Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l'Europe libérée est traversée par une même soif de justice à l'égard des anciens ennemis et de leurs collaborateurs. Ce livre interroge ce « moment 1945 » comme une expérience, sinon totalement commune, du moins largement partagée par delà la coupure Est-Ouest du continent qui s'installe rapidement. Dans une perspective d'histoire comparée, son objectif premier est de faire dialoguer des historiographies nationales des « épurations » déjà riches mais qui s'ignorent le plus souvent. Au-delà, le pari de cet ouvrage collectif réside dans sa capacité à proposer de manière originale les bases d'une histoire connectée et transnationale des épurations européennes. Pour ce faire, les auteurs portent une attention particulière aux phénomènes de circulation et de transferts en matière de normes, de pratiques, voire d'acteurs des épurations, puis des « dés-épurations ». De même, ils accordent une place privilégiée aux populations « déplacées » dans ce contexte, en considérant les expulsés, exilés et réfugiés comme un autre phénomène marquant de l'histoire chaotique de l'Europe post-1945 qu'il convient de relier à l'histoire des épurations.
Peut-on penser le pouvoir sans l'associer à des réseaux ? Comment analyser autrement le développement de l'économie de marché, de l'entreprise à la mondialisation, et expliquer différemment le rôle de la finance dans l'émergence du capitalisme moderne? Comment interpréter la nature du pouvoir dans l'éducation et la culture sans parler des réseaux qui les irriguent au même titre que ceux qui façonnent la politique, de l'échelon local à celui de la société internationale ? C'est à ces questions qu'une équipe d'historiens, d'économistes et de politistes tente d'apporter une réponse dans une approche disciplinaire traversant les époques, du XVIIIe siècle à aujourd'hui, et associant les réalités françaises aux problématiques européennes, impériales et transnationales. Partant d'une définition commune de la notion de réseaux à la fois comme articulation entre des structures et comme lien entre des personnes, la vingtaine d'études ici rassemblées explore le rôle de ces mécanismes au coeur de multiples zones de pouvoir : la banque, l'entreprise, le commerce international, la culture, l'Etat ou la domination coloniale. Chaque contributeur l'a fait de manière distincte, soit au travers d'études de cas soit par le biais de synthèses plus larges. Mais, derrière cette diversité d'analyse, il existe une exigence méthodologique collective qui donne toute sa pertinence et toute sa cohérence à cet ouvrage : partir des faits concrets pour aboutir à une réflexion thématique globale. Au bout du compte, il en ressort la confirmation du postulat initial de ce livre : l'interpénétration du pouvoir et des réseaux. Une intégration dont les formes ont évolué dans la durée et qui a réussi à se pérenniser, portée qu'elle est par les modes de représentation spécifiques aux sociétés occidentales.
Les contributions réunies dans cet ouvrage sur les guerres balkaniques se veulent une interrogation sur leur impact international et dans les sociétés concernées, elles questionnent également la mémoire qu'elles y ont laissée et le rôle de celle-ci dans les relations interétatiques. Les auteurs s'intéressent tout d'abord aux conflits régionaux et aux questions territoriales, à l'expérimentation de la guerre et à la notion de patrie, aux relations entre civils et militaires, aux bandes armées. Un deuxième thème concerne plus particulièrement l'Empire ottoman puis la Turquie à travers l'importance de la Méditerranée, les indépendances successives des pays balkaniques, le devenir des villes ottomanes. La troisième partie renvoie à une tendance actuelle de la recherche qui entreprend de faire l'histoire des interventions internationales et des opérations de paix : l'action de la fondation Carnegie ; la spécificité de la diplomatie balkanique ; l'absence des grandes puissances et la fin du concert européen. Enfin, la quatrième partie traite des mémoires des guerres balkaniques : imagologie, censure et caricature ; les propagandes comparées des belligérants et des grandes puissances ; lieux de mémoire ; pour une écriture commune de l'histoire du conflit.
