Spécialiste de l'extrême droite et du régime de Vichy, Laurent Joly resitue Éric Zemmour dans la tradition politique du « nationalisme ethnique », né au tournant du XXe siècle et dont les idées ont été portées au pouvoir en 1940.
Si Zemmour veut réécrire l'histoire de Vichy et de la persécution des juifs, c'est que son projet vise à rendre possibles des politiques disqualifiées depuis les crimes de la collaboration : mettre à bas l'État de droit, stigmatiser des minorités, expulser deux millions d'étrangers et de « mauvais Français »...
Se fondant sur des sources inédites, exhumant des controverses oubliées, Laurent Joly démontre dans cet essai implacable qu'Éric Zemmour n'hésite pas à falsifier les faits historiques afin d'unir les droites sous l'étendard de la haine de l'étranger. Ce que le polémiste dit et écrit sur Pétain, Vichy et la Shoah est révélateur de ce qu'il est, de ce qu'il pense et de ce qu'il veut faire si lui-même ou ses idées arrivaient au pouvoir.
Les mensonges anciens ne font pas des « vérités » nouvelles : l'histoire scientifique est un acte de salubrité publique à l'ère de la malhonnêteté intellectuelle triomphante.
C'est sur un paquebot trop confortable, en route pour l'Amérique du Sud, que Stefan Zweig eut l'idée de cette odyssée biographique. Il songea aux conditions épouvantables des voyages d'autrefois, au parfum de mort salée qui flottait sur les bougres et les héros, à leur solitude. Il songea à Magellan, qui entreprit, le 20 septembre 1519, à 39 ans, le premier voyage autour du monde. Un destin exceptionnel...
Sept ans de campagne militaire en Inde n'avaient rapporté à Magellan le Portugais qu'indifférence dans sa patrie. Il convainc alors le roi d'Espagne, Charles-Quint, d'un projet fou ; " Il existe un passage conduisant de l'océan Atlantique à l'océan Indien. Donnez-moi une flotte et je vous le montrerai et je ferai le tour de la terre en allant de l'est à l'ouest " (C'était compter sans l'océan Pacifique, inconnu à l'époque..). Jalousies espagnoles, erreurs cartographiques, rivalités, mutineries, désertions de ses seconds pendant la traversée, froids polaires, faim et maladies, rien ne viendra à bout de la détermination de Magellan, qui trouvera à l'extrême sud du continent américain le détroit qui porte aujourd'hui son nom.
Partie de Séville avec cinq cotres et 265 hommes, l'expédition reviendra trois ans plus tard, réduite à 18 hommes sur un raffiot. Epuisée, glorieuse. Sans Magellan qui trouva une mort absurde lors d'une rixe avec des sauvages aux Philippines, son exploit accompli.
Dans ce formidable roman d'aventures, Zweig exalte la volonté héroïque de Magellan, qui prouve qu'" une idée animée par le génie et portée par la passion est plus forte que tous les éléments réunis et que toujours un homme, avec sa petite vie périssable, peut faire de ce qui a paru un rêve à des centaines de générations une réalité et une vérité impérissables ".
Après ses vies de Magellan, de Marie Stuart ou de Fouché, faut-il rappeler le génie de biographe de Stefan Zweig ? Marie-Antoinette (1933) rétablit la courbe et la vérité d'un destin obscurci par la passion ou la honte posthumes. L'auteur a fait le ménage dans la documentation, puisant dans la correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère, Marie-Thérèse d'Autriche, et dans les papiers de Fersen, grand amour de la reine.
Qui était Marie-Antoinette faite, l'année de ses quinze ans et par raison d'Etat, reine de France ? Une débauchée futile ? Une icône pour la Restauration ? Nous la suivons de la chambre de son époux, qu'elle appelait son « nonchalant mari », le falot Louis XVI, jusqu'au lit de la guillotine. Quel voyage ! Quelle histoire ! Le monde enchanté et dispendieux de Trianon, la maternité, le début de l'impopularité, l'affaire du collier, la Révolution qui la prit pour cible, la fuite à Varennes, la Conciergerie, l'échafaud...
Zweig s'est penché sur Marie-Antoinette en psychologue. Il ne la divinise pas : elle « n'était ni la grande sainte du royalisme ni la grande « grue » de la Révolution, mais un être moyen, une femme en somme ordinaire ». Il analyse la chimie d'une âme bouleversé par les événements, qui, sous le poids du malheur et de l'Histoire, se révèle à elle-même et se rachète, passant de l'ombre de la jouissance à la lumière de la souffrance. « A la toute dernière heure, Marie-Antoinette, nature moyenne, atteint au tragique et devient égale à son destin ».
Davantage qu'un livre d'histoire : un roman vrai.
