Dans un petit village abandonné de la «zone grise», coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte: Sergueïtch et Pachka. Désormais seuls habitants de ce no man's land, ces ennemis d'enfance sont obligés de coopérer pour ne pas sombrer, et cela malgré des points de vue divergents vis-à-vis du conflit. Aux conditions de vie rudimentaires s'ajoute la monotonie des journées d'hiver, animées, pour Sergueïtch, de rêves visionnaires et de souvenirs. Apiculteur dévoué, il croit au pouvoir bénéfique de ses abeilles qui autrefois attirait des clients venus de loin pour dormir sur ses ruches lors de séances d'«apitherapie». Le printemps venu, Sergueïtch décide de leur chercher un endroit plus calme. Ayant chargé ses six ruches sur la remorque de sa vieille Tchetviorka, le voilà qui part a l'aventure. Mais même au milieu des douces prairies fleuries de l'Ukraine de l'ouest et du silence des montagnes de Crimée, l'oeil de Moscou reste grand ouvert...
Il pleuvait à torrents et personne, vraiment personne, n'était prêt à ouvrir sa porte, et surtout pas à ces individus. Oui, il y avait des Blancs parmi eux - les humanitaires qui les accompagnaient - mais ils étaient tout aussi étranges que les autres malheureux, mal fagotés et mal en point. Que venaient-ils faire, ces envahisseurs, dans notre petit village où il n'y avait plus de maire, plus d'école, où les trains ne passaient plus et où même nos enfants ne voulaient plus venir? Nous nous demandions comment les affronter, où les abriter puisqu'il le fallait. Eux aussi, les migrants, avaient l'air déboussolés. C'était pour ce coin perdu de Sardaigne, ce petit village délaissé, qu'ils avaient traversé au péril de leur vie la Méditerranée? C'était ça, l'Europe?
Pour tromper sa solitude, Victor Zolotarev a adopté un pingouin au zoo de Kiev en faillite. L'écrivain au chômage tente d'assurer leur subsistance tandis que l'animal déraciné traîne sa dépression entre la baignoire et le frigidaire vide. Alors, quand le rédacteur en chef d'un grand quotidien propose a Victor de travailler pour la rubrique nécrologie, celui-ci saute sur l'occasion. Un boulot tranquille et lucratif. Sauf qu'il s'agit de rédiger des notices sur des personnalités encore en vie. Et qu'un beau jour, ces personnes se mettent à disparaître pour de bon.
Une plongée dans le monde impitoyable et absurde de l'ex-URSS. Un roman culte.
L'arène, c'est ce quartier de Paris où se mesurent les gladiateurs d'aujourd'hui: adolescents de la Cité Rouge, migrants égarés sur l'asphalte, jeunes bobos assoiffés d'images et de popularité. Au centre, Benjamin Grossmann, le directeur des séries d'une célèbre plateforme: il ne faisait que passer par là, de nuit, il se met a courir après un jeune à capuche, persuadé qu'il vient de lui dérober son portable. Au petit matin, en patrouille au bord du canal Saint-Martin, Sam, la policière bien notée, pousse du pied le corps sans vie de l'adolescent qu'elle prend pour un sans-logis. Quant à Camille, la lycéenne toujours prête à filmer les dérapages de la police, elle enregistre ce qu'elle voit Sa vidéo va enclencher une spirale vertigineuse en tournant en boucle sur les réseaux. Tout le quartier entre en ébullition. Ses acteurs du quotidien sont aspirés dans ce roman palpitant.
La vérité de cette histoire est morcelée, incomplète, inachevée dans le temps et dans l'espace. Elle passe par les colons implantés en Indochine pour y exploiter les terres et les forêts. Par les hévéas transplantés et incisés afin de produire l'indispensable caoutchouc. Par le sang et les larmes versés par les coolies qui saignaient les troncs. Par la guerre appelée «du Vietnam» par les uns et «américaine» par les autres. Par les enfants métis arrachés à Saigon par un aigle volant avant d'être adoptés sur un autre continent. C'est une histoire d'amour qui débute entre deux êtres que tout sépare et se termine entre deux êtres que tout réunit; une histoire de solidarité aussi, qui voit des enfants abandonnés dormir dans des cartons et des salons de manucure fleurir dans le monde entier, tenus par d'anciens boat people.
Avec ce livre, Kim Thúy nous découvre, au-delà des déchirements, l'inoubliable pays en forme de S qu'elle a quitté en 1975 sur un bateau.
