L'Europe, l'ancienne, celle d'un Vieux Monde bouleversé par la révolution industrielle, et l'Union européenne, belle utopie née sur les cendres de deux grandes guerres, sont l'alpha et l'oméga de cette épopée sociopolitique et humaniste en vers libres relatant un siècle et demi de constructions, d'affrontements, d'espoirs, de défaites et d'enthousiasmes. Un long poème en forme d'appel à la réalisation d'une Europe des différences, de la solidarité et de la liberté.
Ne nous méprenons pas : si Ovide emploie les termes amor, amans, amare, amata tout au long de L'Art d'aimer, d'amour il n'est pas tout à fait question. Il s'agit plutôt d'un jeu de séduction. Ovide y fait état, au travers de conseils tantôt sérieux tantôt goguenards, des rapports de domination qui s'exercent lorsqu'il s'agit d'amadouer l'autre, de le piéger, tout en veillant à ne pas sous-estimer la force de la ruse, arme redoutable s'il en est dans cet étrange pas de deux.
Le lieu d'envoûtement est celui que recherche l'aventurier : les images de navires, de haute mer, de vents, contraires ou favorables, viennent très régulièrement rappeler au lecteur qu'il est embarqué dans une odyssée commune à tous. Et le poète en est le capitaine. Lui qui est passé maître dans l'art de faire l'amour tout autant que dans celui de le dire nous enseigne alors comment s'y prendre, s'y laisser prendre, s'en déprendre.
L'Art d'aimer, de par sa nature, malmène la morale. Il vaudra à son auteur l'exil, décidé par Auguste, dont Ovide ne reviendra jamais malgré les supplications contenues dans Les Tristes et Les Pontiques (Babel numéro 1670). Il est, dans ce recueil dont la traduction a été saluée du prix Laure-Bataillon classique, accompagné de trois autres textes dédiés aux sentiments et aux femmes qui les animent, aimées et désirées, craintes parfois, regrettées toujours.
Des poèmes engagés voyagent dans les interstices de l'oeuvre romanesque de Laurent Gaudé, dénonçant le sort que les hommes font aux opprimés - hier esclaves assujettis au commerce triangulaire des pays riches, aujourd'hui migrants économiques et réfugiés en quête d'une introuvable terre d'accueil.
L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, au XVIIIe siècle, donnait à la frontière cette extension de sens : "Ce mot est dérivé, selon plusieurs auteurs, du latin frons ; les frontières étant, disent-ils, comme une espèce de front opposé à l'ennemi. D'autres font venir ce mot de frons, pour une autre raison ; la frontière, disent-ils, est la partie la plus extérieure & la plus avancée d'un état, comme le front l'est du visage de l'homme."
C'est à la lumière de cette définition-là que ce livre s'autorise tous les franchissements, retours amont, périls et états d'âme. Avec la poésie pour laissez-passer, l'intime s'apparente ici à une géographie secrète.
N'appartenant à aucun genre répertorié, ni essai, ni anthologie poétique, ni récit autobiographique,
bien que tout cela à la fois, ces pages des plus alertes et des plus alertées s'attaquent tout autant aux barricades de l'être qu'aux barrières de terre ferme.
Sans cesser de rappeler les éléments du désastre, ces poèmes cherchent la lueur de l'aube.
Ils convoquent les éléments, la matière, sa puissance. Il condamne l'homme et ses débordements, chante ses déambulations, celles qui le propulsent finalement vers l'état de résistance, celui du combattant qui tente de restaurer sa vie, sa liberté et l'existence des siens.
En l'an 8 de notre ère, Ovide doit s'exiler sur ordre de l'empereur Auguste. Il ne reviendra jamais à Rome : il mourra à Tomes à l'âge de soixante ans. Durant près de dix ans, il écrira aux siens, à l'empereur, et ses lettres sont parmi les oeuvres les plus poignantes que la littérature ait produites : d'abord Tristia (Les Tristes) puis Epistulæ ex Ponto (Les Pontiques). Cris de douleur, d'amour, de révolte, ces poèmes épistolaires parlent aujourd'hui à tous les êtres qui ont connu ou connaissent l'exil - qu'il soit directement imposé par le pouvoir ou rendu nécessaire pour préserver sa vie.