Depuis plusieurs décennies, les usages du numérique en histoire se multiplient. Mais l'histoire contemporaine est parfois restée à la marge de ce mouvement. Ce livre, qui recouvre divers usages du numérique, ses outils, ses méthodes, sera à la fois une bonne introduction pour les historiens désirant se renseigner sur les usages informatiques en histoire contemporaine, et un outil utile aux chercheurs et aux enseignants plus rompus à cette utilisation. Cet ouvrage leur permettra de comparer leurs pratiques et de les approfondir dans le cadre des humanités numériques. Digital practices in the field of history have become more and more widespread in recent decades, but contemporary historians have often tended to remain on the sidelines of this trend. This book, which covers a wide range of digital practices, tools and methods, will serve both as a solid grounding for historians keen to learn how information technology can be applied to contemporary history, and as a useful tool for researchers and lecturers who already have a degree of experience in this area. It will enable scholars to compare and further their practices in the area of digital humanities, providing a comprehensive vision of the emerging field of digital history.
Albert Schweitzer fut un homme de premier plan dans bien des domaines. Comme théologien, philosophe, musicien et surtout comme médecin, il est universellement connu et entouré d'un véritable mythe. Contrairement à ce qui est communément admis, c'est à Schweitzer lui-même que la construction de ce mythe est pour la plus grande partie redevable. L'essentiel de ce que l'on sait sur la vie et la carrière de l'illustre médecin de la forêt équatoriale a comme source ses écrits autobiographiques. L'originalité de la présente étude est de confronter pour la première fois à la réalité historique les informations livrées par Schweitzer relativement à sa carrière, ses recherches et sa philosophie. De cette confrontation il ressort que, dans bien des cas, Schweitzer se dépeint sous un jour qui est peu conforme à la réalité.
Au XXe siècle, l'Europe centrale et orientale a été l'épicentre de tensions internationales. Soumise aux ambitions de puissances totalitaires, elle a connu leur emprise idéologique. La diplomatie culturelle déployée par la France dans cet espace, de 1936 à 1940 puis dans les années succédant à la Seconde Guerre mondiale, a eu une double dimension : stratégique et idéologique. À partir d'archives et d'entretiens, ce livre en étudie les enjeux, les modalités, les adaptations renouvelées, les limites. Il observe les continuités et les évolutions entre les deux temps, et, sous l'angle culturel, appréhende la complexité d'une entrée en guerre froide. Dans la fin des années 1930, l'affirmation culturelle est ambitieuse, multiforme, face aux avancées de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste ; elle connaît des inflexions après « Munich », en particulier une symbiose entre « culture » et « information ». Ultérieurement, alors que les Alliés, vainqueurs, sont très présents, il s'agit d'une reconstruction pour retrouver une position d'influence. La France de 1945, affaiblie, mobilise ses ressources ; elle affiche sa proximité avec les mutations en cours à l'Est. Rapidement, le contexte international, l'évolution des États sous tutelle soviétique, les choix de la France - intérieurs et en politique étrangère - s'interposent dans la poursuite de l'action. Aux espoirs de concordances succède un réalisme face à une « Normalisation ». Une diplomatie culturelle « en résistance » est confrontée à une élimination programmée par le Kominform et ses relais. L'éviction du Bloc de l'Est s'inscrit dans un processus qui atteint l'ensemble des puissances occidentales.
À l'heure de l'élection du premier président noir des États-Unis, le paradigme de la démocratie raciale connaît une remise en cause sans précédent au Brésil où il vit le jour dans les années 1930. Si la célébration du paradis racial a depuis longtemps fait place à la dénonciation de l'enfer vécu par les populations indiennes et afro-brésiliennes, l'adoption du principe d'action affirmative suscite de nouvelles polémiques à l'aube du XXIe siècle. Inspiré du multiculturalisme nord-américain, le système des quotas conduit-il à une remise en question de l'identité nationale fondée sur l'idéal du métissage ? Permet-il, au contraire, une meilleure insertion des Noirs et des Métis dans la société ? Réunissant les contributions d'historiens, de sociologues, d'anthropologues et de politistes, cet ouvrage invite à repenser la question raciale dans une perspective comparatiste et transnationale. De la démocratie raciale au multiculturalisme, il propose une réflexion polyphonique sur la manière dont sont conçues les relations interraciales au Brésil, dans les Amériques et en Europe depuis le XIXe siècle. Il analyse la circulation des modèles théoriques et des idées politiques au sein d'un espace atlantique entendu au sens large, incluant à la fois les rivages nord-américains, africains et européens de l'Atlantique noir et les régions afro-latines de l'Amérique du Sud.