Il faut prêter attention aux analyses d'Amin Maalouf : ses intuitions se révèlent des prédictions, tant il semble avoir la prescience des grands sujets avant qu'ils n'affleurent à la conscience universelle. Il s'inquiétait il y a vingt ans de la montée des Identités meurtrières ; il y a dix ans du Dérèglement du monde. Il est aujourd'hui convaincu que nous arrivons au seuil d'un naufrage global, qui affecte toutes les aires de civilisation.
L'Amérique, bien qu'elle demeure l'unique superpuissance, est en train de perdre toute crédibilité morale. L'Europe, qui offrait à ses peuples comme au reste de l'humanité le projet le plus ambitieux et le plus réconfortant de notre époque, est en train de se disloquer. Le monde arabo-musulman est enfoncé dans une crise profonde qui plonge ses populations dans le désespoir, et qui a des répercussions calamiteuses sur l'ensemble de la planète. De grandes nations « émergentes » ou « renaissantes », telles la Chine, l'Inde ou la Russie, font irruption sur la scène mondiale dans une atmosphère délétère où règne le chacun-pour-soi et la loi du plus fort. Une nouvelle course aux armements paraît inéluctable. Sans compter les graves menaces (climat, environnement, santé) qui pèsent sur la planète et auxquelles on ne pourrait faire face que par une solidarité globale qui nous fait précisément défaut.
Depuis plus d'un demi-siècle, l'auteur observe le monde, et le parcourt. Il était à Saigon à la fin de la guerre du Vietnam, à Téhéran lors de l'avènement de la République islamique. Dans ce livre puissant et ample, il fait oeuvre à la fois de spectateur engagé et de penseur, mêlant récits et réflexions, racontant parfois des événements majeurs dont il s'est trouvé être l'un des rares témoins oculaires, puis s'élevant en historien au-dessus de sa propre expérience afin de nous expliquer par quelles dérives successives l'humanité est passée pour se retrouver ainsi au seuil du naufrage.
En septembre 1939, les Allemands envahissent la Pologne. Izabela Sztrauch, qui survivra et deviendra Isabelle Choko, a 11 ans. Son enfance s'arrête du jour au lendemain lorsqu'elle est envoyée dans le ghetto de Lódz avec ses parents. Elle y perd son père de malnutrition et de mauvais traitements. A 15 ans, elle est déportée à Auschwitz, puis à Waldeslust et Bergen-Belsen.
La peur et la nudité. Le travail forcé, le froid, les coups, la promiscuité, la faim. La maladie et la mort, partout. Mais aussi les quelques moments de grâce et de fraternité. Le courage d'un prisonnier de guerre qui prend tous les risques pour la garder en vie. Et l'amour qu'Izabela porte à sa mère, qu'elle tient dans ses bras jusqu'à son dernier souffle - sur le sol noir de Bergen-Belsen. Elle revient de l'enfer seule. Par une force hors du commun, elle guérit du typhus dans un hospice en Suède et voyage jusqu'en France, avec pour unique bagage, son appétit de vivre, son humour et son intelligence. Défiant le destin, quelques années plus tard, elle est sacrée championne de France d'échecs et fonde une famille.
Aujourd'hui, Isabelle Choko raconte ce qu'elle a connu sous le régime nazi, d'abord dans le ghetto de Lódz en Pologne et puis dans les camps d'extermination - Auschwitz-Birkenau et Bergen-Belsen. Son livre est l'histoire de sa vie, un récit douloureux et passionnant pour que tous nous n'oublions pas ce que fut la Shoah.
C'est une piste de ciment et d'herbe, cachée dans la forêt, non loin du cercle arctique russe. Une bande grise de deux kilomètres, marquée par des pneus géants peints, des drapeaux ; au bout ; un hangar de bois et de tôle ; tout autour, les chemins de terre noir, mais aussi la neige, les ours et les loups. Une sauvagerie presque rêvée, entre Michel Strogoff et Tolstoï.
Sergueï Alexandrovitch Ilyne est arrivé sous l'ère soviétique, et il est resté. A la grande époque, la piste comptait, accueillant des milliers de passagers au coeur de l'archipel, en route vers les sites du grand nord, ou vers la ville à côté. Plus de cent employés travaillaient ici. Les vols ne cessaient jamais, et parfois très loin, on devinait des forteresses, en chemin vers d'autres missions. Puis l'empire s'est effondré, le pays a changé de nom, de modèle, d'histoire, Eltsine l'alcoolique a été remplacé par le jeune Poutine, le FSB a pris le pouvoir et l'argent : la piste a été oubliée.
Sergueï est donc seul à entretenir sa piste, sans paie véritable, sans hiérarchie. Avec Macha sa compagne, quelques amis, le policier Dima, le pope voisin, il bouche le ciment, dégage le bois, imagine des éclairages, attend un appel, un ordre, une urgence, venu de la terre ou du ciel, mais rien. C'est un homme meurtri, un idéaliste. En 2010, un avion lourd s'écrase dans la forêt, en bout de piste, mais comment rendre force et usage à l'empire, quand celui-ci s'est perdu tout entier ?
