Le quatrième évangile, appelé l'évangile de Jean, est une source biblique importante pour le christianisme. Il a joué un rôle déterminant dans l'élaboration des credo des IVe et Ve siècles qui ont durablement fixé la compréhension de la personne de Jésus dans le cadre d'une culture grecque qui n'est plus la nôtre. Au terme de cinq années de travail fondées sur les études des exégètes, John Spong en est arrivé à penser que cet Évangile doit être relu comme un livre juif, écrit pour des Juifs devenus chrétiens à la fin du premier siècle de notre ère, 65 ou 70 ans après la crucifixion.
Cet ouvrage explore les raisons pour lesquelles la religion chrétienne, qui a « formaté » la presque totalité de la culture occidentale jusqu'à une époque récente, est maintenant répudiée par la majeure partie des Occidentaux. Cette sortie de la religion, dont parlent sociologues et philosophes, et dans laquelle se reconnaissent de nombreux chrétiens, est l'aboutissement d'une longue histoire. Elle va du Néolithique à ces derniers siècles où les humains se sont émancipés de l'explication religieuse de l'Univers.
Reconnu pour sa solide culture biblique, fondée sur les travaux de l'exégèse moderne et pour sa bonne connaissance de l'hébreu et du grec, John Shelby Spong développe ici le grand intérêt à lire les évangiles avec des lunettes juives, en s'appuyant en particulier sur les travaux de l'exégète anglais Michaël Goulder. La méthode du midrash, qui consiste à raconter l'histoire de Jésus en lien avec l'histoire sacrée du peuple juif, est en effet partout présente dans le Nouveau Testament et tous les évangiles sont des livres profondément juifs.
« Nul ne guérit de son enfance » chante Jean Ferrat. En ouvrant son livre, Paul Fleuret raconte son enfance éprouvée. Par le prénom reçu comme un poids de mort, comme le présage d'un chemin de vie difficile. Par la vie familiale avec son lot de problèmes, tempérés cependant par la richesse de sa diversité. Par le traumatisme causé par l'agression d'un pédophile.
Le christianisme est-il en train de s'éteindre, comme le répètent les oracles de la décadence ? Une quinzaine de chrétiens ont accepté de se livrer à une opération vérité. Ils ont décidé de prendre le temps et la plume pour livrer un témoignage de leur foi chrétienne, une attestation approfondie et critique des « raisons » qu'ils ont de croire.
Au début du XVIe siècle, le christianisme était en crise, en proie à des conflits qui donnèrent naissance à la Réforme protestante. Un peu plus tard, le mouvement de Martin Luther fut suivi par une période révolutionnaire dans les connaissances humaines. Ces évolutions historiques et scientifiques eurent pourtant peu d'impact sur l'adhésion des chrétiens à des doctrines élaborées durant les premiers temps de l'ère chrétienne. C'est la raison pour laquelle le christianisme est devenu « in-croyable » (Unbelievable).
L'exégète biblique et évêque John Shelby Spong soutient l'idée que le déclin progressif des Églises nécessite d'élaborer un tout nouveau genre de christianisme : une foi profondément en phase avec l'expérience humaine plutôt qu'avec des dogmes dépassés. Pour la vitalité du christianisme, il lance un appel aux chrétiens à actualiser leur foi à la lumière des progrès dans nos connaissances, notamment bibliques, et à questionner les enseignements rigides qui se sont renforcés avec la Contre-Réforme catholique.
Par sa résistance révolutionnaire à l'autorité de l'Église au XVIe siècle, le mouvement de Luther peut encore servir de modèle, selon Spong, pour les chrétiens insatisfaits d'aujourd'hui. Alors que les réponses des Réformateurs sont, elles aussi, devenues insuffisantes, leur démarche peut encore nous servir de guide. L'idée de Dieu a-t-elle encore un sens ? Pouvons-nous encore en toute honnêteté suivre les credo historiques ? Des prétentions telles que l'infaillibilité du pape ou l'inerrance de la Bible ne sont-elles pas irrecevables ?
