Deux amis se promènent. L'un est philosophe, l'autre neurologue. Ils conversent pour le plaisir, en marchant, durant quatre saisons, dans les champs et les bois. Ils dialoguent librement, sans façons, en cherchant à comprendre ce qui se passe en nous pendant que nous marchons.
La marche favorise-t-elle la pensée ? Si oui, pourquoi ? La pensée est-elle comparable à une marche ? Comment le cerveau contrôle-t-il à la fois les mouvements des jambes, l'équilibre et la posture du corps ? Quels rapports entre ces trois caractéristiques de l'espèce humaine : penser, parler, marcher debout ?
Chemin faisant, dans des termes simples et précis, ils évoquent enfin les relations entre sciences et philosophie, leur fâcheux divorce, leurs retrouvailles souhaitables.
Entre divergences et convergences, leur commune volonté d'y voir clair est communicative. Et leur allégresse vite partagée. Pas à pas.
Roger-Pol Droit, philosophe et écrivain, a été chercheur au C.N.R.S. et enseignant à Sciences-Po. Son oeuvre, une quarantaine de livres (recherches, pédagogie, enquêtes, fictions), est traduite en plus de trente langues.
Yves Agid est professeur émérite de neurologie et de biologie cellulaire à Sorbonne Université, ancien chef de service (hôpital de la Salpêtrière), membre de l'Académie des sciences, co-fondateur de l'Institut du Cerveau. C'est un spécialiste de l'étude des mécanismes et du traitement des maladies neurodégénératives.
« Si nos processus de pensée étaient moins pressants, moins crus, moins hypnotiques, nos déceptions constantes, la masse grise de la nausée nichée au coeur de l'être, nous désempareraient moins. Les effondrements mentaux, les fuites pathologiques dans l'irréalité, l'inertie du cerveau malade peuvent, au fond, être une tactique contre la déception, contre l'acide de l'espoir frustré. Les corrélations manquées entre pensée et réalisation, entre le conçu et les réalités de l'expérience, sont telles que nous ne saurions vivre sans espoir. Espérer contre tout espoir est une formulation forte, mais en définitive accablante de la brunissure que la pensée jette sur la conséquence. »
George Steiner
Édition bilingue
« Ces Propos d'altitude sont le premier ouvrage qui voit le jour après la mise à exécution du choix que j'ai fait d'une vie plus retirée, plus dépouillée, plus élémentaire, dans les hautes terres du Cantal. Érémitisme tout relatif, pleinement sociable, au milieu du monde paysan, dans le partage quotidien de son climat, de sa "liturgie", de ses gestes ». Après de nombreuses années à l'abbaye Saint-Martin de Ligugé, François Cassingena-Trévedy s'est plongé dans cette expérience d'un autre monachisme, mais demeure en lien constant avec son Eglise et son époque.
Ce qui frappe dans ce « journal » exempt d'anecdotes et tout entier centré sur la méditation, c'est une érudition sans pareille mêlée à une étonnante liberté de ton, mais c'est surtout le style. Entre la maxime chère à nos moralistes classiques, la « pensée » d'allure pascalienne, et la pure poésie dans laquelle l'infime de la nature et de la vie quotidienne rejoint l'universel, la spiritualité chrétienne se dit ici d'une manière admirable et unique.
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La philosophie, une affaire grecque ? Seulement européenne, occidentale ? Absolument pas.
Partout dans le monde, d'autres cultures, d'autres langues ont des usages multiples de la raison et de son exercice, qui produisent des systèmes de pensée rigoureux, déductifs, démonstratifs. Des philosophies à part entière. Encore faut-il trouver des chemins pour y accéder.
En grand pédagogue, Roger-Pol Droit nous propose d' « entrer dans les têtes » des philosophes d'ailleurs, indiens ou chinois, logiciens bouddhistes tibétains ou japonais, penseurs juifs ou arabo-musulmans.S'adressant à tous, dans une langue limpide et précise, cette brève histoire fait découvrir des univers intellectuels captivants, souvent méconnus, parfois mal compris. Et notamment des philosophes arrivés récemment parmi les auteurs du baccalauréat, comme Zhouang Zi, taoïste aux provocations paradoxales, Nâgârjuna, théoricien bouddhiste de la Voie du Milieu, Maïmonide, maître du Talmud, Avicenne, penseur de l'iIslam des Lumières. Et bien d'autres, mis en perspective.