« Écrire le voyage, c'est transformer l'expérience en conscience » notait André Malraux. Plus que pour la chronique des déambulations qu'il contient, le récit de voyage est un outil particulièrement précieux pour bâtir une histoire des représentations et des relations culturelles internationales. Les voyageurs artistes, intellectuels et militants politiques présentent un intérêt spécifique car ils prolongent souvent leur expérience par un acte de création artistique, littéraire ou testimonial. Éducatif, érudit ou humaniste, leur voyage doit contribuer à produire un savoir sur le monde et sur soi ; il est d'abord la quête d'un « signalement de l'univers », pour reprendre la formule de Théophile Gautier qui fut lui-même un grand voyageur. Dans cet ouvrage, l'expérience du voyage importe donc surtout comme pratique et comme moment de confrontation avec une culture et une société étrangères. Il s'agit d'observer de quelle façon le déplacement dans un pays étranger, sa découverte ou redécouverte, orientent la perception de l'autre pays. Trois aires culturelles, outre la France, ont été privilégiées, chacune - Italie, Espagne, monde lusophone - ayant construit une identité forte autour du voyage et de la mobilité.
Le 4 août 1914, l'armée allemande envahit la Belgique, État neutre aux traditions peu martiales, qui se trouve propulsé au coeur même de l'immense conflit qui va marquer tout le XXe siècle - y compris le sien, et notoirement... La société belge en guerre forme le sujet de cet ouvrage qui constitue le premier essai de synthèse de l'histoire belge entre 1914 et 1918 depuis l'étude d'Henri Pirenne (La Belgique et la Guerre mondiale, 1928). Le « Moment 1914 », c'est le refus de l'ultimatum de Berlin, l'invasion, l'exaltation de la Belgique héroïque, puis, à l'occasion des massacres des civils, de la Belgique martyre. Ensuite, la guerre s'installe dans la durée : cinquante mois d'occupation, de silence, d'amertume et de misères multiples. Temps de solidarité mais aussi de méfiance, de résistances mais aussi de défaillances, de célébration de la patrie mais également, pour certains, de refus de l'« idée-Belgique ». Tout comme le front militaire, le front de l'intérieur va pourtant tenir. Les années maigres de l'après-guerre révéleront toutefois, très vite, la mémoire de guerre comme source de divisions. La Grande Guerre fut cependant une expérience commune. Elle ne peut se penser que dans le contexte global de la société belge. Un livre qui bouscule bien des clichés ou des positions partisanes. Un livre qui permet d'entrer réellement dans les strates les plus profondes de la société belge au XXe siècle.
Cet ouvrage a reçu le Prix d'Aumale de l'institut de France en 2010. Lorsque la France reçoit des délégations venues du monde entier pour redessiner l'Europe à la Conférence de la Paix de 1919, son principal souci est déjà de gagner la prochaine guerre face à l'Allemagne. La Tchécoslovaquie et la Pologne sont alors désignées comme les deux piliers de l'architecture de sécurité en Europe centre-orientale à condition que celles-ci acceptent d'accorder leurs lignes diplomatiques et militaires. Quelles initiatives françaises tentent de forcer l'entente entre Prague et Varsovie ? Quelles forces font obstacle à la nécessaire cohérence stratégique de ces trois acteurs qui peinent à devenir partenaires ? Pour saisir toute l'ampleur de cet enjeu central de la politique française à l'Est de l'Allemagne, les aspects militaires, diplomatiques et économiques sont ici croisés, permettant de clarifier les différentes influences qui orientent les relations internationales : marge de manoeuvre des gouvernements, processus de décision dans les ministères et les états-majors, poids du ressentiment dans la recherche d'une légitimité internationale. En abordant l'histoire d'un rendez-vous manqué, cet ouvrage éclaire l'une des raisons majeures de l'échec du système de sécurité français de l'entre-deux-guerres, mais aussi l'un des nombreux quiproquo que révèle l'histoire contemporaine des relations entre la France et les nations d'Europe centre-orientale.