Dans ce magnifique récit poétique, fondé sur une histoire vraie, Marc Nexon nous offre un pan d'histoire, sans nostalgie et à hauteur d'homme, mais avec la tendresse pour ceux qui croient à leur cause.
Marie-Claude Vaillant-Couturier, dite Maïco, est la fille gâtée de Lucien Vogel, éditeur d'avant-garde, et Cosette de Brunhoff, soeur du créateur de Babar. Adolescente à l'aube des années 30, Maïco danse aux bals russes, pose pour Vogue, croise Aragon, Picasso, Gide, Malraux, bien d'autres Apprentie peintre à Berlin en pleine montée du nazisme, elle en revient métamorphosée et se tourne vers la photo. Elle fréquente alors les jeunes Capa, Cartier-Bresson, Gerda Taro, qui, comme elle, voient en l'URSS le seul rempart contre le nazisme. En 1933, son reportage clandestin au camp de Dachau est un scoop mondial.
Elle rencontre alors Paul-Vaillant Couturier, rédacteur en chef de L'Humanité, leader communiste et prophète vénéré des « lendemains qui chantent ». Coup de foudre absolu. L'amour et la politique ne feront désormais qu'un. A la mort de Paul, en 1937, la jeune veuve de 25 ans incarne les espoirs du héros du Front Populaire. Résistante de la première heure, déportée à Auschwitz puis à Ravensbrück, son courage est inébranlable. Libérée par l'Armée Rouge, elle choisit de rester auprès des mourants et afin que « le monde sache l'horreur concentrationnaire ».
Seule femme à témoigner au procès de Nuremberg, Maïco avance sans faillir vers Gring et les accusés nazis, devant une assistance saisie par un « effroi sacré », selon Joseph Kessel. Les images de sa déposition implacable font le tour du monde. « Regardez-moi, car à travers mes yeux, ce sont des centaines de milliers de morts qui vous regardent, par ma voix ce sont des centaines de milliers de voix qui vous accusent ». Devenue député, elle fera voter à l'Assemblée Nationale l'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité, sans jamais renier son dévouement à l'URSS et sa foi communiste.
La famine meurtrière qui frappa l'Ukraine au début des années 30 reste un des chapitres les moins explorés de l'Histoire soviétique. Anne Applebaum répare enfin cette injustice par un livre qui fera date. Elle impressionne par la somme des connaissances rassemblées et commentées sur ce qui fut une véritable extermination de tout un peuple organisée par le Parti communiste soviétique sous Staline, mais aussi par son talent d'écrivain. Son récit des faits débute par l'histoire de la révolution ukrainienne en 1917 et celle du mouvement national qui en est issu, puis se poursuit par les premières décisions du Politburo sur la politique agricole à mener dans cette province si fertile de l'Union Soviétique jusqu'à la persécution systématique de l'élite ukrainienne. Le tableau brossé par Applebaum nous plonge de manière inédite dans les horreurs de la répression menée par le régime stalinien. Car cette famine « organisée » fit plus de 5 millions de victimes - dont 3.9 millions d'Ukrainiens, et l'héritage de cette mémoire que l'URSS a tenté d'éradiquer joue évidemment un rôle considérable dans les relations russo-ukrainiennes au temps présent.
Famine rouge s'impose par sa documentation incontestable, sa hauteur de vue et les perspectives qu'il dégage, c'est aussi un livre nécessaire pour comprendre un épisode tragique de l'Histoire du XXème siècle autant que la réalité politique actuelle de cette région du monde.
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat.
Mai 1940. La France succombe, son vin aussi. Aussitôt nommés par l'administration d'occupation, les « Weinführer », délégués officiels dans les vignobles de Bordeaux, de Bourgogne, de Champagne et de Cognac s'emparent, avec la complicité de nombreux professionnels français, du « plus précieux des trésors de France », selon les mots d'Hermann Gring, qui a très tôt associé sa voracité pour les oeuvres d'art à une soif inextinguible des plus grands nectars français.
Bâti sur des sources exceptionnelles, fonds économiques et judiciaires, archives et documents privés, ce passionnant et exhaustif Vin des nazis révèle comment, au coeur des plus grands vignobles, sur les tables des grands restaurants et des palaces parisiens, la défaite française a vite été noyée dans le vin, grisant les collaborateurs sans scrupules, les brasseurs d'affaires véreux, jusqu'aux pires criminels reconvertis dans la Gestapo française, dont l'équipe Bonny-Lafont. En spoliant les vignobles français pour alimenter la mondanité nazie mais aussi pour soutenir l'effort de guerre du IIIe Reich, les occupants ont détourné des volumes colossaux, de grands crus au vin ordinaire, provoquant une pénurie inédite, un rationnement brutal et une hausse vertigineuse des prix touchant l'ensemble de la population, à une époque où le vin était un élément capital de la vie quotidienne.