L'auteur expose ici douze « thèses » pour aider les croyants d'aujourd'hui à reformuler leur foi. Avec cet ouvrage qui conclut sa carrière d'écrivain, l'évêque Spong continue à conjuguer une tradition intellectuelle rigoureuse et la recherche d'une foi chrétienne innovante. Son approche incite les chrétiens et autres croyants à entrer dans des perspectives qui donnent sens.
La grande préoccupation de l'évêque John Shelby Spong a toujours été de sauver la Bible d'une lecture littéraliste. Tranchant sur la pratique de nombre de ses pairs, anglicans et catholiques, sa démarche est de relire l'Ancien Testament et le Nouveau, en tenant compte de la recherche exégétique des deux derniers siècles. Il est l'un des pionniers de l'initiation du grand public à une lecture de la Bible selon la méthode critique.
Aujourd'hui encore, les courants fondamentalistes (évangéliques, pentecôtistes...), mais pour une part aussi les Églises établies s'en tiennent à une reprise mot à mot de textes écrits il y a deux millénaires, et bien plus pour la Bible juive, dans le cadre de pensée de l'époque. Beaucoup de croyants n'ont simplement pas été tenus au courant des études entreprises depuis le XIXe siècle. Le jour où les Églises catholiques et protestantes offriront au monde une alternative au fondamentalisme biblique reste donc à venir.
J. Spong a jugé indispensable de faire entendre une autre voix dans l'arène publique. Son but dans ce livre est d'abord de libérer la Bible de l'emprise de ceux qui en font une vérité littérale, puis d'embrasser toute l'histoire sacrée à un niveau intellectuel auquel le littéralisme n'est jamais parvenu. Aux chercheurs, cet ouvrage paraîtra élémentaire. Pour les lecteurs qui n'ont qu'un souvenir imprécis des récits bibliques, il pourra être éclairant et stimulant. Son espoir est que, grâce à sa lecture, les fidèles des Églises chrétiennes autoriseront leurs esprits du XXIe siècle à découvrir une vérité de la Bible qui offre toujours un message de vie et de lumière.
John Shelby Spong a été évêque de Newark (1976-2000) dans l'Église épiscopalienne des États-Unis (tradition anglicane). Il est l'un des rares intellectuels chrétiens à ouvrir les portes d'un christianisme pour notre temps. On lui doit notamment Jésus pour le XXIe siècle (Karthala, 2e éd. revue, 2015).
La résurrection de Jésus se trouve au fondement même du christianisme. C'est cette expérience appelée « Pâques » qui a propulsé le mouvement chrétien dans l'histoire. John S. Spong tente donc, dans ce livre, de reconstruire le moment de cette expérience qui a transformé des disciples effondrés en intrépides témoins.
Évangélisées depuis le début du XIXe siècle, les sociétés douala de la côte et bamoun de l'ouest du Cameroun ont connu une forte interaction des univers culturels autochtones et étrangers. Le missionnaire protestant Jean-René Brutsch, en poste dans le pays de 1946 à 1960, a été un acteur engagé dans cet échange et dans les dynamiques de transculturation du christianisme qu'il a suscitées, non seulement dans la population, mais également chez les missionnaires. Tel est le sujet principal de cet ouvrage, redevable, comme nombre de travaux historiques, du riche fonds d'archives de Brutsch conservé au Défap - Service protestant de mission (Paris).
Explorant le champ de la transculturation, l'auteure analyse l'enthousiasme avec lequel le peuple douala répondit à l'appel du christianisme comme une stratégie de survie de sa culture. Appliquée au peuple bamoun, l'analyse révèle un rapport différent avec l'altérité chrétienne du fait de l'intrusion de l'islam provoquant des mutations culturelles inédites.
D'une manière inédite l'ouvrage s'intéresse au retentissement de l'altérité autochtone sur la personnalité et l'oeuvre de certains missionnaires au Cameroun dont Idelette Allier-Dugast, devenue ethnologue et Jean-René Brutsch, resté pasteur. Leurs trajectoires réciproques illustrent le caractère bouleversant d'une expérience missionnaire, confrontée à la différence culturelle. Ils en sont tous deux sortis nantis d'une identité de traverse de sorte que la mission, souvent regardée comme vecteur exclusif de civilisation, a fait l'expérience, elle aussi, d'une altérité qui ne l'a pas laissé indemne.