Un guide inédit pour renouveler la réflexion sur les ressorts de la philosophie, son histoire, ses frontières et son évolution, tout comme ses relations aux sagesses, religions et spiritualités.
" Roger Pol-Droit entraine son lecteur, avec rigueur et clarté, dans un tour du monde des pensées. " Le Monde
Philosopher pour tous, sans préparation, sans précaution, et dans la langue commune : tel était le pari d'Alain, dans ces célèbres Propos. Tel est celui d'André Comte-Sponville, dans les siens. La philosophie, pour lui, est le contraire d'une tour d'ivoire ; elle n'existe que dans le monde, que dans la société, et d'autant mieux qu'elle s'y confronte davantage. Ecrire dans les journaux, c'est penser dans la Cité comme il convient, et pour elle. Ces 101 propos, le plus souvent inspirés par l'actualité, constituent la plus vivante des introductions à la philosophie, mais c'est aussi davantage : un livre de sagesse et de citoyenneté.
La vie philosophique ne consiste pas uniquement dans la parole et l'criture, mais dans l'action communautaire et sociale. C'tait dj l'opinion d'pictte et de Marc Aurle. C'est aussi dans cette perspective de l'agir qu'il faut comprendre la maxime goethenne N'oublie pas de vivre, car elle rsume l'extraordinaire amour de la vie que l'on peut observer chez Goethe.
Grand lecteur de Goethe, Pierre Hadot analyse ici comment le matre allemand se situe dans la longue tradition occidentale des exercices spirituels inspirs par la philosophe antique. Par cette pratique quotidienne, l'individu s'efforce de transformer sa manire de voir le monde afin de se transformer lui-mme.
l'instar des Anciens, Goethe croyait la ncessit de vivre dans le prsent, dans la sant du moment , de saisir le bonheur dans l'instant au lieu de se perdre dans la nostalgie romantique du pass ou du futur. Le dpassement du moi partiel et partial , la concentration sur l'instant prsent, le regard d'en haut , la perspective universelle sont autant de thmes, chers Pierre Hadot, que Goethe a abords.
Ali Benmakhlouf, professeur de philosophie à l’université de Paris-Est, retrace ici le sens de l’engagement des philosophes arabes dans la recherche de la vérité.Lire les philosophes arabes médiévaux avec l’œil de la philosophie contemporaine pour y trouver des affinités de méthode et de doctrine : tel est le parti pris de ce livre.Lire ces philosophes arabes, c’est aussi les inscrire dans la tradition et le patrimoine de l’humanité, car ils ont su ménager des accès multiples à la vérité où religion et philosophie sont pensées de manière conjointe. Leurs travaux dans de nombreux domaines, comme la médecine, la logique ou l’histoire continuent de nous interpeller comme ils ont contribué à la formation de la pensée européenne.Le médiéval rejoint alors le contemporain dans cette riche histoire qui est celle de l’humain et de l'intellect.
« Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement », écrit La Rochefoucauld. Cela fait au moins une différence avec le sexe : le regarder fixement, voilà ce que peu d'hommes et de femmes, de nos jours, s'interdisent ou redoutent. Pourquoi, s'agissant de sexualité, est-ce pourtant cette formule qui m'est venue, jusqu'à me fournir, ou peu s'en faut, mon titre ? Peut-être parce que l'essentiel, ici aussi, échappe au regard, ou l'aveugle, tout en continuant de le fasciner. Le sexe est un soleil ; l'amour, qui en vient, s'y réchauffe ou s'y consume.
Les mortels, disaient les Anciens pour distinguer les hommes des animaux et des dieux. Nous pourrions, tout autant, nous nommer les amants : non parce que nous serions les seuls à avoir des rapports sexuels, ni à aimer, mais parce que le sexe et l'amour, pour nous, sont des problèmes, qu'il faut affronter ou surmonter, sans les confondre ni les réduire l'un à l'autre. Cela définit au moins une partie de notre humanité : l'homme est un animal érotique. » André. Comte-Sponville.