Au-delà des deux dates charnières de 1973 et 1979, il importe de considérer les évolutions qui ont touché l'Europe de l'ouest comme des mutations nécessaires dans un monde de moins en moins bipolaire. À travers ses épreuves et ses hésitations, la Communauté européenne construit malgré tout un parcours original dans le domaine énergétique. Consciente de ses faiblesses, elle n'a pas toutes les armes pour dépasser ses contradictions. Mais la période 1960/1980 lui permet au moins de poser les bases de solutions adaptées aux réalités du Vieux Continent.
Le 9 novembre 1989 au soir s'ouvrait le Mur de Berlin. Vingt-huit ans durant, il avait divisé la ville, l'Allemagne, l'Europe et même le monde en deux blocs rivaux. Il devint l'un des emblèmes majeurs de la guerre froide. Erigé pour mettre fin à la fuite vers l'Ouest des Allemands de l'Est, il fut à l'origine de la mort de plus de 130 personnes, soulevant émotions et indignation internationales. L'ouverture puis la démolition du Mur ont été vécues par les contemporains comme un véritable changement d'époque, mettant fin à l'ordre bipolaire. En une quinzaine de chapitres, cet ouvrage retrace l'histoire du Mur dans différentes perspectives - berlinoises, allemandes et internationales - de sa construction en août 1961 à sa chute en novembre 1989. Les auteurs, historiens, germanistes, philosophes, historiens d'art et de la musique ou professionnels des métiers d'art et de la conservation, partent en quête des traces matérielles et symboliques du Mur, au temps du Mur comme après sa disparition. Les mémoires du Mur, plurielles mais inégalement audibles, et ses représentations à travers la littérature et les différentes formes artistiques sont au coeur du livre. Il n'est guère de lieux qui aient connu un tel renversement des valeurs : Dénoncé comme « Mur de la honte » ou légitimé comme « rempart de la paix », associé pendant plus d'un quart de siècle à la violence et à la propagande, le Mur est devenu après 1989 l'un des principaux emblèmes de la liberté et de la jubilation collective. Ce retournement symbolique explique l'extraordinaire présence, à Berlin et au-delà, d'un Mur aujourd'hui pourtant très largement effacé dans sa matérialité.
L'analyse de la nature et de la diffusion du discours colonial éclaire l'état d'esprit qui régnait en Suisse au sujet des Africains. De multiples sources sont sollicitées dans cette étude pour illustrer la force de l'imprégnation d'une mentalité coloniale au coeur d'un pays a priori peu concerné par l'impérialisme, faute de posséder des colonies. Or, affirmer que « la Suisse est coloniale » ne se mesure pas seulement à l'aide des mouvements migratoires, de l'analyse des flux économiques et de la recherche des traces laissées par de nombreux Suisses dans les pays colonisés. Cet ouvrage prend le contre-pied de l'histoire économique et politique traditionnelle en inscrivant le concept de colonialité de la Suisse dans le champ de l'histoire culturelle.
