par un simple acte de volonté, a rendu l'esprit de chaque personne vulnérable aux attaques externes, tel un ordinateur. Les spéculations financières ont perduré : tout le monde peut s'endetter sans contrôle et émettre des obligations personnelles à long terme ; l'esclavage est légalisé dans le monde entier, ce qui a officialisé des conditions de vie terribles pour une grande partie de la population. Dans ce scénario infernal font irruption les E.E. (Événements Exceptionnels), des phénomènes physiques inexpliqués, peut-être les premières preuves d'une nouvelle théorie physique, le soi-disant Cinquième Principe, tandis que la découverte d'une réalité parallèle, le monde B, promet paix et bonheur à des millions de déshérités.
Fresque polyphonique décrivant les distorsions du monde actuel, Le Cinquième Principe développe à travers ses multiples personnages de nombreux thèmes dystopiques : dégradation de l'environnement, spéculations à outrance, nouvelles formes d'asservissement et de déshumanisation, hybridations homme-machine et intrications entre les pouvoirs politique et financier.
La Terre, Shikasta, est l'enjeu de pouvoir entre trois civilisations galactiques très avancées : Canopus, Sirius et leur ennemie Puttiora. Mélangeant mythes, fables et allégories, Doris Lessing nous livre une vision originale et incroyablement vaste de notre humanité, de son berceau à sa chute. Ambien II est l'une des Cinq, l'organisation présidant aux destinées de Sirius, au contact de Klorathy, émissaire de Canopus, elle va petit à petit remettre en question sa conception du cosmos.
Ainsi, à travers le regard de sa protagoniste et du méticuleux rapport qu'elle rédige, Les Expériences siriennes explore la lente prise de conscience d'un individu face aux limites et aux dérives de sa propre nation. A son insu, inéluctablement, elle s'éloignera du mode de pensée de sa société jusqu'à intégrer des idées plus progressistes, s'érigeant a l'encontre de l'Histoire officielle, prenant parti dans la lutte de pouvoir entre Sirius et Canopus au point de se transformer elle-même.
Après Shikasta et Les Mariages entre les Zones Trois, Quatre et Cinq, l'auteur développe ici bien plus qu'un simple rapport d'événements, mais plutôt un véritable plaidoyer en faveur de la désobéissance civile. Une harangue pour oser faire face aux conséquences de nos propres actes et à ce destin que l'on croit tout tracé.
1361. À Saragosse, quiconque entre en possession d'un mystérieux ouvrage de magie occulte est assassiné par des créatures à tête de chien. Nicolas Eymerich, inquisiteur, va devoir résoudre cette nouvelle énigme et pénétrer sur les terres de ses ennemis musulmans, dans le royaume arabe de Grenade.
Libéria, des siècles plus tard. Des mercenaires de l'Euroforce, alliés aux chemises noires de la RACHE, provoquent l'exode massif et apocalyptique d'enfants de sable vers l'empire du Bouganda. Aux Canaries où il est exilé, le professeur Marcus Frullifer assiste à un phénomène inexplicable : chaque année, au moment de la Fête du diable, les patients de la clinique psychiatrique locale se mettent à aboyer furieusement.
Trois intrigues et un défi : lier audacieusement l'Espagne du XIVe siècle au futur proche d'une Afrique parallèle.
1341. Sur ordre secret du Pape, un groupe de cinq dominicains, se surnommant eux-mêmes le Français, le Catalan, le Castillan, l'Allemand et l'Italien, s'apprête à encourir la damnation éternelle afin de porter un coup mortel à l'ennemi héréditaire de la religion catholique.
1369, la peste se répand sur l'Europe. L'inquisiteur Nicolas Eymerich enquête au château de Montiel où s'est réfugié Pierre le Cruel, roi de Castille, assiégé par l'armée d'Henri de Trastamare et les mercenaires de Du Guesclin. Ce château à l'architecture étrange, poisseux labyrinthe flanqué de 10 tours et d'innombrables galeries, se révèle vite être une tanière infâme où les murs tremblent, où l'impossible mosaïque humaine de villageois chrétiens, de serviteurs juifs et de soldats mahométans n'attend qu'un prétexte pour se disloquer. Jeunes enfants vidés de leur sang, apparitions démoniaques, raclements sordides sous les fondations, murs imprégnés de symboles de la kabbale: la toile des secrets s'épaissit à chaque pas. L'impénétrable inquisiteur Eymerich ne craint pas d'affronter la haine, mais peut-être craint-il son sentiment contraire, un sentiment qu'il n'ose nommer et qui l'assaille dans les tréfonds de ce château où se cache le regard serein et déterminé d'une femme juive qu'Eymerich avait, autrefois, soumise à la question.