De personnalités éminentes, dirigeants de prestigieuses maisons, s'insinuent dans ce cambriolage à l'échelle d'une nation : Henri Leroy, propriétaire de la Romanée-Conti en Bourgogne et producteur d'alcools de vin pour les carburants du Reich, Melchior de Polignac, propriétaire de la maison Pommery et cofondateur du groupe « Collaboration », ou Louis Eschenauer, « l'empereur des Chartrons », intime des chefs militaires allemands à Bordeaux. Le vin s'est imposé comme un puissant vecteur de la collaboration, valorisé par Pétain et l'État français. Loin d'être réservé aux élites du pouvoir hitlérien, il s'est diffusé dans la société allemande tout entière.
Une fresque captivante et dérangeante du vin au temps des heures sombres.
La rafle dite du "Vel d'Hiv" est l'un des événements les plus tragiques survenus en France sous l'Occupation. En moins de deux jours, les 16 et 17 juillet 1942, 12 884 femmes, hommes et enfants, répartis entre Drancy (près de 4 900) et le Vel d'Hiv (8 000), ont été arrêtés par la police parisienne à la suite d'un arrangement criminel entre les autorités allemandes et le gouvernement de Vichy. Seule une petite centaine de ces victimes survivra à l'enfer des camps nazis.
Cette opération emblématique et monstrueuse demeure pourtant relativement méconnue. L'arrière-plan administratif et la logistique policière de la grande rafle n'ont été que peu étudiés, et jamais dans le détail. Légendes (tel le nom de code « opération Vent Printanier ») et inexactitudes (sur le nombre de personnes arrêtées ou celui des effectifs policiers) sont répétées de livre en livre. Et l'on ignore que jamais Vichy ne livra plus de juifs français à l'occupant que le 16 juillet 1942 !
D'où l'ambition, dans cet ouvrage, d'une histoire à la fois incarnée et globale de la rafle du Vel d'Hiv. Une histoire incarnée, autrement dit au plus près des individus, persécutés comme persécuteurs, de leur état d'esprit, de leur vécu quotidien, de leurs marges de décision. Mais aussi une histoire globale, soucieuse de restituer la multiplicité des points de vue, des destinées, et attentive au contexte de la politique nazie et de la collaboration d'État.
Une recherche largement inédite, la plus riche et variée possible, de la consultation de centaines de témoignages à une exploitation inédite des « fichiers juifs » de la Préfecture de police de Paris. Mais la partie la plus importante de l'enquête a consisté à rechercher des « paroles » de policiers : 4 000 dossiers d'épuration des agents de la préfecture de police ont été dépouillés. Parmi eux, plus de 150 abordent la grande rafle et ses suites. Outre les justifications de policiers, ces dossiers contiennent des paroles de victimes, des témoignages (souvent accablants) de concierges, et surtout des copies de rapports d'arrestation, totalement inédits.
Fruit de plusieurs années de recherche menées par l'auteur, où les archives de la police et de l'administration auront été méticuleusement fouillées, La Rafle du Vel d'Hiv apporte une lumière nouvelle sur l'un des événements les plus terribles et les plus difficiles à appréhender de notre histoire contemporaine.
Joseph Fouché (1759-1820) a servi avec zèle la République, le Directoire, le Consulat, l'Empire et la Monarchie. Homme de l'ombre, disciple de Machiavel, Fouché aura survécu à tous les changements de régime sans jamais se départir de cette « absence de conviction » qui fascina Balzac autant que Stefan Zweig.
Elève chez les Oratoriens, il devint sous la Révolution un pilleur d'églises. Conventionnel modéré, il vota la mort du roi et participa activement au massacre des Lyonnais royalistes. Ambassadeur du Directoire à Dresde, il cambriola son ambassade. Ministre de la Police, à l'abri derrière ses fiches et ses mouchards, il tint tête à Talleyrand et à Bonaparte. Signataire du premier manifeste sur l'égalité, il meurt richissime, duc d'Otrante et sénateur.
Joseph Fouché, c'est l'art du reniement, la grâce du traître. Il n'y a pas de personnalité plus décriée que cet homme politique au sang froid. Stefan Zweig nous fait découvrir, à sa manière subjective, une figure cachée et essentielle de l'Histoire française.