Cette anthologie poétique couvre l'oeuvre de Nouri al-Jarrah, grand poète syrien, de 1988 à 2019. Le livre s'ouvre sur les écrits les plus récents, de longs poèmes en plusieurs chants, inspirés notamment de la mythologie grecque, et marqués par la tragédie syrienne, pour aboutir à l'un des premiers recueils du poète, quand sa voix commençait à acquérir sa propre tonalité.
Nouri al-Jarrah est sans doute l'un des très rares poètes arabes vivants, sinon le seul, à marier avec bonheur l'épique et le lyrique, qui plus est dans une langue où transparaît son souci constant de la sonorité des mots.
Cette édition bilingue des Sonnets de Shakespeare est traduite, présentée et annotée par l'un des plus grands spécialistes de la période élisabéthaine, Robert Ellrodt, auteur notamment de l'édition des poèmes de Keats et de Shelley pour l'Imprimerie nationale.
Au fil de ces poèmes composés dans les années 1970, on retrouve les thèmes de prédilection d'un jeune Paul Auster qui n'était pas encore romancier. Grâce à la traduction limpide de Danièle Robert, poète elle-même, lire ces vers revient à découvrir les bourgeons qui ont fleuri ensuite dans l'oeuvre que l'on connaît.
En lien avec le 24e Printemps des Poètes ayant L'ÉPHÉMÈRE pour emblème (12-28 mars 2022).
Après La Poésie à l'épreuve de soi, après Espère en ton courage, voici un nouvel opus ayant le désir pour cible.
Entre aimantation des sens et sentiment d'inquiétude, qui sont les ferments de la poésie. Entre rêves d'enfance et impatiences aguerries. Entre secrets inavoués et septième ciel. Lorsque les mots osent les élans du sexe et de l'esprit. D'hier à aujourd'hui.
Sophie Nauleau nous invite à un nouveau voyage à travers la poésie.
Anthologie puisée dans quatre recueils de poèmes dont la publication s'est étalée de 2009 à 2019 : "Un billet pour deux" (2009), "Prière pour le début du gel" (2014), "Métaphysique du renard" (2016), "Le deuil ne porte pas de couronne"(2019). Accablé au cours de ces années par la disparition, l'un après l'autre, de ses proches amis, notamment le poète Bassam Hajjar (auteur de "Tu me survivras") et l'écrivaine et éditrice Mayy Ghoussoub, et grièvement blessé lui-même dans un accident de la route qui l'a plongé deux semaines dans le coma, le poète donne libre cours dans ces recueils au même sentiment de perte, mais avec des tonalités très variées allant du cri de douleur à la méditation métaphysique chuchotée. Il confirme de nouveau sa place parmi les plus grands poètes arabes contemporains.
Avec Paradis, Dante aborde l'ultime partie du voyage avec Béatrice pour accomplir sa mission : donner à lire, à ses contemporains et à la postérité, le "poème sacré". Il entre alors dans la connaissance d'un au-delà (du monde terrestre /de la pesanteur / du temps / du langage) où tout est aboli : actes du corps, rêve, temps et espace, paysages, figures humaines. Rien n'importe plus, sinon la "connaissance du vrai", l'un des pivots de la pensée dantesque. Une expérience à ce point hors du commun, "divine", qui est expérience de l'éternité requiert le déploiement de toutes les ressources du langage si bien que Paradis regorge de formes novatrices destinées à en rendre compte et que la traductrice Danièle Robert réussit magnifiquement, entre brio, empathie et rigueur, à restituer pour mieux nous faire prendre la mesure de l'invention extraordinaire que constitue l'oeuvre de Dante ( de la naissance duquel sera fastueusement célébré, en 2021, le sept-centième anniversaire).
Avec la publication de Purgatoire, deuxième volet de cette traduction novatrice de la Divine Comédie par Danièle Robert, Actes Sud se donne pour mission de contribuer à faire rayonner cette oeuvre unique, véritable monument du patrimoine mondial.
Un nouveau recueil, en deux cycles, de l'immense auteur néerlandais Cees Nooteboom. D'abord "L'oeil du moine", une série de 33 poèmes solaires, qui approchent la beauté des mondes. Puis "Adieu", composé en partie lors du confinement du printemps 2020, marqué par l'impossibilité et la mort.