Une équipe composée de chercheurs algériens et français ainsi que d'acteurs religieux analyse l'histoire de l'Église dans l'Algérie indépendante, en privilégiant les dimensions humaines et intellectuelles - voire spirituelles - du processus de sortie de guerre et de reconstruction de la paix. L'Église d'Algérie est un des lieux où ce processus s'est joué depuis soixante ans, dans des circonstances parfois dramatiques.
Ont été rencontrés à l'occasion de cette recherche des dizaines de femmes et hommes, religieux ou laïcs, qui ont accepté de témoigner sur l'action accomplie en Algérie au sein de l'Église. Placés face aux mêmes défis, ils sont représentatifs d'une génération plus sensible à la présence, à la rencontre et au dialogue qu'au prosélytisme. Le corpus considérable d'entretiens recueillis constitue le socle d'une recherche d'histoire orale à laquelle la seconde partie de l'ouvrage « Voix et voies » est entièrement consacrée.
La première partie dresse le cadre. Elle comporte une série d'études et de documents sur l'Église algérienne contemporaine : son inscription dans une histoire, ses évolutions doctrinales, son action culturelle, son action scolaire jusqu'à la nationalisation de 1976, son rayonnement international, le rapport à l'État algérien.
La troisième partie est centrée sur des « Figures » : celles de trois évêques décédés, celles de protestants qui ont travaillé étroitement avec l'Église, et enfin celles des religieuses et religieux que leur assassinat dans les années 1990 puis leur béatification en décembre 2018 à Oran ont fait sortir de l'ombre.
La société algérienne a beaucoup changé depuis un demi-siècle ; l'Église algérienne de 2019 n'est plus celle de 1962. Mais tout précaire que soit son avenir, elle reste, comme dit Jean Toussaint, « un laboratoire où s'est inventée [...] une façon d'être chrétien en situation totalement minoritaire ».
Dès les premières pages, Philippe Liesse nous livre son projet d'auteur : écrire sa propre partition sur ce qu'il a vécu, sur ce qu'il est aujourd'hui, sur ce qu'il a choisi de vivre dans l'avenir. Son parcours est en effet original et sa démarche riche d'authenticité. D'abord comme professeur de religion dans l'enseignement public belge, un monde de la laïcité qui l'a rapidement interrogé et où son souci a été de montrer aux élèves comment lire le monde dans un écho de la Bonne Nouvelle.
Vingt ans plus tard, quand il choisit la voie du diaconat, c'est pour s'engager sur le chemin d'une Église qui ne soit pas centrée sur elle-même, mais ouverte sur le monde. Son itinéraire sera celui d'un diacre non aligné. Non aligné, quand il tourne le dos aux certitudes, dans l'intuition que la vérité n'est pas à prendre toute faite ; non aligné, quand il avance que la vie chrétienne ne peut progresser que si l'on coupe le cordon clérical.
Comment dès lors être fidèle au message de Jésus « en Église » ? Cette dernière a-t-elle du sens si elle n'est pas viscéralement reliée au projet de faire grandir en humanité ? Une Église qui déploie sa vie dans les sacristies ou dans les solidarités humaines ? Tout un programme.
Des mots sur Dieu qu'il nous faut simplifier, en passant par l'homme de Nazareth que nous avons sans cesse à redécouvrir, jusqu'aux questions que pose une Réforme du christianisme, voici un livre écrit sans langue de bois et qu'on lira avec plaisir, comme une respiration. L'auteur nous parle en terminant des livres qu'il a aimés, et qu'il conserve dans ce qu'il appelle son cellier.
Des religieux sur les routes de l'exil... L'épiscopat français reçu en corps au Vatican... Les documents de la couverture bornent le chemin d'histoire du catholicisme français que le livre propose, entre les crises qui opposent l'État et l'Église catholique à l'aube du XXe siècle et le concile Vatican II. Les vingt-quatre chapitres analysent des événements, des groupes, des personnalités, des débats pour revisiter soixante-dix années souvent agitées.