« Une petite fille nous aborde : Qu'est-ce que vous cherchez ? Elle a un regard joueur et curieux, je lui explique. Ici, il y a des années, sous le régime khmer rouge, c'était un hôpital, et j'ai enterré de très nombreux corps dans des fosses. Puis l'eau a englouti ce lieu, et on a bâti des maisons. Elle joue avec un petit bout de bois, un peu gênée : Je sais. On dort sur les morts. La nuit, parfois, on les entend parler. J'insiste un peu : Mais tu as peur ? Elle sourit : Non, on n'a pas peur, on les connaît. »
C'est à un voyage hors du commun que nous convient Rithy Panh et Christophe Bataille, huit ans après leur livre L'élimination - un voyage vers l'enfance et vers les rizières où furent tués, par l'idéologie, la faim et la violence, 1,8 millions de Cambodgiens. Le grand cinéaste cherche les lieux où furent enterrés les siens : le tombeau de son père, dans la glaise ; la fosse où furent englouties sa mère et ses soeurs. Mais aussi le grand banyan où il s'abrita, désespéré, à treize ans, avec ses boeufs - sur cette colline, les khmers rouges n'osaient pas s'aventurer.
Rithy Panh et Christophe Bataille roulent à travers le pays, s'arrêtent, parlent avec les bonzes, questionnent les villageoises âgées, grattent la terre et trouvent des ossement, des tissus ensanglantés. L'oubli guette, et la négation. Et Rithy Panh poursuit son chemin, cherchant la paix avec les morts et tissant un rapport unique avec les vivants, qu'il côtoie, victimes, bourreaux, complices, anciens cadres khmers rouges : le travail de connaissance ne cesse pas, à hauteur d'hommes.
D'une conversation écrite avec Noam Chomsky à des échanges avec le père Ponchaud, d'un entretien avec Robert Badinter aux lettres enfantines rangées dans une sacoche de cuir, d'une méditation sur l'idéologie aux visites aux femmes-devins, les auteurs nous offrent un grand livre.
« Ce sont des créatures fantastiques, effrayantes qui font penser à des légendes sombres. Sans pitié, elles sont probablement encore plus dangereuses que les bourreaux SS car ce sont des femmes. Est-ce que ce sont vraiment des femmes ? » Ainsi témoigne Lina Haag, rescapée du camp de Lichtenburg.
Elles se nommaient Irma Grese alias « La hyène d'Auschwitz », Maria Mandl, Johanna Langefeld ou encore Hermine Braunsteiner pour les plus célèbres. Dans chaque camp de concentration et d'extermination où elles étaient affectées, elles incarnaient la peur, la brutalité et la mort. Ces femmes qui participèrent activement à l'appareil génocidaire nazi, ce sont les gardiennes. La loi nazie imposant que les prisonnières et les déportées soient surveillées par des femmes, un corps de métier dépendant de la SS fut créé spécialement à cet effet, fort d'environ 4000 recrues.
Rouage essentiel dans l'administration des camps, les gardiennes, généralement issues de milieux modestes - ouvrières, employées de maison ou postières- sont recrutées par petites annonces, bouche à oreille ou directement sur leur lieu de travail. C'est à Ravensbrück, le premier et le plus grand camp pour femmes, qu'elles sont formées à partir de 1939. Dans l'univers concentrationnaire, elles deviennent vite des spécialistes de la violence. En 1942, quand les camps se multiplient et que la « solution finale » est décidée en secret, elles sont envoyées à l'Est pour seconder les SS dans leur travail macabre : humiliation, torture, sélection pour les chambres à gaz. Leur cruauté n'a rien à envier à celle des hommes. Si après la guerre, certaines gardiennes sont jugées et exécutées par la justice alliée, la majorité parvient à se faire oublier. Il faudra toute l'opiniâtreté de chasseurs de nazis, comme Simon Wiesenthal, pour les traquer et les débusquer, parfois jusqu'aux Etats-Unis.
Femmes bourreaux retrace l'ascension et le quotidien de ces gardiennes au sein des camps : une histoire qui n'avait encore jamais été écrite.
"C'est avec des hochets qu'on mène les hommes". Lorsqu'il crée la Légion d'honneur en 1802, Napoléon sait déjà l'usage qu'il fera de cette décoration, qu'il souhaite autant militaire que civile. Prolongation de l'ancien régime par d'autres moyens, c'est aussi un formidable outil politique qu'il lègue à ceux qui conduiront le pays après lui.
Dans cette enquête pleine de lumière et d'ombres, Romain Gubert nous livre des chapitres sublimes d'histoire - jeunes morts au champ d'honneur, talents exceptionnels, héros du quotidien - mais aussi un univers d'ambitions, d'intrigues et de petits arrangements...
De la guerre secrète De Gaulle - Pétain pour le contrôle de la grande Chancellerie à la course folle entre Mitterrand et Chirac pour honorer Johnny Hallyday ; de Michel Audiard décoré en silence à un secret de Robert Badinter ; d'un psychodrame provoqué par Sarkozy à une démission fracassante à l'état-major ; sans oublier les passions d'après-guerres et les folies d'un grand écrivain... La Décoration lève le voile sur un théâtre de gloire et de coulisses. Carton d'invitation maladroit, contrordre ministériel, discours et larmes, vengeances, signes et tabous : personne n'avait raconté ainsi cette passion française.