Pour la plupart des contemporains, la solitude est ressentie de façon négative : on la confond avec l'isolement, le manque, l'abandon. Et la société veille à empêcher que l'être humain ne se retrouve seul, face à lui-même. Or la solitude choisie est loin d'être un enfermement, une pauvreté : c'est un état d'heureuse plénitude. Non seulement parce qu'elle offre la clef de la vie intérieure et créative, mais parce qu'elle est disponibilité et chemin d'apprentissage de l'amour. Il n'est pas de liberté de l'individu sans ce recueillement de la pensée, sans cet ermitage du coeur. Pourquoi tant de philosophes, d'artistes, de saints et de mystiques furent-ils de grands solitaires ? Quelle force, quelle inspiration puisèrent-ils dans une vie d'austère apparence ? Et pourquoi notre monde lutte-t-il avec tant d'ardeur contre un état propice à la connaissance de soi ? Jacqueline Kelen invite ici chacun à découvrir son immense liberté.
Redécouvert au XXe siècle par les historiens du Moyen Âge, les théologiens et les philosophes, Maître Eckhart est aujourd'hui reconnu comme l'un des grands mystiques chrétiens. Pour autant, trop peu de lecteurs ont pu jusqu'à présent se pencher sur son oeuvre et pénétrer ainsi le fond d'une pensée aussi originale que féconde.
Lire Maître Eckhart dans la continuité de ses textes majeurs, c'est entrer dans un monde, saisir la cohérence intérieure d'un homme qui continue d'étonner par ses formules paradoxales, apprendre à discerner le sens mystique du détachement, du « sans pourquoi », du « Dieu au-delà de Dieu »... Dans la droite ligne des Sermons, Gwendoline Jarczyk et Pierre-Jean Labarrière nous donnent ici à lire les quatre sermons allemands et l'unique poème, plus accessibles que l'oeuvre latine. Fidèles à l'esthétique dépouillée de sa langue, ils nous guident sur ce chemin escarpé où le vertige de l'être et la lumière mystique affleurent au détour de chaque phrase.
Les lettres au mystrieux Lucilius de Lutce qui ouvrent ce livre donnent le ton : intime, allgre et rudit. S'il voque toujours ce qui lui tient coeur, l'histoire et la philosophie chez les Grecs, les Romains et les Premiers chrtiens, ou les contre-vrits qui ont fait long feu, Lucien Jerphagnon nous parle aussi avec brio et profondeur de sujets plus personnels ses amis, ses affections, et ses conversations avec les dieux. Le Matre nous rappelle alors, avec son accent inimitable, que le prsent doit se conjuguer avec la plus divine des obligations, dont les dieux d'Homre ont donn l'exemple : rire .
Lucien Jerphagnon a publié tout au long de sa carrière nombre de textes enlevés : des articles grand public ou savants, légers et polémiques, drôles et inattendus. Ce livre se veut un choix des meilleurs inédits du Maître sur l'Antiquité, relus et retravaillés par ses soins. Lucien Jerphagnon nous entraîne de page en page à voir avec leurs yeux ce que voyaient les Anciens. Quoi qu'il traite, il nous entretient avec bonheur de la sagesse et de la mystique chez les Grecs et les premiers chrétiens. Car, pour Lucien Jerphagnon, il en va toujours de la recherche du Bien suprême - un Bien suprême qui n'exclut ni le rire ni l'humour.
« Connais-toi toi-même » - phrase reprise de la devise qui ornait le fronton du temple de Delphes, et dont Socrate a fait son leitmotiv - est le vade-mecum parfait de ceux pour lesquels l'esprit n'a pas d'âge et appartient à tous les siècles - à aujourd'hui comme à demain.
