Qu'est-ce que le capitalisme ? Le mot est couramment utilisé, mais sait-on clairement ce qu'il signifie et ce qui le distingue d'autres systèmes économiques mais aussi politiques ? Car plus qu'un système économique, le capitalisme est une forme d'organisation de la société, un aménagement des liens sociaux et une croyance collective qui policent nos comportements. À partir d'une approche historique, Pierre-Yves Gomez met au jour la structure du capitalisme en la comparant à celle d'autres civilisations. Il montre en particulier l'importance qu'y joue l'État-nation, la place ambiguë du « marché », le rapport à l'environnement naturel qu'il impose et pourquoi la recherche du profit constitue la clé de voûte de sa culture. Une analyse décapante et rigoureuse qui permettra au citoyen éclairé de se faire sa propre opinion sur l'avenir de nos sociétés.
L'économie peut-elle être sociale et solidaire ? Oui, si elle produit non pas l'enrichissement individuel, mais des biens et des services utiles à tous. Rassemblant les structures qui cherchent à concilier performance, gouvernance démocratique et utilité collective, l'économie sociale et solidaire (ESS) représente en France un secteur important et en fort développement : 10 % du PIB, 12 % des emplois. Du commerce équitable à l'épargne solidaire, en passant par le champ de la protection de l'environnement, de la lutte contre l'exclusion, de la santé ou de l'égalité des chances, l'ESS pourrait bien nous aider à relever les grands défis de notre temps.
Mettre à la disposition d'un large public d'étudiants ou d'amateurs les textes constitutionnels majeurs, de la déclaration de 1789 à la Constitution de 1958, tel est le propos de ce recueil parfaitement à jour des dernières révisions constitutionnelles et de leurs divers prolongements légaux. Il sera ainsi tout aussi utile à l'historien qu'au juriste, au monde de ceux qui fréquentent les écoles et les universités qu'aux citoyens désireux de nourrir leur réflexion institutionnelle ou de réfléchir aux grandes étapes de l'exception constitutionnelle française.
Nul ne peut y échapper : les droits et libertés fondamentaux sont partout. De fait, la référence à la fondamentalité, indissolublement liée à l'essor de l'« État de droit », s'est largement banalisée au point de devenir un passage obligé de tout discours juridique et politique. Mais ce succès grandissant ne doit pas tromper. L'expression « droits et libertés fondamentaux » ne donne pas une vision cohérente et homogène des objets qu'elle vise. Telle est son ambivalence. Ce sont ces dynamiques et ces paradoxes, parfois ces contradictions qui peuvent se faire jour entre « droits » et « libertés », que Mustapha Afroukh s'attache à comprendre. En retraçant l'origine de cette nouvelle catégorie, il analyse le rôle central qu'exerce le juge dans leur protection mais aussi les interrogations que son usage suscite encore aujourd'hui, dans un contexte où se fragilise un peu plus chaque jour le modèle de l'État de droit.
« On lie les boeufs par les cornes, et les hommes par les paroles », disait le juriste Loysel en 1607. Toute l'ambivalence du contrat est là. En échangeant leurs paroles, les hommes s'engagent et se lient les uns aux autres. Par leur parole encore, ils peuvent se projeter dans l'avenir et tenter d'avoir prise sur lui. Enfin, en respectant la parole qu'ils ont donnée, ils lui confèrent sa valeur, déterminant la nature de la relation qu'ils ont nouée avec les autres. Le « droit des contrats » désigne ainsi le « droit des obligations librement consenties », en d'autres termes le droit des engagements volontaires. Mais la liberté de se lier ne serait-elle pas un oxymore ? Au droit revient la tâche de canaliser et de garantir la parole donnée, et ce faisant d'articuler tous les mots qui disent le contrat, à commencer par la liberté, la volonté, la force obligatoire, la loi et, bien sûr, la justice.
Tout notre système économique repose sur l'idée de croissance. Pour investir, se développer, lutter contre le chômage, rembourser la dette, améliorer nos conditions de vie, il faudrait encore de la croissance, toujours de la croissance... Mais comment « croître » indéfiniment dans un monde fini ? Quand toutes les ressources naturelles arrivent à épuisement ? Et si l'idée de croissance n'était qu'une croyance parmi d'autres ? Serge Latouche déconstruit méthodiquement une idéologie qui n'est qu'une hypothèque sur l'avenir. Il rappelle qu'à l'inverse le projet de la décroissance n'est pas un retour à l'âge de pierre ! En remettant en cause le productivisme et la philosophie de l'Homo oeconomicus, il entend poser les conditions d'un changement profond de notre système de valeur. La décroissance ? Un art de vivre bien, sobrement, en accord avec le monde, un art de vivre avec art.