Pour que Jim, chauffeur Uber de soixante ans, voie la vie du bon côté, que faudrait-il? Une petite cure d'antidépresseurs? Non, c'est plus grave, docteur. De l'argent? Jim en a suffisamment. Au fond, ce qu'il veut, c'est qu'on lui fiche la paix dans ce monde déglingué. Et avoir affaire le moins possible à son prochain, voire pas du tout. Alors, quand sa nouvelle voisine, flanquée d'un mari militaire et d'un fils de quatre ans, lui adresse la parole, un grain de sable se glisse dans les rouages bien huilés de sa vie solitaire et monotone. De quoi faire exploser son quota de relations sociales...
En entremêlant les destins de ses personnages dans un roman plein de surprises, Levison donne le meilleur de lui-même, et nous livre sa vision du monde, drôle et désabusée.
Les amitiés de l'adolescence sont les plus fortes. On échange expériences, secrets et vêtements, tout en se projetant dans un futur rempli d'espoirs. Elisa et Beatrice, les deux héroïnes de ce roman, n'y font pas exception. Bien que leurs histoires familiales diffèrent totalement - la première a été élevée par une mère aimante mais fantasque et indifférente aux apparences, la seconde par une mère qui surinvestit le paraître et transforme sa fille en poupée Barbie -, elles ont noué un lien fusionnel. Et cela jusqu'au jour où un changement planétaire, Internet, fait irruption dans leur vie. Elisa continuera à faire partie du «monde d'hier», celui qui valorise les livres et la culture, tandis que Beatrice se lancera tête baissée dans l'aventure du «monde nouveau», celui qui pousse sur le devant de la scène influenceurs et réseaux. Et ces courants contraires les entraîneront vers des destins opposés.
Le légendaire et dérangeant inspecteur Chen est sur la touche. Le Bureau de la réforme du système judiciaire, une voie de garage destinée à l'éloigner des enquêtes trop indiscrètes, pourrait le satisfaire en lui laissant le temps d'écrire un roman inspiré par le célèbre juge Ti. Mais on ne se refait pas, et la tentation d'aller fourrer son nez dans une affaire qui bruisse dans Shanghai-celle mettant en cause une belle courtisane qui ouvre sa table privée aux éminences et aux Gros-Sous de la ville-est plus forte que la sagesse. Tout en s'abritant derrière sa très efficace secrétaire, la jolie Jin, l'inspecteur finit par découvrir que le commerce des antiquités chinoises peut s'avérer extrêmement rentable mais parfois dangereux. Et qu'il vaut mieux ne pas se mettre à dos la Sécurité intérieure et les puissants princes rouges...
Au bord du bayou Attoyac, le corps d'un homme noir, venu de Chicago, est retrouvé. Cause présumée de la mort: noyade après un passage à tabac. Motif de l'agression selon les autorités locales: le vol. Mais pourquoi alors a-t-on retrouvé son portefeuille sur lui? Et pourquoi deux jours plus tard, au bord du même bayou, et juste derrière le café de Geneva Sweet, le cadavre d'une fille blanche est-il découvert? Dans ce Texas où Noirs et Blancs ne fréquentent pas les mêmes bars et où les suprémacistes blancs font recette, le Ranger noir Darren Mathews n'est pas particulièrement le bienvenu. Surtout quand il décide d'interférer dans l'enquête du shérif local. Darren ne connaît que trop bien ce coin de terre, et, malgré son attachement indéfectible à ce pays, il sait qu'il lui faudra mener seul sa quête pour la vérité et la justice. Un suspense aux accents de blues, doublé d'une réflexion toute en nuances sur les racines, les tensions raciales et les discriminations au sein même des communautés.
Le Mississippi. Un fleuve mythique qui descend du lac Itasca dans le Minnesota jusqu'au golfe du Mexique, en passant par Saint-Louis et La Nouvelle-Orléans. Impétueux et dangereux, il charrie des poissons argentés, des branches d'arbres arrachées, des tonnes de boue, mais aussi l'histoire du pays et les rêves d'aventure de ses habitants. Nous sommes dans les années 1980 et Eddy, qui a 30 ans, décide de répondre à l'appel de l'Old Man River, de suivre en canoë son parcours fascinant pour sonder le coeur de l'Amérique et le sien, tout en prenant la mesure du racisme, lui qui ne s'est jamais vraiment vécu comme Noir. Un livre fondateur.