Amjad Nasser est le pseudonyme de Yehia Awwad al-Nu'aymi, célèbre poète, romancier et chroniqueur jordanien né en 1955 et unanimement considéré comme un maître du poème en prose. Son dernier recueil, Le Royaume d'Adam, qui vient de paraître alors qu'il se trouve entre la vie et la mort, rongé par un cancer du cerveau, est salué comme un chef-d'oeuvre, grâce notamment à son souffle épique en résonance avec La Divine Comédie. C'est l'occasion de publier, enfin, en français une anthologie substantielle et plusieurs fois retardée de son oeuvre poétique.
Après La poésie à l'épreuve de soi, paru en écho au Printemps des Poètes 2018 dédié à L'Ardeur, voici un nouvel opus qui met Le Courage au coeur de l'engagement poétique. Dans les pas de Corneille et son célèbre Espère en ton courage, Sophie Nauleau propose un parcours audacieux qui éveille, des troubadours à nos jours, les poèmes qui n'ont pas craint de tenir hardiment parole.
Ce livre paraîtra en amont de la 22e édition du Printemps des Poètes ayant Le Courage pour emblème, du 7 au 23 mars 2020.
Avec une couverture de Marc Riboud.
En Allemagne, Jan Wagner est unanimement considéré comme le poète le plus doué, le plus inspiré et le plus original de sa génération ; et même, au fil de traductions de plus en plus nombreuses et depuis l'annonce du Prix Büchner, comme l'une des voix majeures de la poésie contemporaine. Un « enfant prodige », chez qui l'érudition le dispute à la créativité - et à une curiosité, un émerveillement inépuisables face aux êtres et aux choses.
Tous possédés par l'argent, ils finiront morts. Le patron n'a peur de rien, pas même de tuer, et il tue. Mais face à l'assassin, il hésite : sa jeunesse l'effraie et le fascine.
2 femmes, 8 hommes / 1 h 20
"Lycée Victor Hugo (Marseille). Kate, Bone, les autres, à cheval avec des arcs." Ou la visite guidée par des lycéennes de leur établissement scolaire, entre zone, questions d'éducation, et priorités variées (faire l'amour ou faire la guerre ?).
Personnages : 10 jeunes filles, 5 garçons / durée : 1 h 30
Par la richesse exceptionnelle de son vocabulaire, ses fougueuses sonorités et la luxuriance de ses images, empruntées aux rudes paysages de son village natal, à sa flore et sa faune, l'écrivain kurde syrien, Salim Barakat, construit une oeuvre poétique qui ne compte pas moins de vingt titres, et qui rivalise en originalité avec son imposante oeuvre romanesque.
Pour la collection "Essences", Lyonel Trouillot s'est prêté au jeu des réminiscences olfactives. Sans précision de lieu ni d'époque, une mère parle à sa fille. Fugitive marquée au fer d'une fleur de honte, elle revisite les parfums violents de ses haltes et de ses errances. Un voyage dans le souvenir de cités délabrées, de paysages désertiques, de musiques barbares, de corps défaits et de rêves interdits qui fait naître en elle, comme après chaque épreuve, dans la promesse de l'enfant à naître à qui elle raconte aujourd'hui son histoire, le doux parfum des temps à venir.
Recueil de poésie visuelle recomposé à la faveur de cette réédition, les Typoèmes de Jérôme Peignot réinventent une lecture typo-graphique et ludique du monde, comme autant d'images alphabétiques nouvelles pour « retrouver l'étymologie graphique des êtres et des choses ».
Typique du paysage anglais, le "haha" est un mur au fond d'un fossé : il permet la présence de vaches et de moutons sur votre pré - mais à une agréable distance, évitant la malodorante inélégance d'une trop grande proximité. De même, dans son recueil de poèmes, l'américain David Kirby, artiste du coq à l'âne. Sa poésie narrative et taquine est une exploration des manières qu'a l'esprit d'inviter le chaos tout en le tenant à distance. Avec un humour qui est ici une forme radicale et turbulente d'intelligence, et un sens du jeu joyeusement contagieux.