Avec talent et tendresse, Romain Gubert nous offre le tableau d'une France mêlée, aristocratique, méritante, rarement paritaire, où la notion « d'honneur républicain » est à géométrie très variable. On l'accompagne aux réceptions et cocktails, souriant à un discours, surpris de telle amitié politique, ou épluchant des listes de gloires trop vites rayées. Vous saurez tout des chanteuses, footballeurs, inconnus, amis de la famille, agents d'influence, créatrices et petits messieurs, et des célèbres mains qui portent le hochet parfois mérité. Un récit exceptionnel, jamais loin de Saint-Simon, Balzac et Courteline, et qui fera grand bruit...
« Je suis entrée comme apprentie chez MM. Durand frères. J'avais alors douze ans ». Ainsi commence le témoignage de Lucie Baud (1870-1913), ouvrière en soie du Dauphiné, femme rebelle et oubliée, en dépit de grèves mémorables. Une ouvrière méconnue peut-elle être une héroïne ? Michelle Perrot s'efforce de comprendre son itinéraire en renouant les fils d'une histoire pleine de bruits et d'ombres, énigmatique et mélancolique. Mélancolie d'un mouvement ouvrier qui échoue, d'une femme acculée au départ et peut-être au suicide, de l'historienne enfin, confrontée à l'opacité des sources et à l'incertitude des interprétations.
Sur Vichy et la Shoah, on pensait tout savoir. Ce livre démontre qu'il reste encore beaucoup à découvrir. Répondant à une série de questions clés, Laurent Joly renouvelle profondément l'histoire de la persécution des juifs sous l'Occupation et balaie bien des idées reçues.
Pourquoi, dès l'été 1940, le régime du maréchal Pétain a-t-il impulsé une politique antisémite ? Pourquoi a-t-il accepté de contribuer aux déportations massives décidées par les nazis en 1942 et d'assumer pleinement ces opérations, à Paris comme en zone libre ? Dans quelle mesure l'administration a-t-elle collaboré à la politique génocidaire ?
S'appuyant sur de nombreuses sources inédites, restituant les marges de manoeuvre des agents (du dirigeant étatique jusqu'au simple gardien de la paix) et les effets concrets de leurs décisions, Laurent Joly écrit une histoire incarnée, au plus près des exécuteurs, des victimes et des témoins.
Le lecteur apprendra ainsi que le statut d'octobre 1940 n'est pas une simple transposition de la tradition antisémite française : Vichy cherche surtout à suivre le modèle nazi. Sur le Vel d'Hiv, il découvrira une histoire qu'on ne lui a jamais racontée : l'opération du point de vue policier. Enfin, il réalisera que l'idée selon laquelle la persécution des juifs a été occultée par la justice de l'épuration mérite d'être fortement nuancée.
Au bout du compte, Laurent Joly montre que si toute la puissance de l'État a été mobilisée pour persécuter puis rafler les juifs, les logiques propres à l'appareil étatique, ses objectifs contradictoires, ses pesanteurs et finalement les résistances ont contribué à ce que la majorité des juifs de France, frappés de plein fouet par la persécution, échappent malgré tout à la mort.
C'était l'année de toutes les promesses. C'était il y a trois ans : il y a un siècle. Avec Emmanuel le magnifique, le changement c'était pour toujours. Réformes profondes, transformations nouvelles et guerres de position. A coup de grands discours, dits d'une voix jésuite, Emmanuel en imposait.
Mais l'histoire a ses raisons et ses soubresauts. Ce n'est pas facile de triompher longtemps, même après avoir chassé François le petit et Nicolas le flambard. Dans cette nouvelle chronique, moqueuse, tragique, hilarante, Patrick Rambaud nous offre un règne malmené. Cette France est décidément ingouvernable ! Du cow-boy de la Contrescarpe, un certain Benalla, à la vacance de Monsieur Hulot, idéaliste et foutraque ; du madré duc de Lyon, le sieur Collomb, autrefois enamouré, qui prend la poudre d'escampette, au gilet jaune anonyme qui veut s'emparer de Paris : c'est l'effondrement.
Les rues de le Capitale ne désemplissent pas, ouvriers, infirmières, médecins, retraités, une colère à pied qui gronde et menace... Sans parler même de Donald le dingue, du perfide Johnson, et des nouvelles routes de la soie...
Chaque président espère sa chronique puis la redoute : c'est le prix douloureux de la gloire. Et dans les temps nouveaux, le deuxième épisode est déjà une deuxième saison...
"Parce qu'elle a été la première en France en 1791 à formuler une 'Déclaration des Droits de la Femme' qui pose dans toutes ses conséquences le principe de l'égalité des deux sexes. Parce qu'elle a osé revendiquer toutes les libertés, y compris sexuelle ; réclamer le droit au divorce et à l'union libre ; défendre les filles-mères et les enfants bâtards, comprenant que la conquête des droits civiques ne serait qu'un leurre si l'on ne s'attaquait pas en même temps au droit patriarcal. Parce qu'elle a payé de sa vie sa fidélité à un idéal."Olympe de Gouges demeure une figure fondatrice du combat contemporain pour l'égalité des sexes. Après le beau succès du roman graphique de Catel paru l'an dernier, Benoîte Groult rend un nouvel hommage à cette pionnière.