Échouer à prévenir l'assassinat d'un prince n'est pas un fait d'armes dont peuvent s'enorgueillir le capitaine Wyndham et le sergent Banerjee, de la police de Calcutta. Piqués au vif par cet échec, l'inspecteur et son adjoint décident de suivre la piste des mystérieuses missives reçues par le prince jusqu'à Sambalpur, petit royaume de l'Orissa, célèbre pour ses mines de diamants. Le vieux maharajah, entouré de ses femmes, et de dizaines de concubines et enfants, paraît très affecté par la mort de son fils aîné, et prêt à accepter leur aide. D'omelettes trop pimentées pour les papilles anglaises au culte de l'étrange dieu Jagannath, en passant par une chasse au tigre à dos d'éléphant, Wyndham et Banerjee seront initiés aux moeurs locales. Mais il leur sera plus compliqué de pénétrer au coeur du zenana, le harem du maharajah, où un certain confinement n'empêche pas toutes sortes de rumeurs de circuler. Au-delà du suspense, une plongée au coeur des petits royaumes de l'Inde traditionnelle des années 1920, et une subtile analyse de l'impossible coexistence entre Britanniques et Indiens.
1919. La Grande Guerre vient de se terminer en Europe. Après cette parenthèse éprouvante, certains Britanniques espèrent retrouver fortune et grandeur dans les lointains pays de l'Empire, et tout particulièrement en Inde. Ancien de Scotland Yard, le capitaine Wyndham débarque à Calcutta et découvre que la ville possède toutes les qualités requises pour tuer un Britannique: chaleur moite, eau frelatée, insectes pernicieux et surtout, bien plus redoutable, la haine croissante des indigènes envers les colons. Est-ce cette haine qui a conduit à l'assassinat d'un haut fonctionnaire dans une ruelle mal famée, à proximité? d'un bordel? C'est ce que va tenter de découvrir Wyndham, épaulé par un officier indien, le sergent Banerjee. De fumeries d'opium en villas coloniales, du bureau du vice-gouverneur aux wagons d'un train postal, il lui faudra déployer tout son talent de déduction, et avaler quelques couleuvres, avant de réussir à démêler cet imbroglio infernal.
Paris, 1310, quartier du Marais. Au grand béguinage royal, elles sont des centaines de femmes à vivre, étudier ou travailler comme bon leur semble. Refusant le mariage comme le cloître, les béguines forment une communauté inclassable, mi-religieuse mi-laïque. La vieille Ysabel, qui connaît tous les secrets des plantes et des âmes, veille sur les lieux. Mais l'arrivée d'une jeune inconnue trouble leur quiétude. Mutique, rebelle, Maheut la Rousse fuit des noces imposées et la traque d'un inquiétant franciscain... Alors que le spectre de l'hérésie hante le royaume, qu'on s'acharne contre les Templiers et qu'en place de Grève on brûle l'une des leurs pour un manuscrit interdit, les béguines de Paris vont devoir se battre. Pour protéger Maheut mais aussi leur indépendance et leur liberté.
Aline Kiner nous entraîne dans un Moyen ge méconnu. Ses héroïnes, solidaires, subversives et féministes avant l'heure, sont résolument actuelles.
En quête de l'amour idéal, l'héroïne tarde à trouver un mari. À trente ans, déjà considérée comme une vieille fille dans une Sardaigne qui connaît les affres de la Seconde Guerre mondiale, elle finit par épouser un homme taciturne, plus âgé qu'elle, parce que sa famille le lui impose. L'amour n'est pas au rendez-vous. Elle le rencontrera beaucoup plus tard, lorsqu'elle ira sur le Continent faire une cure thermale pour soigner son «mal de pierres», des calculs rénaux. Un rescapé de la guerre, qui souffre du même mal qu'elle, aura raison de son «mal d'amour». C'est à sa petite-fille qu'elle racontera quelques décennies plus tard ses émotions, ses cheminements, tout en laissant des zones d'ombre. Mais quelle est au juste la vérité ? Elle ne se recomposera que beaucoup plus tard, de façon inattendue, lorsque la dernière pièce du puzzle tombera entre les mains de la narratrice.