Avec ses quelque trois millions de morts civils et militaires, et ses innombrables destructions matérielles, la guerre dite du Vietnam reste à ce jour une des plus grandes tragédies humaines depuis 1945. Une réflexion sur les conditions politiques, diplomatiques et militaires dans lesquelles s'est effectuée la sortie de la guerre, entre 1968, année de l'ouverture des négociations américano-vietnamiennes à Paris, et 1976, date de la réunification administrative du Vietnam, semble d'autant plus opportune que grandit actuellement l'inquiétude sur les perspectives de l'après-guerre en Afghanistan. Inspirés d'un colloque international réuni à Paris, en 2008, les textes rassemblés ici par Pierre Journoud et Cécile Menétrey-Monchau abordent cette étape de la sortie de guerre principalement sous l'angle diplomatique, mais débordant largement le spectre diplomatique traditionnel. Quelques-uns des meilleurs spécialistes croisent ici leur analyse de cette phase finale de la guerre, revenant sur les négociations qui ont mis fin à la dimension américano-vietnamienne du conflit, avec l'Accord de Paris du 27 janvier 1973, avant que les armes ne tranchent l'autre guerre, celle entre Vietnamiens, le 30 avril 1975. Ce livre est accompagné d'un DVD avec des témoignages inédits sur les coulisses des négociations de Paris qui ont mis fin à la guerre du Vietnam (1968-1973). With its three million civilian and military casualties and the enormous material destruction it brought about, the Vietnam War remains one of the worst human tragedies since 1945. Growing uncertainty about the potential post-war situation in Afghanistan has renewed interest in the political, diplomatic and military conditions that brought about the end of the Vietnam War - the period covered by the opening of Vietnamese-American negotiations in Paris in 1968 up to the administrative reunification of Vietnam in 1976. The texts collected in this volume by Pierre Journoud and Cécile Menétrey-Monchau, first inspired from an international colloquium held in Paris in 2008, analyse the full range of exit strategies exploited during this period. Although written primarily from a diplomatic perspective, the focus of this publication extends well beyond the traditional realm of diplomacy. Some of the most eminent specialists present their analysis of the final phase of the war, and re-examine the negotiations which brought the Vietnamese-American phase of the conflict to an end with the Paris Agreement of January 27, 1973, before the other war, between the Vietnamese themselves, was decided by the force of arms on April 30, 1975. Provided with this book is a DVD with new testimonies on the Paris Peace negotiations that ended the Vietnam War (1968-1973).
L'ouvrage propose une analyse des politiques de réconciliation mises en oeuvre durant le conflit nord-irlandais entre 1969 et 1998. Tout en donnant des exemples très précis, il décrit la complexité de cette mise en pratique et s'interroge sur les enjeux liés à la contribution de la société civile.
L'auteure met en lumière la richesse des premières politiques dites de community relations. Leur pluralité est révélée grâce à l'étude d'archives parfois inédites et à la rencontre avec des acteurs clés, dont certains étaient sollicités pour la première fois depuis les années 1970. L'ouvrage porte un intérêt particulier aux pensées et actions de ceux qui travaillent dans les milieux associatifs et non politiques. Il met en exergue les décisions prises dans un contexte de tensions accrues en 1971 et 1972 qui, malgré leur caractère décousu, sont structurantes pour les programmes développés dans les décennies suivantes. Les politiques de réconciliation subissent alors ce que les chercheurs en sciences politiques nomment la dépendance au sentier, ou path dependency, et l'approche audacieuse et plurielle devient peu à peu marginalisée. Ceci constitue le soubassement des programmes plus consensuels développés dans les années 1980 et 1990.
La restauration ferroviaire est peu connue alors qu'elle entre dans l'économie de multiples prestataires de service dans le monde depuis le XIXe siècle. Elle intéresse une demande quotidienne. Fournir des denrées et des boissons aux habitués des gares et des trains est une source d'innovations régulières. Les propositions alimentaires s'adressent à des clientèles nombreuses, aux choix très différents et aux exigences multiples en termes de prix, de conditionnement et de goûts. Depuis l'invention des buffets de gare, qui ont pris la suite des auberges routières, et la conception d'une restauration en voyage proposée dans le célèbre dining car, les formules mises au point n'ont cessé d'être transformées. Qu'il s'agisse d'un plateau repas ou d'un grignotage, d'un repas gastronomique ou d'une manière de tromper l'attente, chaque voyageur a expérimenté la restauration ferroviaire. Il en résulte des représentations mentales, des récits de voyage, des situations subies ou gardées en mémoire comme des instants incertains ou des moments de confort rassurants. On en retrouve la trace autant dans des BD et des Mangas que dans des scènes improbables portées au cinéma ou sur le support d'affiches commerciales. La restauration ferroviaire - il conviendrait d'ailleurs d'écrire plutôt « les restaurations ferroviaires » - peut ouvrir de nombreuses pistes d'études littéraires, historiques ou anthropologiques, mais aussi d'études des techniques ou d'histoire économique de la consommation. C'est l'approche initiatrice dont cet ouvrage rend compte par des études saisies dans la diversité des cultures, aux Etats-Unis, en Inde, en Russie, au Japon et en Europe, du XIXe au XXIe siècles.