Tout le monde connaît les soeurs Rouart... sans pourtant les connaître : peintes par Renoir, au piano, elles sont aussi mythiques que les Danseuses de Degas ou les Tournesols de Van Gogh. Leurs visages sont des icônes de l'Impressionnisme.
Filles du peintre et collectionneur Henry Lerolle, les belles Yvonne et Christine ont grandi au milieu d'artistes de génie. Renoir, Degas, mais aussi Debussy, Ernest Chausson, ou encore Claudel, Gide et Mallarmé étaient des familiers, toujours enclins à peindre ces deux jeunes filles modèles, à les photographier, à jouer du piano avec elles.
C'est Degas, le peintre préféré de leur père, qui a l'idée de les marier aux frères Eugène et Louis Rouart, les fils de son ami, le collectionneur Henri Rouart.
Issues d'un milieu libéral, elles allaient se heurter au caractère impétueux et sombres des deux énergumènes, pourtant venus comme elles d'une famille éprise d'art, jusqu'à la folie.
Elles avaient tout pour être heureuses... L'amour sera leur grande blessure. Leurs mariages, par des chemins détournés, les conduiront de l'insouciance au désenchantement. Jusqu'à la tragédie.
Derrière les lourds rideaux de ces hôtels particuliers fréquentés par tant d'artistes exceptionnels, ou dans les ateliers des peintres, c'est tout un univers qui renaît avec ses passions et des drames, ses secrets et ses ombres. Ce monde, Dominique Bona le fait revivre dans cette biographie foisonnante, à travers l'aventure de deux soeurs au destin brisé.
Dans le Code civil, créé par Napoléon Bonaparte, les femmes sont, au sein de la famille, inférieures aux hommes. Il n'en allait pas de même dans la vie privée du Premier consul puis Empereur. S'il était entouré par des hommes sur les champs de bataille, Napoléon avait, dans son entourage, beaucoup de femmes ; certaines d'entre-elles ont eu un pouvoir insoupçonné et considérable. Qui sont-elles ? Quelle était la nature de leur relation avec Napoléon ? Quelle était l'étendue de leur influence ? Dans cette anthologie inédite sont rassemblés des textes, pour la plupart des témoignages de première main, consacrés à ces femmes, certaines connues, d'autres injustement oubliées.
Napoléon relate lui-même sa première fois avec une prostituée du quartier du Palais-Royal ; la femme de chambre de Joséphine décrit la vie privée de l'Impératrice et de l'Empereur ; Alphonse de Lamartine réhabilite une Marie-Louise détestée du peuple français ; la duchesse d'Abrantès dessine le portrait de Pauline Bonaparte, soeur de Napoléon, considérée comme la plus belle femme d'Europe ; le baron Gourgaud revient sur la relation sordide, à Sainte-Hélène, de Napoléon avec la femme d'un de ses généraux ; Chateaubriand rend compte de sa visite à la délicieuse reine Hortense, après la chute de l'Empire, à Arenberg ; Larrey, fils du célèbre chirurgien de la Grande armée, fait le récit de sa visite à la mère de l'Empereur à Rome, plus de dix ans après la mort de Napoléon.
Un livre inédit et passionnant, réalisé et préfacé par Arthur Chevallier, auteur de l'essai Napoléon sans Bonaparte et de l'anthologie Napoléon raconté par ceux qui l'ont connu.
Les auteurs : Duchesse d'Abrantès - Mme d'Avrillion - Hortense de Beauharnais - Napoléon Bonaparte - François-René de Chateaubriand - Louis Constant - baron Gourgaud - Alphonse de Lamartine - Félix Hippolyte Larrey - le cardinal Pacca - Mme Parquin - Mme de Rémusat - Stendhal - Mme Vigée Le Brun - Stefan Zweig - et bien d'autres.
Rouen, 1642. Pour soulager le travail de son père, surintendant chargé des recettes fiscales, un jeune homme de dix-neuf ans décide de fabriquer la première machine à calculer au monde. Pendant dix ans, de sa conception à sa fabrication, en résolvant les difficultés tout en luttant contre les faussaires, elle accompagne la vie et la pensée de ce génie qui s'appelle Blaise Pascal. De cette petite boîte élégante, cette « Pascaline », il fera le pari d'une existence portée par la science et la foi, jusqu'au point de rupture. Voici le compte à rebours d'une invention géniale, l'avènement d'une nouvelle vie et la naissance d'un grand écrivain.