Décembre 1921, le Raj tremble. Un certain Gandhi prône la désobéissance civile et des foules de manifestants pacifiques mais déterminés s'apprêtent à envahir les rues de Calcutta. Comment éviter que l'élégant prince de Galles, en visite officielle, ne soit témoin de la révolte qui gronde? C'est à cette situation inédite que la police impériale est appelée à se mesurer alors que dans la région des meurtres inexplicables se multiplient. Le capitaine Wyndham et le sergent Banerjee n'ont pas peur de se battre sur plusieurs fronts, mais pour Wyndham se rajoute une lutte serrée contre une addiction a l'opium de plus en plus envahissante. Tandis que Banerjee se donne un mal de chien pour concilier l'inconciliable: sa sympathie pour les courants indépendantistes et son appartenance à la police du colonisateur honni. Malgré leur pugnacité, l'issue de tous ces combats est loin d'être acquise.
En région parisienne, un PDG a été savamment assassiné en un lieu dont personne ne soupçonnait l'existence. Un bunker pour milliardaires, devant servir de refuge au jour de la catastrophe qui vient. Le commandant Ronan Sénéchal aurait préféré ne pas être appelé sur cette affaire le jour de la naissance de son fils. Le tueur a laissé un message, il ne s'arrêtera pas là.
En région lyonnaise, le corps d'un jeune youtubeur, connu pour appartenir a la mouvance écologiste radicale, a été repêché dans un étang. Le capitaine Irina Kowalski peine a comprendre qui a éliminé l'activiste qui voulait sauver le monde du changement climatique.
Les deux enquêteurs vont plonger malgré eux dans l'univers du survivalisme et son emprise sur les esprits. Une descente aux enfers parmi manipulateurs et comploteurs convaincus que le Grand Effondrement est imminent.
Les nouvelles réunies dans ce recueil sont très diverses. Quelques-unes se réfèrent à la vie quotidienne dans les camps de concentration. Pour Primo Levi, le camp n'est qu'un miroir du monde, et, là comme ailleurs, l'homme, qu'il soit détenu ou tortionnaire, révèle ses différentes facettes. Et d'une expérience qui aurait pu n'être que destructrice, l'auteur tire une leçon de tolérance et d'humour. Dans les autres nouvelles, les sources d'inspiration sont variées, mais Primo Levi pose toujours un regard tendre et interrogateur sur les hommes et l'univers qui les entoure.
Discrétion, tel est le maître-mot chez les ultra-privilegiés de Washington. Se faire remarquer? Quelle horreur! Si vulgaire, si nouveau-riche Pour ces «détenteurs de fortunes anciennes et de bonnes manières», ces grandes familles d'industriels, de politiciens, de militaires, à l'abri derrière les murs blancs de leurs belles demeures, l'entre-soi est de mise. Alors quand un crime abominable est commis dans leur communauté, que le massacre de la famille Banks fait la une des journaux, c'est en privé que les adultes évoquent le drame. Mais les adolescents, eux, sont chamboulés par l'assassinat de leur camarade de classe, surtout Bunny, son amie d'enfance. Alors que la vie continue, la jeune fille révoltée mène une enquête qui remet peu à peu en question le milieu dans lequel elle a grandi, l'avenir tout tracé, les fortunes construites sur des crimes abjects et si bien camouflés Tandis que les adultes mettent tout en branle pour que leurs secrets ne soient pas exposés au grand jour, les jeunes s'étourdissent dans la fête et la drogue. Mais a l'ère des réseaux sociaux, leurs frasques pourraient bien entacher la réputation de leurs parents.
Un portrait au vitriol de l'élite américaine
La Barbade, 1830. À onze ans, Washington Black n'a d'autre horizon que le champ de canne à sucre de la plantation où il travaille avec d'autres esclaves. Quand le destin frappe à sa porte, c'est sous les traits de Titch, un scientifique anglais, jeune frère de son maître qui le choisit comme serviteur. Wash montre un talent inné pour le dessin et une curiosité d'esprit telle qu'il est promu assistant pour le projet fou de l'extravagant inventeur: construire un ballon dirigeable. Lorsqu'un vent mauvais les oblige à quitter précipitamment l'île à son bord, l'aventure prend un cours inattendu. Du pôle Nord à la Nouvelle-Écosse, de Londres à Amsterdam, plus qu'un voyage, c'est un parcours initiatique qui attend le jeune Wash, en ce siècle de découvertes. Mais le chemin le plus dur à parcourir sera celui qui le conduira vers la liberté, une liberté assumée et entière.