La Chine n'est plus seulement l'empire du milliard, une vieille nation anesthésiée par un siècle de déclin, quarante ans d'anarchie puis trente ans de communisme révolutionnaire, un parent pauvre, porteur d'une vague menace démographique. Après un quart de siècle de croissance à marche forcée, la Chine est devenue un acteur important du commerce international, le premier pays d'accueil des investissements étrangers, le pôle le plus dynamique de l'économie mondiale. On ne lui promet plus un hypothétique réveil mais, avec un peu de présomption, dans un avenir prévisible, le rang de première puissance économique. Bruno Cabrillac dresse le tableau de l'économie de la Chine, entre croissance économique et augmentation des inégalités sociales, réformes libérales et maintien du Parti communiste.
Le coaching se développe significativement en France depuis une vingtaine d'années. Il est un processus structuré d'accompagnement destiné à favoriser un environnement de croissance et d'optimisation du potentiel de la personne. À travers une sorte de maïeutique, coach et client forment un partenariat stimulant, grâce auquel le coaché peut évacuer des obstacles à son développement, faire émerger ou acquérir de nouvelles compétences et améliorer sa performance. Cette relation d'aide est fondée sur des concepts, des méthodes et des outils issus des théories de l'organisation comme du vaste champ psychothérapeu-tique.?Ce livre propose une synthèse des principaux aspects tant théoriques que pratiques de ce que représente aujourd'hui le coaching.
Les juristes sont en prise directe avec leur temps?: les situations qu'ils traitent quotidiennement évoluent rapidement et de façon permanente. Cela ne doit pas masquer que le droit d'aujourd'hui est le résultat d'une histoire faite de codes, de textes fondamentaux, de concepts, d'usages, d'institutions, de jurisprudence, mais aussi d'événements politiques et d'évolutions sociales, histoire sur laquelle les juristes s'appuient toujours pour proposer des solutions. Car c'est à la lumière de ces savoirs divers et anciens que se construit la compréhension du droit contemporain. Depuis les «?lois d'Ur-Nammu?» (v. 2100-2050 av. J.-C.) jusqu'à la «?question prioritaire de constitutionnalité?» (2010), Jean-Marie Carbasse présente et explicite le(s) sens de 100 dates essentielles à une «?culture juridique?».
Il y a des questions concernant le droit auxquelles il est impossible de répondre par la simple analyse du droit en vigueur et que pourtant ni les juristes ni les philosophes ne peuvent éviter. Ce sont celles qui font l'objet de la philosophie du droit. Elles concernent notamment la définition du droit et d'abord celle du droit en usage lui-même, les rapports que le droit entretient avec le pouvoir, la force ou la morale, la possibilité d'une science du droit, la structure du système juridique ou encore la spécificité du raisonnement juridique et des concepts employés par les juristes.
Comment peut-on être protectionniste ? Pour le discours économique dominant, c'est le libre-échange qui a apporté la prospérité générale, la paix internationale et le bonheur des peuples. Mais ce discours n'entretient-il pas sciemment la confusion entre autarcie et protectionnisme, surtout si l'on envisage celui-ci comme une forme de régulation, à l'image des écluses régulant le cours d'un fleuve ? Le retour du protectionnisme est aujourd'hui une évidence. Il a une histoire, qui remonte à la naissance de l'économie politique « classique ». Parmi ses principaux théoriciens : Georg Friedrich List (1789-1846) ou encore Henry Charles Carey (1793-1879). Or, le protectionnisme peut-il réellement avoir de l'avenir dans un monde ouvert et globalisé ? C'est ce que Jacques Sapir explore dans cet ouvrage. Sans être exhaustif mais avec un grand souci de clarté, il donne une vue fidèle du déploiement de la pensée protectionniste et des arguments qui plaident en sa faveur. Ce faisant, il déconstruit quelques idées reçues bien ancrées et prouve notamment que c'est le protectionnisme, et non le libre-échange, qui est à l'origine de la croissance économique...
L'entreprise est une microsociété en même temps qu'un instrument collectif. Elle présente des éléments de stabilité et d'imprévisibilité qui en font une structure propice, mais aussi résistante, au changement. L'une des variables décisives de cette capacité d'évolution est la ressource humaine qui la fait vivre. L'apparition des « ressources humaines » dans le langage de l'entreprise est récente, et ses répercussions sur les décisions stratégiques ou quotidiennes très inégales selon les firmes. Quel est le contenu concret de la gestion des ressources humaines, en rapport avec les conditions actuelles du développement des entreprises ? Quel outil de connaissance constituent-elles ? Quelle gestion nouvelle de l'emploi ont-elles introduite ?