Rail catering is unknown even if it is an economy of multiple service providers in the world since the nineteenth century. It concerns a daily demand. Supplying food and beverages to the consumers and travellers of stations and trains is a source of frequent innovations. Food proposals present very different choices and several requirements in terms of price, packaging and tastes. Since the invention of the station buffets, which have taken over from the road inns, and the design of a restaurant catering proposed in the famous dining car, the formulas developed have not ceased to be transformed. Whether it is a ready-made meal or a snack, a gourmet presentation or a take away during an expectation, each traveller has experimented railway catering. The result is mental representations, travel stories, situations experienced or kept in memory as uncertain moments or reassuring time of comfort. Traces of it are found in comics and Mangas as well as in unlikely sketches taken to the cinema or on commercial poster stands. Eat and drink in railways open so many literary, historical or anthropological studies, but also studies of techniques or economic history of consumption. It is the initiating approach to this book, which is reflected in studies of the diversity of cultures in the United States, India, Russia, Japan and Europe from the 19th to the 21st centuries.
Soldat de l'armée d'Orient, le caporal télégraphiste Henri Chabos entretiendra durant la guerre de 14-18 une correspondance quasi quotidienne avec son amie institutrice. L'absence de saillance sociale du scripteur - commis des Postes saisi par la guerre - rend l'étude approfondie de ce cas particulièrement pertinente : ces données constituent en effet autant de traces micro-historiques éclairant les représentations d'une fraction sociale formée d'individus nés dans les dernières années du XIXe siècle, exerçant des professions d'employés d'administration ou d'enseignant du premier degré. Ce n'est toutefois pas au caporal Chabos que les auteurs s'intéressent au premier chef, mais à l'individu préexistant à la guerre, un jour contraint « d'y aller », rapidement las et soumis, et lui-même produit d'une longue histoire.
Dans une première partie, les auteurs reconstruisent la trajectoire d'une lignée d'individus (1780-1920), douaniers et enseignants, originaires du haut Doubs, qu'ils livrent dans une représentation dynamique, en interaction permanente avec un milieu marqué par un écotype singulier, celui de la frontière, fonctionnant comme un système de valeurs environnementales interdépendantes, qu'il s'agisse d'indices sociaux, économiques, culturels, historiques ou géographiques. La seconde partie est entièrement consacrée à la mise en perspective du courrier envoyé par Henri Chabos à sa fiancée, puis épouse - correspondance révélant des êtres de chair soumis aux mouvances du coeur, à l'incertitude accrue par la distance et à l'impuissance devant la séparation.
Quelle fut la perception et l'interprétation du national-socialisme comme idéologie et comme pratique du pouvoir dans l'Europe francophone et germanophone entre le début des années 1920 et la fin des années 1940? Telle est la question au centre de la série de six volumes inaugurée en 2017 et qui propose une typologie des regards et des savoirs relatifs au national-socialisme et des interprétations suscitées par celui-ci à travers l'analyse systématique de monographies, de journaux et de revues représentatifs de l'opinion et des milieux intellectuels des pays intéressés. Le présent volume, troisième de la série, s'intéresse aux positions adoptées par les différents courants et partis de gauche. Il propose des études relatives à des interprétations du national-socialisme ainsi que d'autres centrées sur la vision de ce mouvement politique diffusée par une série de périodiques représentatifs.