Prix du meilleur livre étranger 2019 - Essai
1919. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, un élan de créativité sans précédent se produit dans l'histoire de la philosophie. Les ouvrages majeurs de Ludwig Wittgenstein, Martin Heidegger, Ernst Cassirer et Walter Benjamin, marquent un tournant de la pensée occidentale qui va façonner la philosophie moderne. Critique de la technologie, crise de la démocratie, repli identitaire, développement durable : pour comprendre et interpréter les grandes questions contemporaines, il faut revenir sur les traces de ces quatre grands penseurs. De l'Autriche à la Forêt-noire en passant par Paris et Berlin, entre biographie et analyse philosophique, Wolfram Eilenberger, qui a été longtemps rédacteur en chef de Philosophie Magazine en Allemagne, retrace de manière très vivante les chemins de réflexion de ces quatre philosophes essentiels.
Moraliste doublé d'un métaphysicien hors pair, Vladimir Jankélévitch (1903-1985) est l'auteur d'oeuvres classiques parmi lesquelles Le Traité des vertus, La Mort, Le Pardon, L'Irréversible et la nostalgie, Le Paradoxe de la morale, et de nombreux livres sur la musique, entre autres sur Debussy, Ravel et Fauré.Avec fidélité, sérieux et courage, il n'a cessé d'unir la pensée et l'action, de mêler réflexion et implication dans la vie sociale de son temps pour défendre au mieux les idées qui illustraient ses cours à la Sorbonne sur le mensonge, la sincérité ou la justice.Composé de textes rares, devenus introuvables ou inédits en volume, ce livre présente des grands enjeux : mémoire, pardon, lutte contre le racisme et l'antisémitisme....Vladimir Jankélévitch nous met en garde contre le retour des pensées criminelles. Et à la question : qu'est-ce qu'un philosophe aujourd'hui ? Il répond : « Eh bien, c'est d'abord quelqu'un qui fait comme il dit. » Cette édition a été préparée par Françoise Schwab, historienne, éditrice des oeuvres posthumes de Vladimir Jankélévitch, auteur de nombreux articles sur la pensée du philosophe en rapport avec Henri Bergson, Emmanuel Levinas ou Léon Chestov.Avec des contributions de Jean-Marie Brohm, docteur d'État ès Lettres et Sciences humaines, professeur émérite de sociologie, à l'Université Montpellier III, auteur entre autres de 1936. Jeux olympiques à Berlin (André Versaille éditeur, 2008) et de Jean-François Rey, agrégé de philosophie, docteur en sciences politiques, auteur de plusieurs ouvrages sur Emmanuel Levinas dont Levinas autrement (Peeters, 2012).
« Ces attentats nous ont tous sidérés, bouleversés, meurtris. Mais immédiatement, ils ont produit l’effet contraire de celui que les terroristes recherchaient : au lieu de nous terroriser, ils nous ont donné du courage ; au lieu de nous diviser, ils nous ont rassemblés ! Ils nous ont rassemblés de façon instinctive contre le fanatisme en nous faisant prendre conscience qu’il fallait maintenant changer d’ère : passer du “choc des civilisations” à celui de la fraternité des cœurs et des cultures. Ce plaidoyer propose des pistes de réflexion, d’engagement et d’actions concrètes. »
Abdennour Bidar, normalien, agrégé et docteur en philosophie, a enseigné une vingtaine d’années avant d’être chargé de mission au ministère de l’Education nationale. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont L’islam sans soumission chez Albin Michel, et a repris l’émission Cultures d’islam créée par Abdelwahab Meddeb sur France Culture.
Nous vivons un moment décisif. à l'euphorie des années 1990, marquées par le triomphe de la démocratie libérale et la célébration d'un « nouvel ordre mondial », a succédé l'illusion d'une démocratie sans frontière, sans ennemis, sans partis. Une démocratie cosmopolite qui apporterait enfin paix et prospérité aux peuples du monde. Mais la montée des populismes de droite en Europe et la menace que représente aujourd'hui le terrorisme international ont révélé à quel point ce rêve était superficiel. Et les mots censés l'illustrer « dialogue », « consensus », « délibération » impuissants.
Pour la philosophe Chantal Mouffe, figure de la démocratie radicale et plurielle, considérée, avec Ernesto Laclau, comme l'inspiratrice du mouvement Podemos, le conflit est constitutif de la politique. Aussi, concevoir la politique démocratique en termes de consensus et de réconciliation n'est pas seulement erroné conceptuellement, mais dangereux politiquement. Quand les luttes politiques perdent de leur signification, ce n'est pas la paix sociale qui s'impose, mais des antagonismes violents, irréductibles, susceptibles de remettre en cause les fondements mêmes de nos sociétés démocratiques.