Si nous étions en Iran, cette salle d'attente d'hôpital ressemblerait à un caravansérail, songe Kimiâ. Un joyeux foutoir où s'enchaîneraient bavardages, confidences et anecdotes en cascade. Née à Téhéran, exilée à Paris depuis ses dix ans, elle a toujours essaye de tenir à distance son pays, sa culture, sa famille. Mais les djinns échappés du passé la rattrapent pour faire défiler l'étourdissant diaporama de l'histoire des Sadr sur trois générations: les tribulations des ancêtres, une décennie de révolution politique, les chemins de traverse de l'adolescence, l'ivresse du rock, le sourire voyou d'une bassiste blonde
Une fresque flamboyante sur la mémoire et l'identité; un grand roman sur l'Iran d'hier et la France d'aujourd'hui.
Dans la famille Ezechiel, c'est Antoine qui mène le jeu. Avec son « nom de savane », choisi pour embrouiller les mauvais esprits, ses croyances baroques et son sens de l'indépendance, elle est la plus indomptable de la fratrie. Ni Lucinde ni Petit-Frère ne sont jamais parvenus à lui tenir tête. Sa mémoire est comme une mine d'or. En jaillissent mille souvenirs-pépites que la nièce, une jeune femme née en banlieue parisienne et tiraillée par son identité métisse, recueille avidement. Au fil des conversations, Antoine fait revivre pour elle l'histoire familiale qui épouse celle de la Guadeloupe depuis la fin des années 40 : l'enfance au fin fond de la campagne, les splendeurs et les taudis de Pointe-à-Pitre, le commerce en mer des Caraïbes, l'inéluctable exil vers la métropole...
Intensément romanesque, porté par une langue vive où affleure une pointe de créole, Là où les chiens aboient par la queue embrasse le destin de toute une génération d'Antillais pris entre deux mondes.
«C'est fou comme le passe sait vous rattraper», pense Thumps DreadfulWater quand ce vieux Noah Ridge débarque à Chinook pour présenter son autobiographie. Puis très vite, l'ancien policier s'interroge: pourquoi diable le leader charismatique du Red Power Movement, qui a toujours soigné son image, choisit-il cette minuscule réserve pour évoquer ses combats d'autrefois? À l'époque, le mouvement comptait de nombreux militants prêts à défendre les droits des Indiens et leurs terres. Et Thumps se souvient que l'une de leurs actions avait mal tourné, entraînant la mort de plusieurs hommes et la disparition d'une jeune femme native de Chinook S'il s'écoutait, il roulerait vers le sud et ne rentrerait que quand Noah Ridge et l'hiver auraient quitté la ville. Mais sa curiosité est la plus forte, d'autant qu'un agent du FBI choisit ce moment pour venir faire du tourisme dans les parages et que les cadavres, du passé comme du présent, s'amoncellent. Alors, en bougonnant et en grelottant dans son mauvais blouson, Thumps accepte d'assister le shérif, et d'affronter les démons, vivants ou morts.
Un Cherokee dans l'ombre des luttes passées.
Vania, Vassia et Sonia, la fille de Vassia, les trois personnages de ce flamboyant roman, sont en quête d'un avenir qui les réconcilie avec leur passe? de Cosaques. Cependant chacun lit cet avenir sous un angle différent: s'intégrer en France avec un impeccable parcours, rester russe tout en défendant la République française, reprendre coûte que coûte le combat contre Staline, quitte a? se ranger du côté des nazis... Dans ce grand roman qu'elle portait en elle depuis longtemps, Macha Méril évoque la condition des Russes blancs en France.
Paris, 1973. La Rouquine a étendu son empire dans tout Paris, de son bordel de luxe jusqu'aux hautes sphères de l'État. Un jeune flic de la Brigade mondaine, en cherchant à enquêter sur des assassinats de prostituées non résolus, va se heurter à cette figure de l'ombre. Rien n'a préparé Simon Kaspar, entré au prestigieux 36 avec une seule idée en tête - élucider par lui-même le meurtre de sa mère -, à affronter les réalités les plus troubles en ces derniers mois de la présidence de Pompidou. Un univers fait de coups tordus, d'écoutes illégales, de manipulations, où tout ramène sans cesse à la Rouquine. Celle à qui les chefs du Quai des Orfèvres ne refusent rien. Celle qui intéresse un commissaire des services secrets pour son rôle dans des opérations de déstabilisation. Celle dont le compagnonnage avec la police aurait débuté en 1943, quand l'heure était aux rafles de Juifs et de résistants FTP-MOI...
Ce roman au suspense haletant raconte une époque qui n'en a pas fini avec la Collaboration.