Alors que la mondialisation effrénée semble connaître ses limites, de plus en plus de voix s'élèvent pour repenser notre économie à partir du local. De quelles ressources disposent effectivement les territoires ? Quelle est leur autonomie réelle ? Quels liens entretiennent-ils avec les instances qui les englobent, de la région au transnational en passant par l'État ? Le territoire, pensé comme un système économique qui possède son propre mode d'organisation, doit trouver un équilibre entre autonomie et intégration au sein de systèmes globaux. Francis Aubert analyse les perspectives d'une économie territoriale, en intégrant les défis actuels et futurs que soulève la géographie économique, notamment en matière d'environnement et de ressources naturelles. Il montre ainsi que penser local n'est pas synonyme de repli sur soi et ouvre de véritables perspectives de développement.
Le droit international n'est pas un droit comme les autres : ses règles connaissent un développement exponentiel, désordonné, et proviennent de multiples lieux. Ce droit est un processus fondamental de régulation et de canalisation des violences internationales, un langage commun indispensable, une technique instrumentale au service des États et de tous les acteurs de la société internationale, une promesse de pacification. Mais il est aussi inscrit depuis son émergence moderne dans un monde profondément inégalitaire où il nourrit autant de violences qu'il permet d'en apaiser. Au-delà d'une technique juridique, il est, et a toujours été, la projection à l'échelle transnationale des valeurs et des intérêts des acteurs dominants de la société internationale tout en étant utilisé par les mouvements de résistance à cet ordre dominant. En présentant toutes les facettes du droit international, Emmanuelle Tourme-Jouannet nous montre qu'il n'est pas exempt d'ambivalence et éclaire ses évolutions les plus actuelles à l'aune de son histoire.
Le droit civil est la pierre angulaire de notre système juridique, comme branche du droit mais aussi comme modèle historique, théorique et culturel. Dans cet ouvrage, Frédéric Rouvière en examine l'ensemble des facettes. Non seulement il en donne une vue générale, mais il en souligne encore les logiques sociale, politique, économique et morale. Son objectif ? Montrer que le droit civil est, en Occident, le berceau d'une technique juridique devenue un véritable mode de pensée. À la fois symbole, valeur et institution, il est un élément essentiel de la culture juridique et générale, et ce faisant la meilleure introduction concrète au droit.
La politique économique est l'étude de ce qui relève de l'État dans la vie économique, c'est-à-dire les actions qui ne rentrent pas dans une stricte relation de marché. Les objectifs économiques de l'État et de son partenaire privilégié qu'est la banque centrale sont essentiellement d'éviter le chômage, l'inflation et le déficit extérieur, et les outils d'analyse à leur disposition sont ceux développés par la science économique. Jean-Marc Daniel nous montre sur quels fondements s'élabore une politique économique et comment elle résulte toujours d'un savant dosage entre instruments keynésiens et instruments classiques, entre politique budgétaire et politique monétaire.
Centres financiers offshore, zones franches, micro-États, provinces autonomes, États fédérés... Les paradis fiscaux ne sont ni tout à fait semblables ni tout à fait différents. Chacun est le fruit d'une histoire, d'une géographie ou d'un système politique particuliers. Il n'existe donc pas de paradis fiscal type, mais de multiples modèles qui s'adaptent constamment et proposent des régimes fiscaux incitatifs, où se mêlent secret bancaire, fiscalité et droit des sociétés. Où sont les paradis fiscaux ? Quels sont les montages juridiques qui permettent de faire de l'optimisation, voire de l'évasion fiscales ? Quels sont les principaux dispositifs de lutte ? Autant de questions auxquelles Pierre-Alexis Blevin apporte des réponses précises, nourries de nombreux exemples. Où l'on verra en quoi, pour les États-nations qui tirent leurs ressources de l'impôt, les paradis fiscaux sont l'enfer de la mondialisation...
Pour qui veut réfléchir sur les droits fondamentaux, le fonctionnement des régimes politiques, la sensible incidence de la crise financière sur les institutions contemporaines et les grandes questions de doctrine constitutionnelle, le retour aux textes est indispensable. Cet ouvrage propose tous les textes constitutionnels américains et britanniques et de très larges extraits des constitutions allemande, suisse, italienne, espagnole et russe. Il est parfaitement à jour des dernières évolutions.