De la chambre obscure où Pascal dessine les plans de sa machine à la lumière de la bougie aux rues grouillantes et humides de Rouen ; des salons parisiens où l'on pratique l'art de la dispute à la quiétude austère de l'abbaye de Port-Royal, Laurent Lemire nous conduit au coeur du XVIIeme siècle, dans une France déchirée par la Fronde et les querelles religieuses. A la fois récit scientifique et biographie ciblée d'un homme d'exception, La machine de Pascal est avant tout l'histoire d'une prouesse hors du commun qui changea pour jamais le destin de son concepteur.
Lily ? Lily Pastré ? La Lily Pastré ? Célèbre auprès des mélomanes pour avoir été à l'origine du Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence, la comtesse Pastré (1891-1974) a été bien plus qu'un riche mécène. Voici le récit de la vie d'une grande excentrique, d'une grande généreuse, d'une grande amie des artistes, des années folles aux Trente Glorieuses en passant par le tourbillon de la Deuxième Guerre mondiale.
Née à Marseille, héritière des célèbres apéritifs Noilly Prat, elle épouse un aristocrate et vit à Paris dans un entre-deux-guerres tourbillonnant de fêtes et de concerts. Sa passion première, c'est la musique. Elle est l'amie des plus grands compositeurs et interprètes du moment. Dans sa villa du sud de Marseille, elle reçoit des personnalités aussi diverses que Christian Bérard et Édith Piaf, Luc Dietrich et André Masson. Pendant la guerre, au risque de sa vie, elle cache et aide des musiciens juifs, tels Clara Haskil et Darius Milhaud, les sauvant d'une mort certaine. Elle apporte son soutien à l'Américain Varian Fry, qui a arraché des milliers de vies à l'occupant nazi.
Dilapidant son immense fortune en transformant son domaine en une Villa Médicis du sud de la France, elle cofonde le festival d'Aix qui, à la sortie de la guerre, signifiait le retour de la France comme grande nation artistique.
À travers le destin hors du commun d'une femme à la personnalité fascinante, c'est aussi une partie méconnue de l'histoire de Marseille qui revit. Lily Pastré incarne la démesure d'une cité au caractère insoumis depuis la nuit des temps et la liberté d'une Provence cosmopolite dont tant d'artistes sont tombés amoureux.
Peu de femmes ont à ce point excité les passions, poussé aux commentaires les plus contradictoires, suscité autant de biographies. Marie-Antoinette n'est pas une reine comme les autres et l'on tend à la redécouvrir aujourd'hui sous des aspects moins connus. Le présent ouvrage se penche pour la première fois sur les liens forts qu'elle a entretenus avec la musique : ses études à Vienne, sa découverte du monde musical français, sa passion pour la harpe, le pianoforte et le chant, mais aussi pour l'opéra et l'opéra-comique. Par son soutien sans faille aux spectacles de la cour ou de Paris, elle a marqué sa volonté d'internationaliser un répertoire jusque-là très franco-centré.
Au fil des pages, depuis son arrivée à l'âge de 14 ans jusqu'aux jours sombres des Tuileries, on découvre le rôle important qu'elle a joué dans la société culturelle de la fin du XVIIIe siècle, ses liens avec le public des théâtres et avec les artistes, ainsi que l'influence qu'elle a exercée sur l'évolution du répertoire et les progrès techniques des instruments.
Tout au long d'une étude transversale qui unit la musique et les arts, mais aussi la politique, la société et des anecdotes de la vie quotidienne, Patrick Barbier propose un regard nouveau sur celle qui a été la reine mécène la plus mélomane et musicienne de l'histoire de France.
Très proche du couple Helmut et June depuis plus de cinquante ans, j'entendis un soir June me dire : « Tu devrais écrire notre histoire, tu la connais si bien. » Plus de cinquante années d'amitié...
Je me suis alors plongé dans mes souvenirs, relu Autoportrait d'Helmut ainsi que Mr. Newton de June, les divers écrits et articles consacrés aux deux photographes qu'ont été Newton et June dite Alice Springs, dont les Éditions du Regard publièrent le premier livre en 1983.
Mon projet fut alors d'évoquer la tragédie qui frappa le petit Helmut Neustädter, juif berlinois, dont une grande partie de l'oeuvre magnifie le désastre, sa rencontre à Melbourne avec June Dunbar, jeune comédienne australienne déjà reconnue, que leur installation à Paris contraignit à abandonner la scène.
En suivant ces deux destinées, j'ai tenté de raconter l'histoire, la vie d'un couple d'exception scellé par la créativité. Un couple dont l'intelligence, la modernité, la liberté émerveillent et interrogent sur la vérité d'une existence à deux.
Au fil du temps et du travail d'Helmut Newton, la réalité sociale et artistique des années 1960, 1970, 1980 et, dans une moindre mesure, des années 1990 se révèle, montrant une société qui n'était pas encore dominée par les réseaux sociaux, où la liberté de création était totale, non soumise aux diktats pseudo-moraux qui la gèrent aujourd'hui.