Hiver 1944, Le Sturmbannführer des SS Viktor von Ingolstadt, responsable de la sécurité du camp de concentration de Dora, aidé par le professeur Nitsche du bureau du T4, est sur le point de réaliser grâce aux avancées de la science un projet d'une ambition démesurée: la création du soldat allemand du futur, le guerrier parfait, réplique des chevaliers du Moyen-Âge.
De l'Europe de la peste noire à celle de la peste brune, les temps s'entrecroisent à nouveau sous la plume acide de Valerio Evangelisti. Cette nouvelle enquête de Nicolas Eymerich porte sa quête de vérité au bord d'un abîme sans fond où enfle et remue la haine millénaire.
1374. Nicolas Eymerich est chargé par le pape d'enquêter sur un conseiller du roi d'Aragon accusé d'hérésie et de pratique des arts magiques. En effet, dans le sillage du dignitaire se multiplient phénomènes célestes inexpliqués, apparitions mystérieuses et miracles, ce qui ébranle l'Église catholique, déjà en lutte contre les actions des évangélistes vaudois. Ces derniers, dont l'autorité prospère de la Provence aux Alpes piémontaises, ne tardent pas à attiser les soupçons d'Eymerich : une terrifique conspiration est en marche.
Au XXIe siècle, le scientifique Marcus Frullifer a détruit les fondements de la physique moderne grâce à une découverte sans précédent. Mais sa formule mathématique, à l'origine du bouleversement, intéresse beaucoup l'Ordre des jésuites qui le séquestre dans un observatoire astronomique. Leurs motivations seraient elles liées aux fragments retrouvés de L'Évangile de la lune, ce livre rédigé dans un lointain futur ? Mais en quoi les recherches de Frullifer servent-elles leur dessein ?
Ce que l'on nous a appris sur le passé et le futur est un mensonge. La mort est un leurre, un accident transitoire à dompter, et le temps, une simple limite à dépasser : voilà la vérité qui terrifie l'Église. Voici ce contre quoi Eymerich devra lutter, s'il ne souhaite pas que l'univers s'écroule, et avec lui tout ce en quoi il croit.
Une conclusion inattendue pour le cycle du célèbre inquisiteur, dont les aventures temporelles ont enthousiasmé des générations de lecteurs à travers le monde !
L'épitaphe de l'authentique Nicolas Eymerich, dominicain nommé Inquisiteur Général d'Aragon en 1357, évoque sa personnalité: «prédicateur de la vérité, inquisiteur intrépide, docteur de premier ordre».
Dans la seconde moitié du XIVe siècle, le Grand Inquisiteur Nicolas Eymerich conduit une expédition en Savoie afin d'enquêter sur une improbable résurgence de l'hérésie cathare. Celle-ci, située dans un cadre historique minutieux, laisse apparaître petit à petit des aberrations qui trouveront des échos à différentes époques. Pourrait-il exister un lien entre l'expédition d'Eymerich en 1365 et un trafic d'organes au Guatemala dans la seconde moitié du XXe siècle? Ou avec des recherches en génétique conduites par la Rache, organisation eugéniste et survivance du cauchemar hitlérien? Et si ce lien existait, quelle en serait l'incroyable nature?
Seule la main de fer d'Eymerich pourra dénouer un à un les fils de cet écheveau diabolique et libérer la vérité de ses chaînes, si étroitement emmêlées à travers les siècles. Dans cet entrelacs remarquable de coïncidences entre passé et futur se dessine une vision de notre monde où les hommes n'ont rien à envier aux démons en matière de férocité.
Avec cette deuxième aventure d'Eymerich, Valerio Evangelisti enjambe à nouveau les siècles. Suivant le fil d'une intrigue particulièrement tortueuse, menée comme dans le premier volume sur trois époques fort éloignées, il revisite une question des plus anciennes: que feraient les hommes d'un pouvoir qui les place entre les démons et les dieux?