Le premier ensemble est centré sur les crises et les ruptures des décennies 1900 et 1910, de l'offensive contre les congrégations religieuses à la Première Guerre mondiale en passant par la loi de séparation de 1905 qui entraîne des transformations décisives pour l'Église catholique en France.
Le deuxième ensemble explore les voies du changement dont les formes sont très diverses dans le demi-siècle qui suit la «guerre des deux France»: mobilisations militantes, initiatives pastorales et missionnaires, pensée et action sociales, affrontements intellectuels.
Le troisième ensemble aborde les années 1960 et 1970 marquées par l'événement Vatican II et ses conséquences durables en observant la participation française au concile, les changements diplomatiques et politiques, les tensions ecclésiales et sociales dans la France gaullienne confrontée à Mai-68.
Depuis longtemps, la figure de l'homme qui quitte l'état clérical est connue et discutée. Mais, face à ce qui est devenu un phénomène massif depuis les années 1970, les interprétations continuent de diverger. Le catholique de la tradition idéalise toujours la figure du prêtre, en l'assimilant au culte et à la paroisse. Son statut, saturé de sacré, est à conserver, faute de quoi le christianisme court à sa perte.
Pour le catholique entré dans une nouvelle compréhension de la foi, c'est une conduite considérée comme normale qu'un homme souvent entré jeune dans la prêtrise, avec l'obligation d'un célibat à vie, se remette en question.
Ma longue métamorphose se présente comme le récit autobiographique d'une vie passée pour une grande part dans ce XXe siècle qui a bouleversé tant de choses. Pierre Lebonnois y revisite son histoire personnelle et professionnelle, avec les images de la chrysalide et de la métamorphose qui ponctuent la naissance et l'existence de tout vivant. Comment passer d'un état, où l'on est séparé de la vie ordinaire des gens par un surmoi religieux, à la redécouverte de son moi humain qui vous met sur un pied d'égalité avec les autres ? Le lecteur pourra y retrouver la démarche de Marcel Légaut, avec son insistance à ce que l'on parte de l'humain, et celle d'Eugen Drewermann, prêtre allemand devenu psychanalyste dont les écrits innovants furent condamnés par la hiérarchie catholique au début des années 1990.
Cet ouvrage nous livre aussi les intuitions et les espérances de Pierre Lebonnois sur l'avenir de la société et, en particulier, sur celui des chrétiens. Il pourra intéresser toute personne en recherche d'humanité et de sincérité dans ses choix d'existence personnels et collectifs.
Jacques Leclerc du Sablon, prêtre de la Mission de France, est aussi agronome. Comme beaucoup de membres de sa communauté, il a exercé son métier une grande partie de sa vie, en particulier auprès des paysans de Tanzanie avec qui il a poussé la charrue, puis pendant de longues années en Chine à partir de 1989. Il vit aujourd'hui à Manille, accueilli par le cardinal Tagle, archevêque de cette ville qui compte de nombreux Chinois parmi sa population.
Inspirées de ses quarante années de vie missionnaire, les pages de son nouvel ouvrage nous livrent les tenants spirituels de la « mission vécue comme dialogue ». L'esprit et la culture du dialogue, écrit l'auteur, « demandent une chose inouïe que j'ai apprise tout au long des années de mon chemin chinois. Cet inouï, c'est l'inversion missionnaire. La mission demande des êtres de don et non de conquête ».
Comme d'aucuns vivent à la Bouddha, à la Confucius ou suivent la voie du taoïsme, Jacques Leclerc, lui, nous invite à « vivre à la Jésus », cette figure exceptionnelle qui est à la source de la tradition judéo-chrétienne telle qu'elle transparaît à la lecture des évangiles ou à partir de témoins comme Charles de Foucauld, Etty Hillesum ou Christian de Chergé. Un Jésus qui a fait de la rencontre des autres le chemin de la vérité, de la vie et du bonheur, et qui nous a transmis une nouvelle image et une nouvelle connaissance de Dieu. Jacques Leclerc le dit avec toute la force et la richesse de son expérience et avec des mots empruntés à sa tradition catholique.