Amélie Nothomb, morte ? Elle ne se souvient de rien. Voici pourtant qu'une dénommée Plectrude lui annonce la sinistre nouvelle. Elle lui révèle également qu'une identité posthume est attribuée à chacun au terme d'une cérémonie. L'un ira au paradis des cinéastes et l'autre au paradis des boulangers, par exemple. L'éternité est moins longue lorsqu'on échange autour d'une passion commune... Amélie s'attend donc à retrouver Stendhal et Virginia Woolf au paradis des écrivains. Stupeur ! Elle se retrouve au paradis des philosophes, aux côtés de Platon et de Nietzsche ! S'agit-il d'une erreur ? En faisant appel de cette décision, Amélie va subir un drôle de Jugement dernier au cours duquel viendront témoigner les illustres gloires de la philosophie, depuis Spinoza jusqu'à Sartre.
Écrit « à la manière » d'Amélie Nothomb, ce conte philosophique de Marianne Chaillan est un voyage aussi drôle que méditatif qui invite le lecteur à découvrir autrement l'oeuvre de la romancière mondialement célèbre.
Si la haine est une expérience psychique nécessaire - impossible de grandir ou de passer les étapes de la vie sans en faire l'expérience -, l'absence de refoulement de cet élan pulsionnel est dévastatrice pour la vie en société et pour soi-même. Or la haine s'invite de nos jours dans les dialogues, et surgit au moindre désaccord, entre voisins, dans le couple, dans la famille, au travail, et bien sur, de façon véhémente, en politique. Et ce nouveau discours de la haine produit nécessairement de nouvelles formes de violence.
Dans cet essai passionnant, Hélène L'Heuillet envisage les mouvements populiste et jihadiste comme des effets de ce nouveau rapport à la haine. Rien d'étonnant dès lors à constater qu'ils attirent ceux qui sont nés au sein même de ces discours, qui ont été socialisés par eux, bercés par leurs rengaines : les jeunes.
Qu'a-t-on dit, ou plutôt que n'a-t-on pas dit, à la jeunesse pour qu'elle soit séduite par le type de radicalité en jeu dans le populisme et dans le jihadisme ? Comment expliquer qu'elle désire à ce point la destruction ?
Sigmund Freud et Romain Rolland ont entretenu de 1923 à 1936 et ne se sont rencontrés qu'une fois. Au fil d'échanges aussi sobre qu'intenses, ils abordent des thèmes tels que la nature de la croyance et l'origine du sentiment religieux - Freud se considérait comme un « juif athée » face à son ami, chrétien sans Église, et le malaise dans la civilisation, qui les préoccupait l'un et l'autre après les massacres de la première guerre mondiale qui précédèrent la montée des totalitarismes et la menace d'un nouveau conflit.Si le courant passe entre ces deux créateurs fort différents, c'est que des affinités latentes les rapprochent, comme leur stature de héros romantiques et un lien commun avec Goethe et les romantiques allemands. Mais plus encore, en sourdine, un deuil qui les a affectés l'un et l'autre dans l'enfance. Freud admirait en Romain Rolland l'intellectuel engagé qui défendait les valeurs de la civilisation en dénonçant l'absurdité de la guerre de 1914-1918 et en s'opposant à Hitler. Mais il était plus lucide sur les illusions idéologiques de son ami qui, dans sa période de soutien à l'URSS, oubliera sa dénonciation du totalitarisme stalinien et s'éloignera momentanément de Freud, confirmant ainsi les ambivalences et les impasses de ce passionnant dialogue qui éclaire l'oeuvre entière.