Le mot « management », utilisé à tort et à travers depuis la fin des années 1960, recouvre une réalité à la fois plus simple mais aussi plus essentielle qu'il n'y paraît dans l'entreprise. Mettre en oeuvre les moyens techniques, financiers et humains pour accomplir une tâche et réaliser les objectifs fixés par une organisation, tel est l'objet du management. Alors que notre société est plus que jamais fondée sur l'information et que la hiérarchie bureaucratique disparaît au profit de nouvelles organisations négociées, Raymond-Alain Thietart expose avec une grande clarté les origines du management, ses fondements théoriques et ses grandes composantes que sont les fonctions de planification, d'organisation, d'activation et de contrôle.
Nul ne peut échapper au droit. Celui qui naît se voit déjà doté d'une filiation, d'un nom, d'un prénom, et aussi sans doute d'un domicile et d'une nationalité. Tout au long de la vie se nouent de multiples liens juridiques créateurs d'obligations diverses (achats les plus quotidiens, mariage, contrat de travail, etc.). Même la mort est soumise à de nombreuses règles de droit (sort du cadavre, respect dû à la mémoire des morts). Cette familiarité du droit ne doit pas tromper : le droit est une discipline complexe, au vocabulaire particulier, à la technicité indéniable. Au-delà de cette technicité et de la variété des matières juridiques, Muriel Fabre-Magnan nous invite à « penser en droit », à cerner la structure et le cadre général de cette discipline pour mieux mesurer l'apport du regard juridique dans nos sociétés.
Nous vivons dans des sociétés de plus en plus numérisées où presque toutes les activités humaines dépendent du bon fonctionnement des technologies de l'information, en particulier d'Internet. Les États, les entreprises, les forces armées, les activistes, le crime organisé et même les particuliers apprécient l'avantage stratégique de l'arme numérique pour capter des données ou de l'argent, déstabiliser une organisation ou attenter à sa réputation. Tous sont ainsi irrigués par une informatique vulnérable aux cyberattaques. Nos vies personnelles et professionnelles se trouvent dorénavant menacées par ces nouvelles formes d'affrontement et dépendent de la cybersécurité. Laissée sans contraintes, celle-ci peut néanmoins aboutir au cauchemar d'une société de la surveillance totale. À chacun le devoir de s'informer sur les enjeux de la sécurité numérique.
Depuis le traité de Rome en 1957, la communauté européenne a connu plusieurs organisations monétaires, du Système monétaire international (SMI) à l'Union économique et monétaire (UEM) instaurant l'euro, en passant par l'ECU (European Currency Unit) à la fin des années 1990. La monnaie unique, prévue dès l'origine par les pères fondateurs, a joué un rôle décisif pour unifier le marché des biens, des services et des capitaux, et intensifier ainsi les échanges. Néanmoins, elle ne saurait suffire à faire converger les économies des pays membres. Peut-on maintenir la monnaie unique sans créer une union fédérale?? Préserver l'Union européenne en renonçant à certains aspects de l'intégration monétaire?? Quelles réponses donner aux défis que constituent la prééminence du dollar sur l'économie mondiale, l'émergence des cryptomonnaies ou le retour de l'inflation?? Autant de questions que soulève cet ouvrage, qui revient sur les fondements du système monétaire du Vieux Continent.
La notion de service public a acquis une place singulière en devenant, au xxe siècle, emblématique du modèle français de l'État?: ligne de démarcation entre le public et le privé, elle est l'incarnation d'un État préposé à la satisfaction des besoins collectifs. Les services publics jouent un rôle structurel et structurant dans la société française?: ossature de la vie collective autant que garants de l'accès de tous à certains bien essentiels, ils ont été conçus comme un instrument privilégié d'intégration et de cohésion sociale. Cette conception a été ébranlée au cours des dernières décennies par la dérégulation néolibérale. Mais si la réduction du périmètre des services publics s'est accompagnée d'une banalisation de leur statut au nom d'un impératif d'efficacité, le service public n'en est pas devenu pour autant une notion vide de sens. Dans cet ouvrage, Jacques Chevallier entend décrypter les différentes significations de la conception française du service public et analyser sa dynamique actuelle.
Depuis le droit romain, le droit se décompose en deux ensembles : le droit privé et le droit public. On parle de summa divisio juris, selon la formule latine consacrée. En France, les juristes sont donc soit « privatistes », soit « publicistes ». Mais pourquoi le droit constitutionnel est-il une branche du droit public, mais pas le droit civil ? Et si droit privé et droit public n'étaient au fond que des qualifications scientifiques à vocation didactique ? Benoît Plessix rappelle à tout le moins que le droit public n'est pas une donnée naturelle et immuable, mais une construction intellectuelle culturellement située, en l'occurrence dans la tradition juridique occidentale, où le droit privé lui préexistait. Il retrace les conditions et les concepts juridiques propres (le pouvoir, la souveraineté, l'État, etc.) qui ont permis au droit public d'être l'« Autre » du droit privé.