Wie werden Ideologie, Etablierung und Herrschaft des Nationalsozialismus in den deutsch- und franzsischsprachigen Räumen Europas vom Beginn der 1920er bis zum Ende der 1940er Jahre wahrgenommen, bewertet und erklärt? In sechs systematisch angelegten Bänden, der erste erschien 2017, werden diese Fragen anhand einer exemplarischen Auswahl von Büchern, Zeitungen und Zeitschriften ebenso untersucht wie die unterschiedlichen Deutungen des Nationalsozialismus in seiner Epoche und den unmittelbaren Jahren nach seinem Ende. Im Zentrum des dritten Bandes steht die Linke in ihren unterschiedlichen ideologischen Ausprägungen. Die Beiträge sind den verschiedenen Interpretationen des Nationalsozialismus in diesem politischen Spektrum gewidmet, insbesondere auch aus der Perspektive repräsentativer Zeitschriften dieses Milieus/dieser Milieus.
Cet ouvrage part du postulat que le degré d'effervescence mémorielle est proportionnel au degré de violence subie dans le passé ou de silence imposé et perçu comme une injustice non réparée. Les mobilisations mémorielles autour d'un devoir de mémoire prennent souvent la forme violente de « guerres de mémoire ». Leur violence symbolique (ou autre) est en corrélation avec la violence des conflits passés : violence résultant de la conquête de territoires, violence politique des régimes dictatoriaux, violence des vainqueurs envers les vaincus, violence des empires à l'égard de leurs sujets, violence de guerres civiles et de luttes de libération nationale... Querelleuses, les mémoires de conflits alimentent des tensions politiques, susceptibles de déclencher de nouveaux conflits.
Comment ces revendications à caractère purement mémoriel deviennent-elles un enjeu de lutte sociale et politique ? Quelle est l'attitude de l'État face aux visions alternatives, non officielles du passé ? Ces dernières parviennent-elles toujours à modifier le paradigme du grand récit national ? À quelles conditions peut-on arriver à un apaisement mémoriel durable ? Quelles sont les stratégies pour le rapprochement entre deux nations, autrefois belligérantes, ou pour la recherche d'une cohésion au sein d'une société divisée ? Un devoir de mémoire ne devrait-il pas s'accompagner d'un devoir de vérité pour toutes les parties impliquées dans le conflit ? C'est à ces questions, d'ordre d'abord éthique, que tentent de répondre les auteurs de cet ouvrage.
Ce recueil rassemble des études d'historiens, géographes et germanistes d'origines diverses. Elles sont réunies en hommage à Chantal Metzger, professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université de Lorraine, spécialiste d'histoire de l'Allemagne et des relations internationales, notamment franco-allemandes, et rédactrice en chef de la revue Guerres mondiales et conflits contemporains. Ce volume aborde des sujets relatifs à l'histoire des guerres mondiales, aux relations entre la France et l'Allemagne depuis 1945 et aux enjeux internationaux, coloniaux et européens depuis le début du XXe siècle. À travers vingt-et-une contributions, il est question de l'emprise et de la portée des conflits, ainsi que des modalités de la construction européenne, des réticences et des relations qu'elle a suscitées. Plusieurs thèmes sont mis en évidence, tels la mémoire, le renseignement, l'industrie, l'aéronautique, la presse et la gastronomie. Des regards croisés sont rendus possibles par des études concernant l'URSS, la Poznanie, l'Italie, le Portugal, voire, en contrepoint, le Japon.
The circulation of goods, ideas, and people has shaped a common European food culture. But practical questions pertaining to this process remain unanswered. How and why do changes in food habits occur and what are their implications? What are the social and cultural processes involved between hosts and migrants and how do they play out in the face of economic and political imperatives? This book addresses these questions through the combined study of food and migration in the past. By building on studies in the fields of anthropology, geography, history, and sociology, the present monograph analyzes the public foodways of Italian migrants in Brussels at the turn of the twentieth century as a way of exploring how migrants used the business of food to construct meaning and articulate sentiments of belonging. It describes and discusses Italian neighborhoods, migratory patterns, occupations, and food businesses (i.e. cafés, restaurants, shops, and peddling activities) by applying quantitative and qualitative methods of interpretation to archival, business, journalistic, and photographic sources. The study bridges a gap in the historiography of Italian food and migration by providing a Western European counterpoint to Italian experiences in North and South America and a thorough discussion of the forging of Italianness outside of Italy at a crucial time in that nation's history. This book ultimately underlines the creative and innovative role migrants play in the social and cultural processes that shape human societies.