P.S.:
Au moment où paraît le livre de Jacques Leclerc du Sablon, nous apprenons la mort de Jean de Miribel, prêtre de la Mission de France, qui vivait en Chine depuis près de 60 ans. Sa haute estime pour la Chine et les Chinois, son sens de l'hospitalité et sa vision su la place de l'Orient dans l'histoire religieuse ont profondément marqué Jacques Leclerc du Sablon.
Fils de petits paysans normands, Daniel Bonnechère (1927-2020) connut la guerre et l'exode avec sa famille. Marqué par le scoutisme et un service militaire qui le mènera successivement au Maroc, en Algérie et en Allemagne, il entre au Séminaire d'Issy-les-Moulineaux en 1948. Il y restera jusqu'en 1952 où il rejoindra comme stagiaire la paroisse de Saint-Hippolyte dans le 13e arrondissement de Paris. Dirigée par un prêtre de la jeune Mission de France, cette paroisse est alors, dans un quartier ouvrier, un centre d'initiatives sociales et d'innovations liturgiques. C'est là que naît chez Daniel sa vocation de prêtre-ouvrier (PO) qu'il concrétisera, lors de son ordination en 1955, en entrant à la Mission de France.
Vicaire à Saint-Hippolyte pour la période 1955-1967, il va se mettre au travail à temps partiel de 1958 à 1965, ensuite à plein-temps dans le métier de soudeur. D'abord dans diverses entreprises, comme Babccok, puis chez Renault Billancourt en 1970 où il restera jusqu'à sa retraite. Bien qu'alors marié, c'est là qu'il réalisera pleinement son engagement de PO. Le combat pour la dignité de ceux qui travaillent à la chaîne et la responsabilité syndicale vont prendre le dessus sur la dimension cultuelle de la vie du prêtre ordinaire. Son livre apporte une riche information sur cette période de la régie Renault, notamment ses innovations technologiques et le travail des OS assuré par un nombre croissant d'immigrés. Vingt-neuf ans après la fermeture de la gigantesque usine de Billancourt en 1992, les anciens travailleurs de l'île Seguin réclament toujours la création d'un lieu de mémoire.
En 1969, Daniel avait fait le choix du mariage avec Michèle Bartoli. Cet acte de liberté sur l'obligation du célibat à vie créera une situation de fait à la Mission de France. Son récit nous restitue ainsi les luttes et les expériences de la seconde moitié du XXe siècle, avec des formes nouvelles de solidarité. Alors que la crise du christianisme et de l'Église catholique s'avère aujourd'hui profonde et durable, ce livre, écrit par son épouse en forme de témoignage, est éclairant et porteur d'espérance.
Cet ouvrage rend compte d'une double libération. Celle de l'Église d'Amérique Latine qui a fini par suivre les recommandations du concile Vatican II, et celle de deux êtres humains qui ont tenté de mettre en pratique « l'option préférentielle pour les pauvres » dans leur chemin de vie personnel d'abord, commun ensuite.
Ce que Claude et Nelly ont réalisé avec des Argentins est reproductible par tous et partout dans le monde. Voilà ce que veut montrer ce livre. Son titre et l'illustration de la couverture expriment ce qu'ils ont vécu et ce dont ils ont voulu témoigner : Humaniser la vie parce que Dieu s'est humanisé en Jésus.
Les mots et l'attitude du nouveau Pape François leur ont confirmé le bien-fondé de leurs actions et le sens qu'ils avaient donné à leur vie. Ils reprennent à leur compte cette phrase extraite de la IIIe Conférence générale de l'épiscopat latino-américaine au Mexique le 13 février 1979 : « Dieu, dans l'histoire, pousse son peuple à lire les signes des temps et à découvrir, dans les aspirations les plus profondes des êtres humains, comme dans leurs vicissitudes, que l'Homme est appelé à bâtir la société pour la rendre la plus humaine, plus juste et plus fraternelle ». Cet ouvrage rend particulièrement compte à travers leurs multiples expériences combien les auteurs se sont attachés à être au plus près de cette aspiration.