Pour sa troisième aventure, Nicolas Eymerich, inquisiteur d'Aragon, se rend à Castres, en 1358, pour enquêter sur la secte des masc buveurs de sang. Il y rencontrera également quelques cathares, et ceux qui ont lu Les Chaînes d'Eymerich se réjouiront d'apprendre comment il a gagné son surnom de Saint Mauvais. Parallèlement, au XXe siècle, un savant fou propose à diverses factions extrémistes Ku Klux Klan, OAS, etc. de propager une maladie mortelle pour les gens de couleur, l'anémie falciforme, qui a pour conséquence une gigantesque hémorragie de tous les vaisseaux sanguins.
Sur cette base peu ragoûtante, Valerio Evangelisti a construit un roman d'horreur et de suspense plutôt enlevé et dynamique. Tout va très vite dans cee histoire, où le roman policier médiéval se taille la part du lion par rapport à la S-F réduite ici à la portion congrue sauf dans les dernières pages où elle revient en force. Outre une documentation historique toujours impressionnante, on retiendra notamment la frappante description de Castres, avec ses murs rougis par la teinture de garance, et quelques affreux personnages au côté desquels Eymerich finirait par paraître presque sympathique. L'intérêt principal du livre est d'ailleurs le développement de la personnalité de l'inquisiteur, qui révèle ici des aspects insoupçonnés, et notamment une propension à la pitié dont on ne se serait pas douté au vu des épisodes précédents une propension, toute relative, et qui ne l'empêchera pas de jouer du briquet au détriment des hérétiques.
Milieu du XXème siècle. Menant un combat acharné contre le conformisme académique, le psychanalyste Wilhelm Reich démontre l'existence d'une force issue de la libido : l'énergie orgonique.
1365. Alors qu'il accompagne contre son gré le roi Pierre IV en Sardaigne, l'inquisiteur Eymerich se retrouve aux prises avec de tortueux complots royaux et doit enquêter au coeur d'un très ancien culte païen.
Un proche avenir. La mort rouge a ravagé la planète. Au sein des fédérations de fortune constituant l'Amérique, tout contact entre hommes et femmes est formellement prohibé.
Les mystères et les cauchemars interfèrent, temps et espace vacillent, alors que Nicolas Eymerich se dresse contre les ennemis de l'Ordre et de la Foi.
Ce quatrième volume des aventures d'Eymerich marque une étape importante dans la série. Plus long, plus complexe, il commence à dévoiler le projet global d'Evangelisti. Le schéma général de l'histoire du futur « évangélique » se met en place, et il est frappant de constater combien cet avenir dystopique plonge ses racines dans le passé, et plus précisément à l'époque d'Eymerich.
Toutes les époques possèdent leurs inquisiteurs !
Et pour ceux qui ignorent encore tout du redoutable dominicain, cette histoire d'horreur aux accents quasiment lovecraftiens constitue une excellente entrée en matière.
Au Moyen-Âge, dans le temps de la vie historique de Nicolas, nous sommes en 1360, et des rumeurs d'événements impossibles et horrifiants dans le Quercy (Rocamadour) amènent l'inquisiteur à quitter la cité papale d'Avignon pour un périple en Occitanie centrale (Castres, Albi, Figeac...).
En même temps, à une autre époque - passages titrés "Tempo zero" - un curieux assortiment de personnages se débat dans une bourgade non-nommée du Frioul, dont les rues s'ordonnent suivant un curieux plan géométrique (et géomancien ?) autour de l'église contenant les reliques de Saint Mauvais (le lecteur comprendra assez vite que ce saint, qui doit protéger les croyants, n'est autre qu'Eymerich lui-même, devenu icône de terreur sacrée).
On trouve donc dans la bourgade un inspecteur, Dentice, dont la mission peu claire est de toute façon entravée par l'administration locale et reléguée au second plan par les stigmates dont il est affligé. Une jeune femme, Roberta Hu, avec sa petite soeur, Ariel. Et trois jésuites, chargés d'enquêter sur la disparition d'un membre de leur ordre.
Les lésions de Dentice, les apparitions qui terrorisent Roberta, tout cela est lié à un réseau de correspondances entre la ville et un autre monde encore, le Cherudek, où Eymerich et d'autres inquisiteurs mènent leurs interrogatoires avec la brutalité que l'on associe désormais à l'Inquisition, mais qui n'était pas toujours de mise au XIVe siècle.
Cherudek, le cinquième épisode de la série des aventures de Nicolas Eymerich, est le livre le plus long et un des plus aboutis de la série. En vrai roman de fantastique, il place le coeur de son action dans les cauchemars de l'humanité entière.