Wie wurden Menschenrechte zum erfolgreichen Bestandteil politischer und ideologischer Argumentation während der 1960er und 1970er Jahre? Zur Beantwortung dieser Frage untersucht das Buch die Verwendungsweisen von Menschenrechtssprache in der professionellen Sphäre der Politik. Die westliche Integrationszone steht hierbei im Zentrum der Untersuchung, welche die Verwendungsweise von Menschenrechtssprache in politischer Argumentation auf drei Ebenen analysiert: Topoi, Argumente, performative Sprechakte. Drei historische Ereignisse liefern die Grundlage für die semantische und rhetorische Untersuchung von Menschenrechtssprache im Kalten Krieg. Der Vietnamkrieg dient als Langzeitereignis. Er wird durch den Berliner Mauerbau im August 1961 und den Prager Frühling 1968 ergänzt. Das Buch liefert somit auch einen Beitrag zur Kulturgeschichte der Politik im Kalten Krieg. Es wird argumentiert, dass die Anerkennung der Menschenrechte als Grundnorm in den 1970er Jahren ohne die Etablierung einer Menschenrechtssprache in den 1960ern nicht mglich gewesen wäre.
Im Jahre 1945 stand Deutschland ohnmächtig und geächtet vor den Trümmern seiner Politik. Rassischer Weltanschauungskrieg und systematische Vernichtung der europäischen Juden waren ein zivilisatorischer Bruch und belegten die Deutschen mit einer moralischen Schuld. So ist die deutsche Nachkriegsgeschichte vor allem die Geschichte der schwierigen Auseinandersetzung mit der eigenen verbrecherischen Vergangenheit. Für die Deutschen galt es, das Vertrauen ihrer Nachbarn neu zu gewinnen, um den Weg zurück in den Kreis der zivilisierten Vlker zu finden. In Politik und Zivilgesellschaft wuchsen schnell erste Initiativen, die auf Verständigung und Vershnung abzielten. Mentale Demobilisierung und Abbau von Feindbildern gehrten zu den Aufgaben, um nach dem Krieg ein friedvolles Miteinander in Gegenwart und Zukunft herzustellen. In einer breiten Gesamtschau beleuchtet dieser Band, wie über symbolische Gesten, an Erinnerungs- und Gedenkorten, durch Organisationen und Institutionen, über Aktionsfelder und Handlungsformen, bisweilen unter wissenschaftlicher Anleitung, Prozesse eingeleitet wurden, die in den meisten Fällen aber nicht immer zur Verständigung zwischen den Deutschen und ihren europäischen Nachbarn beitrugen. Dabei zeigen die Beiträge, dass Vershnung nicht «besiegelt» werden kann, sondern eine nie endende politische, soziale und kulturelle Arbeit darstellt.
European cultural policy is based on the exchange of artists. It has devoted decades to the objective of encouraging dialogue and enabling cooperative production; especially between the countries of the so-called `Global North' and `Global South'. Cultural policy makers and agents in Europe, such as those working in cultural institutions and at the ministries responsible for cultural relations, constantly stress their claims of a `dialogue of equals'. However, if and how cultural cooperations really are in practice brought to life on equal terms is an open question.
Annika Hampel analyzes the working conditions of partnerships to understand how current artistic collaborations function, what structures and processes they involve, on what premises and within what frameworks the collaborators work, and what challenges they have to cope with.The foundation of her reflections are the experiences and insights of actors in cooperative projects who are responsible for the implementation of the goals of the European Cultural Policies in practice.
Annika Hampel uses five case studies, which offer insights across the spectrum of artistic cooperation, to display the wide range of Indo-German collaborations in the arts. From her analysis of the practical reality, Annika Hampel develops and proposes cultural and political measures to foster a new culture of international cooperation on an equal footing. The author shows how to minimize power relations, promote cultural diversity, and exploit the underused potential of cooperative work.