A 29 ans, Jacques Tribout interrompt une belle carrière dans l'industrie pour se mettre pendant cinq ans au service des Indiens en Équateur (d'octobre 1981 à novembre 1986). Il va le faire sous la houlette de Léonidas Proaño (1920-1988), évêque de Riobamba de 1954 à 1985. À travers sa découverte de la réalité du pays et son propre partage de la vie des habitants, l'auteur nous présente « l'évêque des Indiens », qui choisit d'être pauvre parmi les pauvres. Emprisonné sous la dictature militaire et dénoncé aux instances romaines qui déclencheront contre lui une enquête pour juger de la manière apparemment non orthodoxe de gérer son diocèse, il est celui qui, sous l'impulsion du Concile Vatican II, a inventé une nouvelle façon d'être Église. Pour Mgr Proaño c'est en libérant l'Église du cléricalisme qu'elle peut à son tour devenir libératrice.
Le diocèse de Riobamba devient un laboratoire de la théologie de la libération, de l'option préférentielle pour les pauvres, des communautés ecclésiales de base. Jacques Tribout, ou plutôt Santiago comme il est connu là-bas, raconte son insertion dans ce formidable mouvement qui a permis aux Indiens de sortir du servage. Les équipes de l'évêque libèrent la Parole, et la Parole libère un peuple opprimé. L'Église elle-même est secouée par le mouvement qu'elle a fait naître.
À la suite de Mgr Proaño, mais à bien moindre conséquence, cela vaudra aussi à Jacques Tribout de devenir suspect aux yeux de la police, au point qu'il préfèrera, profitant d'une opportunité, quitter l'Équateur à bord d'un bananier, évitant ainsi la police des frontières de l'aéroport international de Quito.
L'histoire des prêtres-ouvriers (en abrégé les PO) commence, dans les années 1940, comme une tentative pour l'Église de renouer le contact avec un monde ouvrier, alors largement éloigné d'elle, malgré les efforts des mouvements d'action catholique tels l'ACO et la JOC. L'expérience est mise en route avec l'accord de la hiérarchie catholique. Individuellement ou par petites équipes, dans le cadre de la Mission de France, de la Mission de Paris ou bien rattachés à l'évêque d'un diocèse ou à une société religieuse (dominicains, jésuites), des prêtres vont s'engager sur les grands barrages en construction ou dans les usines. Leur identité de prêtres va progressivement s'en trouver questionnée et transformée. Ils se disent « devenus prêtres autrement ».
Très vite, ils se sentent en porte-à-faux par rapport à la conception traditionnelle du prêtre et ils réalisent que leur engagement les amène à une solidarité de vie et de lutte avec leurs camarades de travail. Au contraire, les évêques et Rome s'imaginent que ces prêtres doivent vivre selon le modèle et la définition classique du concile de Trente : l'homme du sacré, mis à part, l'homme du religieux, l'homme qui n'a pas à se compromettre dans les affaires du monde.
Construit à partir d'une sélection de documents d'archives - ce qui en fait son originalité - cet ouvrage de référence nous fait revivre l'histoire tumultueuse des relations entre les évêques et les PO, de l'année 1950 au 31 mars 1954, date à laquelle entrera en vigueur la condamnation des prêtres ouvriers.
Un affrontement et un tragique malentendu entre deux manières de penser le monde, Dieu, Jésus, de vivre l'Évangile et la pratique chrétienne, et même tout simplement de comprendre et de penser la réalité.
Le coeur de cet ouvrage est une étude biblique approfondie des premiers chapitres de Matthieu et Luc. Spong ouvre les yeux de ses lecteurs sur la tradition juive, le midrash, dans laquelle les auteurs bibliques ont trouvé leur inspiration et remet en cause la place des femmes au sein de l'Eglise et dans la société.