Penseur engagé dans la vie politique américaine depuis le combat pour les droits civiques, Michael Walzer est une figure marquante de la gauche intellectuelle aux États-Unis. Convaincu que le débat philosophique n'est utile que s'il est adossé aux pratiques concrètes et à la moralité des sociétés, il développe une critique sociale aux antipodes de la philosophie désincarnée, qui ne répond ni aux préoccupations quotidiennes des gens ordinaires ni au sentiment d'injustice des perdants de la globalisation. Il est inutile, selon lui, de vouloir écrire une théorie de la justice : c'est à « penser la justice » en fonction du contexte donné (politique, économique, religieux, etc.) qu'il faut s'employer.
Grâce à la science d'Astrid von Busekist, nous entrons dans une oeuvre édifiante qui défend une morale politique « commune », enracinée dans des traditions culturelles particulières, mais capable de dialoguer par-delà les frontières. Face à l'urgence de l'engagement et de l'extrême attention à porter aux inégalités et aux injustices, elle définit le rôle que peut - et que doit - jouer le critique social ou le philosophe dans la cité moderne.
Émile Brehier nous propose ici une présentation claire et précise de la philosophie au Moyen-Âge : à partir du sommeil de la philosophie au VIe-VIIIe siècle, il dresse une histoire chronologique qui aboutit à la fin de la scolastique au XVe siècle. Il fait une courte biographie et un résumé des idées de tous les philosophes importants de cette longue période. Ce livre montre que le Moyen-Âge, loin d'être la période d'obscurantisme que l'on a longtemps décrit, a été le cadre d'une activité intellectuelle très importante.
Les Grecs anciens sont toujours parmi nous. De même qu'ils ont eu leurs dieux, leurs mythes et leurs héros, nous avons aussi les nôtres. En établissant des correspondances entre l'univers de l'Antiquité grecque et le monde contemporain, Bertrand Vergely nous ouvre à la sagesse éternellement moderne des Anciens. Dans ce véritable traité de philosophie active, l'auteur de Retour à l'émerveillement nous invite à renouveler notre vision du passé et du présent et à devenir qui nous sommes vraiment. Comme les philosophes grecs, il préconise de mener une vie « juste et belle » et de nous référer à la fameuse phrase de Socrate : « Donne-moi la beauté intérieure et que l'extérieur soit toujours en accord avec l'intérieur. »
Quel travail mérite salaire ? Un gouvernement devrait-il être moralement neutre ? Qu'est-ce que la liberté ? Sommes-nous propriétaires de nous-mêmes ? Le patriotisme est-il une vertu ?... Michael J. Sandel excelle dans l'art d'aborder, sous un angle éthique, les questions politiques les plus complexes en les ramenant à des enjeux dont chacun peut aisément se saisir.
Michael J. Sandel est professeur de philosophie politique à l'Université de Harvard. Il compte parmi les personnalités américaines les plus influentes et les plus populaires.
« Une légende des salles de conférences, le maître des grandes questions. » The Guardian
« Brillante, accessible et profondément humaine, une lecture dont on sort transformé. »Publishers Weekly
Notre société moderne ne perçoit plus ce qu'est la maladie : il est même fréquent que le patient refuse d'admettre qu'il est malade. Il a compris ce qui lui arrive, il discute les traitements, mais planifie des vacances à l'étranger le lendemain d'une intervention chirurgicale, organise des réunions de travail juste après une chimiothérapie et trouve anormales les réserves que sa compagnie d'assurance émet à couvrir l'emprunt d'un achat immobilier !La maladie semble nous avoir quittés, le médecin sait pourtant qu'elle demeure violente, irrationnelle, parfois impitoyable. Pour la société des bien-portants, la solidarité paraît s'imposer. En pratique, elle relève de tout sauf de l'évidence.
L'ambition de ce livre ? Répondre aux questions essentielles que nous nous posons tous un jour ou l'autre : qui est malade ? Pourquoi ? Il s'agit d'observer la maladie, depuis l'annonce de la pathologie jusqu'à l'expérience de la solitude, du courage et de la douleur. En chemin, on croisera les médecines dites naturelles et aussi, bien qu'on les évoque rarement, les bénéfices secondaires de la condition de malade. Cet essai transgressif aborde de façon originale, et en les renouvelant, les domaines les plus variés - vaccins, médicaments, médecine naturelle...-, mais aussi leurs évolutions à travers le temps, et in fine le progrès médical.