« Dieu » n'est plus une évidence ni une nécessité dans notre monde occidental, progressivement sécularisé depuis le siècle des Lumières. Jusqu'alors, la foi en Dieu s'imposait sociologiquement et n'était remise en cause que par des minorités. Avec le développement de la rationalité comme exigence sociale et individuelle, on a commencé à discuter et à mettre en cause des vérités venant de la Tradition et prônées par voie d'autorité. L'athéisme est apparu et a fait tache d'huile. Campant sur leur doctrine traditionnelle, les Églises ont souvent réagi en condamnant ceux qui s'essayaient à repenser le christianisme et ses sources. Mais la culture du débat s'est imposée peu à peu et, aujourd'hui, elle va de soi.
Ceux pour qui l'héritage chrétien garde sa valeur sentent la nécessité de le réinterpréter. Ils ne peuvent plus adhérer à des affirmations et à des représentations de Dieu qui datent d'époques culturellement révolues. Sont en effet problématiques celles qui présentent Dieu comme tout-puissant, omniscient, clé de voûte du monde, maître de l'histoire, ayant un projet sur les sociétés et sur chacune des vies humaines, révélant ses volontés aux hommes, notamment en s'incarnant parmi eux et en déléguant à certains la mission d'être des authentiques interprètes de ses desseins.
Y a-t-il une autre approche de Dieu qui soit crédible pour des femmes et des hommes vivant dans un monde sécularisé ? Une approche qui s'enracine dans la manière d'inventer leur existence personnelle et sociale avec authenticité ? Est-il ainsi possible de pressentir le mystère de Dieu à partir du mystère de l'homme ? En quoi cette approche rejoint-elle celle de Jésus de Nazareth ? C'est à ces questionnements que l'auteur, lui-même chrétien, s'essaie à répondre. Il expose sa recherche longue d'une quarantaine d'années, éclairée par les apports de devanciers et de contemporains.
A la fin du XIXe siècle et au début du XXe, face à l'effervescence intellectuelle et sociale du monde européen, l'Église catholique vit repliée sur elle-même. Se sentant menacée par les remises en cause de la culture moderne, elle campe sur sa doctrine déclarée immuable. De l'intérieur cependant et en France notamment, des chrétiens prennent l'initiative de repenser le christianisme dans les domaines historique, biblique, philosophique, théologique et social. Leur objectif, c'est de faire entrer l'Église catholique dans la modernité afin d'actualiser l'Évangile en leur temps. L'historien Louis Duchesne, le bibliste Alfred Loisy, les philosophes et théologiens Maurice Blondel et Lucien Laberthonnière, le scientifique Édouard Le Roy, le militant social Marc Sangnier sont les grandes figures de ce mouvement. Rome prend peur. Les acteurs de cette renaissance prometteuse, que leurs adversaires nomment « les modernistes », sont condamnés, voire excommuniés. Le pape Pie X (1904 -1914) met en place dans toute l'Église un système de contrôle pour couper court à la résurgence possible du péril « moderniste ».
Pendant cinquante ans (1914-1960), le catholicisme sera ainsi soumis à une chape de plomb sous les pontificats de Benoît XV, de Pie XI et surtout de Pie XII. La pensée officielle s'impose avec une redoutable fermeté. Les novateurs, notamment les membres des célèbres Écoles dominicaine du Saulchoir et jésuite de Fourvière, sont les cibles de la nouvelle inquisition. Les théologiens Chenu, Féret, Congar, De Lubac, Fessard, Teilhard sont ainsi destitués et même exilés. La traversée est rude pour tous ceux qui s'essaient à revivifier le catholicisme.
Arrive le concile Vatican II initié par Jean XXIII. En dépit d'ouvertures et d'innovations, la doctrine dogmatique et morale sous-jacente demeure en très grande partie traditionnelle. Les questions posées par « la crise moderniste » restent sans réponse. Peu d'années après la clôture du concile, une régression s'opère sous Paul VI et va s'accentuer sous Jean-Paul II et Benoît XVI. Face à cette situation verrouillée et qui le demeure sous le pape François, de pensée classique bien que soucieux d'ouverture aux personnes marginalisées, la nécessaire mutation du catholicisme reste-t-elle possible ? A quelles conditions les questions des « modernistes » pourraient-elle être prises en considération ?
Une nuit de novembre 1914, au début de la guerre, un train entre en gare de Menton. La jeune infirmière Alice Munet distingue dans l'obscurité les premiers blessés. Elle descend dans la cour et découvre bientôt des soldats Noirs, couverts de bandages ensanglantés. Aussitôt Alice et sa soeur Marie-Thérèse consacrent leurs forces à soigner ces «Tirailleurs Sénégalais». Complètement dévouées à tous, elles se font rapidement aimer. Elles les accueillent chez elles, à la Villa de la Vierge, pendant leur convalescence. Avec beaucoup de respect, elles les sensibilisent à l'amour de Dieu et en baptisent plusieurs. À la fin de la guerre en 1919, les hôpitaux se vident et tous les tirailleurs regagnent leurs pays. Très attachées aux Africains, les deux soeurs désirent continuer leur mission en Afrique même.
En 1922, avec l'appui du P. Chabert, supérieur de la Société des Missions Africaines, Alice et Marie-Thérèse fondent l'Institut des Missionnaires Catéchistes du Sacré-Coeur. Mais voici qu'Alice meurt dès 1924. Sa soeur Marie-Thérèse poursuit l'oeuvre commencée. Des jeunes filles viennent la rejoindre. Plusieurs groupes partent successivement en Côte d'Ivoire, en Gold Coast, au Togo et au Dahomey; d'autres fondent des Foyers pour accueillir les soldats noirs en garnison dans le sud de la France.
Le P. Chabert et Alice ont élaboré les premières constitutions de l'institut sans avoir vécu en Afrique Noire. Les Soeurs sont donc attentives aux directives des missionnaires sur le terrain et de leurs évêques, sans jamais oublier leur charisme des origines: visiter les gens chez eux, être des catéchistes autant et plus que des infirmières et des enseignantes. Avec une généreuse facilité, le moment voulu, elles laissent leurs oeuvres à d' autres congrégations pour aller toujours plus loin auprès des populations les plus abandonnées!
Ces Soeurs travaillent aujourd'hui au Togo, au Bénin et au Cameroun. Quoique pas très nombreuses, elles ont communiqué leur flamme apostolique à leurs jeunes Soeurs Africaines.
La BD est avant tout assimilée à un objet de distraction et de plaisir. Elle peut toutefois être aussi considérée comme une source par les historiens. Les récits en cases témoignent en effet de la culture ou des convictions des éditeurs et des auteurs. En outre, la BD transmet d'autant plus efficacement des clichés ou des valeurs qu'elle combine dessins, enchaînements visuels et textes.
Ce petit livre entend montrer, à partir de cas précis, analysés de manière poussée, comment l'historien peut s'emparer de la « littérature dessinée » et quels défis se posent à lui à cette occasion. Est-ce que les premiers exploits de Tintin sont marqués au fer du catholicisme conservateur teinté de maurrassisme qui fleurit alors autour d'Hergé ? Quels fruits naissent après-guerre de la collaboration entre la maison Dupuis et les jésuites, ou encore quels liens entretiennent les créations wallonnes, flamandes et américaines ?
À chaque fois, l'auteur part des cases et des bulles, et propose en guise de conclusion, une analyse historienne méthodique et approfondie d'une planche de Tintin au Congo.
De Dieu, que peut-on penser et dire ? L'Homme semble écartelé entre le désir de connaître Dieu et son incapacité à le saisir. Il est difficile de « dire Dieu » sans risquer de le réduire à un objet de pensée, déterminé, contingent. D'où vient le désir, le rêve ou la prétention de vouloir accéder à l'intelligence de « Dieu » qui, par essence, est invisible, inconcevable, indicible... ? Qu'en est-il en Afrique ?
Si l'être humain tue « au nom de Dieu », de quel Dieu s'agit-il ? Ce Dieu peut-il être présenté comme Amour, Paix et Miséricorde ? Dieu est invoqué pour diverses causes et situations, pour mieux aimer son prochain, défendre des dogmes et les critiquer. En son nom, la personne humaine réclame plus de liberté, pour penser sa foi, tendre vers « la Vérité » et parfois pour justifier des injustices et des dérives sectaires. Comment articuler les registres du croire et du penser Dieu ? Comment représenter « Dieu » tel qu'il est ?